Commentaire de texte « Nuit rhénane », Alcools Apollinaire
Publié le 02/12/2021
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I. Recherche lexicologique
Batelier (v.3) : conducteur de bateau, marinier
Se mirer (v.9) : se refléter
Incanter (v.12) : jeter un sort
II. Commentaire de texte
Guillaume Apollinaire est un écrivain français d’origine polonaise du début XX. Auteur de nouvelles et de romans, il est aussi particulièrement reconnu pour avoir écrit de nombreux poèmes encore cités comme références de nos jours. Ce poète, porte parole de la modernité, est aussi le précurseur du surréalisme et du cubisme en poésie. Il écrivit de très grandes œuvres telles que « Les mémoires d’un jeune Don Juan « en 1905, « Alcools « en 1916, ou encore « L’anti-tradition futuriste « en 1913.
Le texte que nous étudierons est un poème du recueil Alcools appartenant au cycle des Rhénanes. Le poète enivré par le vin, voyage sur le Rhin. Son périple est accompagné par le chant d’un batelier qui évoque les créatures légendaires du fleuve. On retrouve dans cette œuvre des thèmes principaux souvent présents chez Apollinaire, l’alcool, la vie, la mort, le légendaire.
Nous étudierons tout d’abord la place des femmes dans ce poème. Puis nous analyserons l’ivresse ambiante et ses impacts. Enfin nous nous attacherons au cadre inquiétant et à la dimension légendaire de l’œuvre.
Apollinaire entretient une relation particulière avec les femmes. Malheureux en amour, il a du mal à les comprendre et pourtant elles hantent sa vie. Ainsi dans la plupart de ses poèmes notamment dans Nuit rhénanes elles occupent une place prépondérante. Ici l’identité de la femme est double.
La présence féminine n’apparaît qu’au travers de la chanson du batelier. Cet élément traduisant un effet de distance permet de nous conforter dans l’idée de l’incompréhension du poète face à la gente féminine. Dans cette œuvre, nous remarquons tout d’abord l’apparition d’un premier type de femme, « sept femmes « (v.3). Elles nous apparaissent alors comme maléfiques. En effet, d’après le batelier qui nous livre un témoignage (« Qui raconte avoir vu « (v.3)), elles seraient sous la lune et au nombre de sept. Or la lune et le chiffre 7 ont des connotations magiques, légendaires. De plus, au vers suivant, elles nous sont décrits comme ayant des « cheveux verts « (v.4). L’image qui nous vient alors serait celle de sorcières, aux cheveux couleurs du lac, ou encore aux cheveux de serpents. Nous avons donc là une impression péjorative sur ces femmes. En outre, leurs chevelure descendrait « jusqu’à leur pieds «. Nous avons donc là une caractéristique supplémentaire qui s’ajoute à leur description, ces femmes sont des séductrices et donc par conséquent, elles peuvent être dangereuses. Cependant, leur aspect surnaturel et maléfique n’apparaît qu’un peu plus tard dans le poème. En effet, au vers 12 « Ces fées aux cheveux verts incantent l’été «. Le verbe incanter signifie « jeter un sort «, elles sont donc réellement redoutables. De plus, elles craignent l’été, or il s’agit d’une saison de joie, symbole de la vie. Ces êtres maléfiques représentent donc l’obscurité, la part d’ombre, la mort.
Nous pouvons cependant remarquer la présence d’un autre type de femme dans ce poème. En effet, au vers 7, le poète fait appel à « toutes les filles blondes « pour se protéger de ses créatures à l’aspect légendaire. Contrairement aux précédentes ces femmes sont beaucoup plus douce, sobre, classique même. Leur chevelure couleur or et leur appellation « fille « nous montre bien qu’elles ne sont pas dangereuses. Elles sont pures. De plus leur « regard immobile « nous témoigne de la stabilité de ces êtres, de leur fidélité. En outre, elles ont des « nattes repliées «, elles ne jouent au jeu de la tentation, de la séduction, elles sont une marque de sagesse. Le poètes les appelle au secours, elles sont donc des protectrices.
