Commentaire d'un extrait d'Un coeur simple de Flaubert : l'attaque du taureau

« Demande d'échange de corrigé de Obligis Florian ( [email protected] ). Sujet déposé : Commentaire d'un extrait d'Un coeur simple de Flaubert : l'attaque du taureau Flaubert a écrit « Un coeur simple » en s'isolant à Concarneau.

Cette nouvelle est accompagnée de deux autres dans lerecueil Trois Contes : « La Légende de saint Julien l'Hospitalier » et « Hérodias », dont le thème est tout autre.

Dans « Uncoeur simple », cet auteur réaliste nous raconte l'histoire de Félicité, une pauvre servante entièrement vouée aux autres.Dans le passage qui nous intéresse, comment l'auteur arrive-t-il à glorifier le personnage de Félicité? Nous verrons dansun premier temps le formidable contraste qui oppose la sortie familiale et l'attaque du taureau, puis nous étudierons lescaractères totalement opposés de Félicité et sa maitresse. La monotonie et la répétition de la scène d'ouverture est traduite par de multiples façons.

Tout d'abord, l'imparfait nousindique dès les premières lignes que cette habitude est extrêmement fréquente, car dès que « le temps était clair », lafamille Aubain et Félicité se rendent à la « ferme de Gefosses ».

Dans le deuxième paragraphe, le présent donne unedimension intemporelle au paysage et la comparaison peu valorisante qui effectue un rapport d'analogie entre la mer et «une tâche grise » nous montre la lassitude des personnages face à ce paysage qui ne change jamais.

Des sortiessemblent être un bonheur pour les enfants de Madame Aubain, mais pour cette dernière, ce sont de vraies épreuvesempruntes de nostalgie, car elle est à chaque fois « accablée de souvenirs » devant l'ancienne « habitation de plaisance »,synonyme de sa richesse perdue et par extension de son mari décédé.

Même les enfants respectent cette sorte derecueillement, attendant la permission de leur mère pour aller jouer.La violence de la scène de l'attaque est encore plus présente car elle rompt la paix et la tranquillité d'une sortie familiale.Elle est introduite par une phrase formant un paragraphe à part entière et pouvant être considéré comme un véritableélément perturbateur : en effet, passer « par les herbages » est tout à fait exceptionnel et rompt pour ainsi dire larépétition de ces sorties.

Le passé simple et le discours au style direct donnent plus d'action à la scène.

La « pâture » estrendue énigmatique et mystérieuses par la présence de la lune et la comparaison de la brume qui flotte « comme uneécharpe ».

Le taureau, caché en partie par la brume, plane comme une menace : les personnages ne le voient presquepas, mais leur sens de l'ouïe est extrêmement sollicité.

Ils entendent « le beuglement formidable », puis « un soufflesonore qui se rapprochait », une métonymie soulignant encore une fois que le taureau n'a pas de représentation concrète.Enfin, le bruit des sabots est mis en valeur par la comparaison « comme des marteaux.

» Pendant l'attaque, le comportement de Madame Aubain et de Félicité sont très différents. Félicité affiche un caractère rustre.

En effet, dans les trois passages où elle parle au style direct, ses phrases sont courtes,exclamatives et soit à l'impératif soit constituées de phrases nominales.

Le narrateur, ici externe, utilise la métaphore de la« complainte » pour désigner les cris et les interjections de Félicité biens connus des paysans de l'époque pour faire obéirles animaux.

On voit par là que la servante est très proche des animaux et sait se comporter avec eux pour ne pas lesénerver.

Cependant, lors de l'attaque du taureau, elle affiche un caractère intrépide et téméraire.

Elle risque en effet savie pour sauver celle de sa maitresse en détournant l'attention du taureau.

L'imparfait d'imminence contrariée « uneseconde de plus il l'éventrait » montre la folie de l'acte de Félicité.

Bien que cet acte de bravoure et de dévouement soit «un sujet de conversation à Pont-l'Évèque », la servante fait preuve d'une grande humilité, « ne se doutant même pasqu'elle eût fait rien fait d'héroïque.

»Madame Aubain paraît être l'exact contraire de sa servante.

Elle prend immédiatement peur face au taureau et sansl'intervention de Félicité « Non! Non! Moins vite! », elle aurait encore plus énervé l'animal.

Madame Aubain est d'ailleurstournée en dérision dans ce passage : pendant que Félicité risque sa vie, elle est « éperdue » car elle cherchedésespérément le moyen de franchir « le haut bord ».

On peut déceler là une pointe d'ironie dans l'intervention dunarrateur : « à force de courage y parvint ».

En effet, face à la performance de Félicité, Madame Aubain ne fait aucunementpreuve de courage.

Cette antiphrase est pleine de reproche, vis à vis de cette couardise évidente.

Mais bien que lâche,Madame Aubain est avant tout une mère et n'oublie pas « ses petits » face au danger et descend avant eux dans « lefossé », afin de leur éviter tout danger. Pendant cette attaque aussi soudaine qu'inattendue, Félicité est glorifiée, faisant preuve de courage et d'humilité, ce quin'est pas le cas de sa maîtresse, un contraste que l'on peut voir tout au long de la nouvelle.

« Un coeur simple » est unenouvelle que Flaubert prit énormément de plaisir à écrire : malgré une écriture éreintante et parfois décourageante, il s'esténormément attaché au personnage principal, allant même jusqu'à l'appeler « ma Félicité » dans certaines de sescorrespondances.

Ce personnage est d'ailleurs un hommage à sa servante Julie, qui servit la famille Flaubert pendant plusde cinquante ans. Sujet désiré en échange : Hugo, Hernani, acte V, scène 6.. »