Commentaire Karl MARX, Capital Livre I
Publié le 17/05/2020
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Commentaire Karl MARX, Capital Livre I
Marx est connu pour sa critique des conditions de travail des ouvriers de son temps.
Il l'est moins pour son analyse philosophique de l'acte même du travail.Dans le texte qui nous occupe, extrait du livre I de Le Capital, l'auteur délaissant le point de vue étroitement sociologique et historique se livre à desconsidérations d'ordre général sur la nature du travail, considéré en lui-même.Dans ce passage Marx aborde le thème du travail, il s'agit pour Marx de montrer en quoi le travail est spécifiquement humain, c'est-à-dire propre à l'homme.
Laquestion traitée par Marx est de savoir ce qu'est le travail par nature, et il le présente comme étant une activité spécifiquement humaine.D'abord, Marx donne une définition générale du travail, qui s'étend sur les trois premières phrases, il caractérise le travail comme une action sur la nature dontl'homme est acteur et la nature objet, l'homme tout comme l'animal exerce une force physique sur la nature afin de lui donner une forme utile.
Cependant, rienne distingue, à travers cette définition générale, le travail de l'homme de celui des animaux.
En second lieu, il distingue les aspects caractéristiques du travail, ledonnant à penser comme étant une activité tant physique - c'est là son aspect "naturel", qu'une activité psychique - en quoi il est proprement humain.
Enfin,dans une dernière partie on remarque la résolution du problème posé, il existe une forme de travail qui appartient exclusivement à l'homme, dépouillé de sonmode purement instinctif.
Marx affirme le caractère proprement humain du travail : le travail y est défini comme étant une réalisation, certes matérielle, maispensée et voulue.
Dans un premier temps s'offre à nous la définition générique du travail : « Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature » écritMarx.
On remarque que le texte est introduit par le mot « travail », de ce fait on peut tout de suite identifier le thème du texte, le but pour l'auteur sera donc dedonner ses idées à propos du travail.
De plus le terme « de prime abord » marque la volonté de l'auteur dans le but de donner, avant tout approfondissementde cette notion de travail, une définition générale, globale.
Grâce à cette première phrase il introduit le thème du travail en donnant une définition générale etsans détails.
En effet, on peut dire que le travail est un acte qui se passe entre l'homme et la nature où l'homme est acteur et la nature objet, il se trouve icidéfini comme étant une modalité du rapport de l'homme au monde.
On y voit aussi la domination de l'homme sur la nature.
Ensuite, dans la deuxième phrase,Marx écrit après avoir donné sa définition du travail : « L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle de puissance naturelle ».
En effet, qui ditpuissance naturelle dit force physique qui implique l'utilisation de celles-ci sur la nature.
On peut aussi dire que l'utilisation de cette force sur la nature est« naturelle », normale, défini elle-même par la nature puisqu'il écrit « puissance naturelle », en ce sens le travail est défini comme un acte naturel, pour lesanimaux comme pour l'homme.
Notons de plus le terme « rôle » qui entend que l'homme a ainsi pour rôle dans son existence d'exercer ses capacités physiquessur la nature.
La suite du texte nous éclaire sur ce que Marx entend par « puissance naturelle » donc l'utilisation de forces physiques, on lit, en effet dans latroisième phrase : « Les forces dont…mouvement ».
Le travail est donc une activité physique, déploiement des forces corporelles de l'organisme humain.
Marxdéfinit ici les modalités physiques, d'éxecution du travail.
Le mot « force » vient ainsi compléter le terme de « puissance » utilisé dans la phrase précédente.Mais cependant l'auteur ne se contente pas d'une telle définition du travail basée sur ces modalités d'éxécution, il en précise la finalité spécifique, en effet ilécrit : « Les forces…utile à sa vie ».
On peut dire ici que le travail est une activité transformatrice de la nature, dans laquelle la nature joue le rôle de matière etoù l'homme impose la forme que celle-ci prendra sous l'effet de son action grâce à l'utilisation de ses « forces » conformément à son rôle de « puissancenaturelle ».
L'utilisation de l'adverbe « afin » marque ici que l'auteur va définir le but de cette utilisation des forces de l'homme sur la nature, c'est-à-dire dutravail.
Encore, cette transformation n'est pas quelconque : elle est productrice d'objets est ceux-ci étant « utiles à la vie ».