Les deux catégories féminines sont donc aux antipodes. Nous avons dans un premier temps des femmes séductrices, mystérieuses, tentatrices et maléfiques et dans un second des filles, pures, sages, protectrices, angéliques. Cependant à la fin du poème, il nous semble que ce sont les « sept femmes « qui prennent le dessus. En effet, elles sont citées deux fois dans le poème, au début et à la fin ce qui montre bien qu’elles gardent le contrôle sur le poète. Les femmes qu’Apollinaire appelle au secours ne parviennent pas à les devancer. Leur véritable nature étant dévoilée dans la 3ème strophe, nous pouvons dire que leur puissance s’amplifie au fur et à mesure du temps. Nous pouvons voir au travers de cette domination, l’impuissance du poète face à une présence féminine. Apollinaire comprend que les femmes sont des êtres puissants et que la tentation et la séduction l’emporte sur la pureté et la sagesse.
Les femmes sont très présentes dans l’œuvre d’Apollinaire de même que dans sa vie. La femme possède deux facettes, une plus obscur que l’autre. Ici nous comprenons que c’est cette part d’ombre, où la tentation domine qui prend le dessus. Cependant nous pouvons nous demander si ces figures féminines sont réellement présente où si elles sont le fruit de l’imagination du poète dut à l’ivresse dans laquelle baigne le poème.
Comme nous l’annonce le titre du recueil « alcools «, Apollinaire accorde une attention toute particulière à l’ivresse. Dans « Nuit rhénanes «, cette eau-de-vie est un des thèmes principaux.
L’ivresse dans le poème nous est tout d’abord transmise par la structure cyclique que le poète lui donne. En effet, l’œuvre est constitué de trois quatrains d’alexandrins et d’un vers isolé. Nous avons donc une certaine répétition dans la composition. De plus, nous pouvons remarquer la répétition du terme « verre « (v.1-13) en début et en fin de poème. Il l’encadre donc. En outre nous identifions l’utilisation répétée d’une comparaison dans ces même vers. Par surcroît, l’accumulation de termes d’objets de forme ronde nous oriente dans cette même idée de cyclisme, « lune « (v.3), « une ronde « (v.5), « tordre « (v.4). De telle manière que lorsque que l’on tourne en rond et que l’on perd ses esprits, l’alcool nous fait perdre nos repères. Nous avons ici, un effet prolongé de l’alcool qui plonge les esprits dans un univers imaginaire.
L’ivresse à des impacts conséquents sur le poème. Elle déclenche des interrogations chez le lecteur. L’histoire racontée a peut-être été modifiée voire inventé sous l’effet de l’alcool. En effet, après consommation, l’imaginaire est accentué. Nous notons également une accélération au niveau du mouvement. Le rythme de la première strophe est plutôt lent mais il est relancé au début de la deuxième comme nous le témoigne l’utilisation de l’impératif et de plusieurs verbes de mouvement « chantez « (v.5), « mettez « (v.7). L’impact de l’alcool se retrouve également dans la notion de tremblement présent dans l’ensemble du poème, « trembleur « (v.1), « tremblant « (v.10). Le mouvement est donc instable est récurrent. En outre, l’ivresse se traduit également par un jeu avec les couleurs. En effet, nous remarquons une alternance des coloris chauds et froids, « flamme « (v.1), « verts « (v.4), « blondes « (v.7), « vignes « (v.9), « or « (v.10), et « verts « (v.12). Le poème est donc animé par une ivresse généralisée.
Le paysage est lui-même victime de cet enivrement. A la troisième strophe nous remarquons une amplification de la force de l’ivresse, elle gagne le paysage. En effet, au travers d’une personnification, le Rhin nous est qualifié d’ « ivre «. Nous notons tout de même que cette caractéristique apparaît quelque peu déroutante pour le poète car il effectue une répétition « Le Rhin le Rhin est ivre « (v.9). Nous identifions une deuxième personnification au même vers « les vignes se mirent «, or lorsqu’une image se reflète dans un liquide elle est floue. De même les vignes sont dans un état de confusion, d’ivresse. En outre, nous pouvons voir au travers du vers 10 et de la métaphore « l’or des nuits « que le regard provoque la chute, il est magique et dangereux d’où l’appel aux femmes dont le « regard « est « immobile «. Nous pouvons noter une confusion due à l’alcool, les repères sont bousculer, le haut et le bas se confondent.
L’ivresse du poème touche aussi bien les personnages que le paysage, et donne une certaine mobilité à l’œuvre. Mais elle entraîne aussi des interrogations face à la véracité du témoignage. Nous sommes alors plongés dans un cadre inquiétant et mystérieux.
Le poème d’Apollinaire est plongé dans une atmosphère particulière qui peut provoquer une certaine instabilité chez le lecteur. A cela s’ajoute une dimension légendaire qui ne fait qu’accroître l’angoisse ambiante.
Nous remarquons tout d’abord que le décor du poème participe pleinement à la conservation d’une atmosphère énigmatique. En effet, comme nous le témoigne le titre de l’œuvre, « Nuit rhénane «, l’histoire se déroule la nuit, dans l’obscurité. De plus, nous n’avons pas d’indices spatiaux autres que le Rhin. Nous sommes une fois de plus confronté à la notion d’imagination. Il est plus facile de laisser cours à son improvisation dans un lieu sombre. En outre, l’identité des personnages présents est préservée. Nous savons que le poète est présent mais qui sont ses compagnons, s’adresse-t-il à nous ou à eux ? Les filles qu’il appel au secours sont-elles réelles ou le simple fruit de son imaginaire ? Beaucoup de questions auxquelles les réponses sont confuses de par l’ivresse environnante.
Cependant un autre élément vient amplifier ce sentiment d’anxiété. En effet, nous pouvons relever dans ce poème de nombreuses connotations légendaires. Par exemple, nous avons une allusion à une sorte de sirènes aux longs « cheveux verts « qui vivent dans le lac. Elles nous apparaissent comme dangereuses de par leurs besoins de séduction. Leur aspect maléfique est notamment renforcée au vers 12 « qui incantent l’été «, ce sont des jeteuses de sorts, des « fées «. De plus nous pouvons remarquer qu’elles sont au nombre de sept, et elles nous sont présentées « sous la lune «. Or ce chiffre et cet astre ont de nombreuses connotations symboliques. Nous remarquons également que le poème comporte treize vers, or ce chiffre est souvent rattaché soit au malheur soit au bonheur. La présence de ce dernière vers à la fin du poème nous montre bien que le cycle n’est pas achevé, il recommence, ainsi le verre se brise pour mettre fin à toute tension. Nous pouvons également noter que le Rhin et un fleuve particulièrement connu pour les nombreuses légendes qu’il abrite, comme la Lorelei.
Comme dans d’autres poèmes d’Apollinaire la dimension légendaire est un des thèmes principaux. Ici, on peut deviner de nombreux éléments de cet ordre qui rend l’œuvre d’autant plus inquiétante qu’elle ne l’était sans.
« Nuit Rhénane « est un poème dans lequel nous pouvons retrouver les thèmes principaux qui sont chers à Apollinaire. Ainsi nous retrouvons ici, les femmes mais aussi l’alcool, le Rhin ainsi que les légendes. Au travers de ce poème le poète essaye de nous faire partager sa déception face à un amour perdu, celui d’Annie Playden. Cette femme qui prend alors une allure démoniaque ne le libère qu’après un « éclat de rire «, qui signe l’arrêt de la relation.
Nous pourrions faire une approche à d’autres poèmes du recueil tels que « La Lorelei « pour l’aspect mythologique et légendaire du poème, mais aussi à « Mai « dans lequel le poète expose une nouvelle fois la double identité de la femme.
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