Mais surtout, tirons notre attentionsur cet extrait : « s'assimiler des matières ».
Il en convient de prendre le verbe « assimiler » à la fois dans son sens étymologique et dans son sensphysiologique: assimiler la nature, c'est se l'adapter à soi-même, la rendre en quelque façon "semblable".
C'est dire que la nature travaillée renvoie à l'hommesa propre image, porte son empreinte.
Assimiler la nature, c'est aussi s'en faire le consommateur.
Par le travail, l'homme s'approprie la nature, il la met à sonservice, s'en rend "comme maître et possesseur", selon l'expression cartésienne.
En un mot il la domestique, avec tous les dangers qu'une telle pratiquecomporte, et que les mouvements écologistes dénoncent aujourd'hui mais que Marx ignore, ne retenant de la relation qu'instaure le travail à la nature que leseffets de celui-ci sur l'homme.
Ensuite, Marx écrit : « en leur donnant une forme utile à sa vie », de ce fait on n'appellera pas « travail » un effort inutile.Modifiant la nature par son travail, l'homme façonne une nouvelle nature, lui donne une forme nécessaire, sinon indispensable à sa vie.
En ce sens, le travail estla transformation de la nature selon les besoins vitaux de l'homme, il lui donne une nouvelle forme de sorte que celle-ci soit utile à l'homme .
Cette action étantentendue par l'auteur comme indispensable car « utile à la vie », on peut ainsi donner plus de signification au terme « utile », cela peut donc donner le travailcomme une action indispensable.
De plus dans la troisième phrase, Marx écrit : « En même temps…modifie » Modifiant la nature par son travail, l'hommefaçonne ainsi une nouvelle nature.
Cette nouvelle nature, nous dit Marx, c'est la nature « assimilée » par l'homme.
Ce que l'auteur veut montrer ici, c'est que letravail a pour vocation de développer en l'homme ce qui fait de lui un homme, on peut même penser que sa perspective soit nettement anthropologique.Ensuite, toujours dans la troisième phrase mais séparé de ce qui précède par une virgule, on lit : « il modifie..
.
sommeillent ».
On peut dire que Marx pense quela transformation opérée par le travail n'est pas en sens unique, mais à double sens, dialectique en quelque sorte : tandis qu'il s'assimile la nature, l'hommedéveloppe ses potentialités, ses « facultés ».
On peut donc ici aussi penser que pour Marx le travail est indispensable dans le sens où il est pour l'homme uneaction qui développe ses potentiels et sans quoi ceux-ci sommeilleraient en lui.
De même, on peut croire que ces « facultés qui y sommeillent » existent dans lebut de la réalisation du travail, elle sont donc là pour être développées grâce au travail.
Après avoir suggéré l'impact du travail sur l'humanité de l'homme, Marx passe, au moyen d'une transition, dans son exposé sur ce que l'on pourrait appeler la« physique du travail » (conçue comme une force mécanique ) à un exposé sur ce que, symétriquement, on pourrait appeler la « psychologie du travail ».
Onrelève cette citation qui marque avec force la transition entre une première partie et une seconde partie, Marx écrit : « Ne nous arrêtons pas à cet étatprimordial » puis dans la phrase suivante, il introduit ce qu'il va développer dans sa deuxième partie, il écrit : « notre point de départ ..
.
L'homme ».
Ces deuxphrases jouent donc le rôle de transition entre la première et seconde partie des son exposé.
Analysons maintenant ce qu'il veut faire entendre dans cetteseconde partie.
Si on reprend ces deux phrases de transition, on peut dire que l'auteur après avoir caractérisé le travail en tant que processus naturel, le définitdans ce qui fait sa dimension proprement humaine, en tant que processus, ou mieux dit, « acte », conscient.
Que veut dire Marx lorsqu'il écrit que le travail telqu'il vient d'être caractérisé « n'a pas encore dépouillé son mode instinctif » ? On peut penser qu'il veut dire par là, qu'en temps qu'activité pure et simple detransformation de la nature, le travail reste proche de l'activité de l'animal, dirigée par son savoir faire instinctif.
De plus on pourrait penser que le travail estpour Marx un acte avant tout instinctif, donc essentiel à la vie de toute espèce et en particulier de l'homme.
Dans la phrase suivante, il écrit « notre point dedépart… à l'homme », dans cette citation il annonce qu'il va éclaircir le fait qu'il existe une forme de travail propre à l'homme « qui appartient exclusivement àl'homme ».
Il montre ici sa volonté de distinguer le travail de l'animal de celui de l'homme.
Dans la suite de son exposé, Marx va développer deux exemples, encomparant le travail des animaux à celui de l'homme, en effet il écrit : « Une araignée fait des opérations…architecte ».
En effet dans cette phrase Marx faitallusion au travail mais d'un point de vue strictement physique, le terme « habilité » renforce cette idée de travail physique.
Ce qui signifie ici que le travail entemps qu'activité transformatrice de la nature n'a rien d'exclusif à l'homme puisque l' action de l'homme sur la nature, n' a pas de différence essentielle entrecelle du castor qui construit un barrage et celle d'un ouvrier qui endigue un fleuve, ou, pour reprendre les exemples mêmes de Marx, entre une abeille et unarchitecte ou encore une araignée ou un tisserand.
A qui entend réfléchir sur le travail humain, s'impose comme essentielle la détermination de celui-ci dans sonaspect proprement humain.
Somme toute, en tant qu'activité transformatrice, de la nature, le travail humain n'a rien d'inédit.
Sa spécificité lui vient d'ailleurs.D'où l'apparition du problème de l'exposé : la specificité humaine du travail.
Aussi Marx écrit-il: "Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte del'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.
C'est dire que le travail humain est autant, sinon plus,une activité intellectuelle, de l'esprit, qu'une activité physique, du corps.
La main de l'homme exécute ce que sa tête a d'abord conçu.
Son activité n'est pas unpur fonctionnement instinctif, automatique, aveugle,
prédéterminé.
On peut dire qu'elle est intelligente.
L'utilisation du terme « distingue » met bien en évidence, cette distinction entre le travail animal et le travailhumain.
Notons de plus le terme « mais » qui marque la concession avec ce qui a été dit précedemment sans le remettre en doute, certes le travail est un actephysique mais pour l'homme et non pour l'animal celui-ci est acte non seulement physique mais aussi intellectuel.
De même la symétrie entre « construit lacellule ds sa tête » et « construire dans la ruche » montre encore le travail comme un acte déjà intellectuel puis physique.On peut de plus considérer cette phrase comme une phrase de transition qui ammène le problème, Marx veut montrer en quoi le travail est une activitéspécifiquement humaine dans la mesure où c'est un acte voulu, pensé et dont l'aboutissement n'est pas dirigé par l'instinct.
Enfin, Marx va défendre sa thèse concernant la forme proprement humaine du travail, il veut montrer en quoi le travail est spécifiquement humain, c'est-à-direpropre à l'homme.
Il écrit que « Le résultat… travailleur ».
Ici le travail est toujours la transformation de la nature, c'est l'aboutissement d'un acte, « le résultatauquel le travail aboutit ».
Cependant c'est dans la deuxième partie de la phrase que Marx affirme la spécificité humaine, c'est-à-dire que le travail estl'aboutissement d'un acte physique mais aussi d'un acte intellectuel car l'homme imagine, planifie, réflechi à ses actes dans le but d'une réalisation concrète.
Letravail est acte conscient car « l'imagination » est un caractère exclusif à l'homme.
Marx nous donne donc une définition proprement humaine du travail.
Il parleainsi non plus de l'homme mais de « travailleur », celui qui pense et agit.
L'auteur veut donc nous montrer que le travail est chez l'homme non pas un acteinstinctif mais bien un acte conscient.
L'activité de l'homme est surtout cérébrale avant d'être manuelle et qui sans cette activité de réflexion, d'imagination letravail ne serait pas un acte conscient et prévu.
Lorsque l'homme ou « le travailleur » travaille il utilise non seulement ses capacités physiques mais aussiintellectuelles, le travail n'est pas seulement la réponse à un instinct mais l'aboutissement d'un travail de réflexion, et celui-ci étant propre à l'homme.
Lorsqu'iltravail, l'homme n'est donc plus simplement un homme il devient « travailleur ».
Dans la phrase suivante, Marx noue les deux aspects du travail qu'il vient dedistinguer afin de mieux les analyser tour à tour: "Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles; il y réalise dumême coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté." Travailler, ce n'est pas.
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