Commentaire de texte Merleau-Ponty: la pensée n'est rien d'intérieur
Publié le 01/06/2022
Extrait du document
«
On pense en général que le langage sert à communiquer, autrement dit à
transmettre à autrui ce qu’on pense.
Pour cela, il faut que le sujet s’exprime,
c’est-à-dire extériorise sa pensée.
On admet donc que la pensée est
indépendante de son expression et antérieure à elle.
Ainsi Descartes dans sa
fameuse Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 développe une
telle conception.
Cependant, cette pensée antérieure au langage n’est-elle pas un
mythe ? Sans mots, une pensée est-elle possible ? Merleau-Ponty pense que
non, qu’une pensée est inenvisageable avant l’expression, pour lui « La pensée
et l’expression se constituent simultanément ».
D’abord, ligne 5 à 12, MerleauPonty explique que la pensée n’est pas intérieure, puis il dit que les idées se
construisent à partir de mots mais il nuance ensuite et dit que la pensée et
l’expression sont simultanée, de là il explique comment fonctionne la
communication.
Ce texte débute par une affirmation, Merleau-Ponty dit que « la pensée
n’est rien d’intérieur », l’auteur utilise une négation partielle pour insister, ainsi
selon lui la pensée ne peut en aucun cas se constituer par une réflexion
intérieure.
Il justifie ensuite en ajoutant « elle n’existe ni hors du monde ni hors
des mots », par ces mots Merleau-Ponty affirme que les idées s’applique à notre
monde et que par conséquent elle n’existe pas sans lien ou association avec le
monde.
De plus, une idée a besoin de se construire autour de mots pour devenir
une idée concrète, dès lors la pensée n’existe pas hors des mots.
À la suite de
cela, Merleau-Ponty évoque l’opinion publique, la doxa, en effet l’opinion
répandue est de croire qu’ « une pensée existerait pour soit avant l’expression »
mais ce qui nous fait croire en cela « sont les pensées déjà constituées et déjà
exprimées que nous pouvons rappeler à nous silencieusement », par cela, le
philosophe entend que il existe des pensées que nous avons déjà formulé et des
pensées que l’on a lues ou entendues déjà exprimées donc des pensées que nous
pouvons rappeler à tout instant sans avoir besoin de mettre des mots puisque
c’est chose déjà faite.
Ces pensées nous font croire qu’une pensée peut exister
sans être exprimée or, Merleau-Ponty vient de l’infirmer, cela est impossible, il
qualifie donc ceci d’une illusion.
Reste que c’est silencieusement, et donc en apparence sans mots que
nous pensons.
Dès lors, n’est-ce pas qu’il y a là une pensée intérieure qui
s’exprimerait elle-même intérieurement et qu’il faudrait distinguer de
l’expression extérieure à autrui ? Dans un second temps, Merleau-Ponty oppose à
l’idée d’une pensée silencieuse l’idée que la pensée prétendument intérieure est
constituée de paroles qui sont certes à peine audibles comme le signifie le terme
« bruissant ».
Cette opposition renforce donc la thèse de l’auteur en enlevant
l’idée d’une pensée qui serait purement intérieure.
Il dit ensuite que la seule
pensée pure qui puisse exister est celle d’un « vœu instantané », en effet, n’y at-il pas de pensée plus vive et plus instinctive que celle d’un besoin.
Par exemple
lorsque l’on se blesse, notre corps envoie quasi-immédiatement un message
nerveux à notre esprit pour qu’il comprenne qu’il y a un problème, il faut donc
que cette pensée soit la plus rapide et la plus instinctive possible pour laisser à
notre corps la possibilité de s’extirper de la cause de la douleur.
Les seules
« pensée pures » qu’on puisse sont donc celles qui réfèrent à une volonté
instantanée, à un instinct.
Merleau-Ponty introduit une nouvelle notion :
« l’intention significative nouvelle » qui signifie la constitution d’une nouvelle
pensée qui ne serait pas dans notre bagage de « pensées déjà exprimées ».
Le
philosophe affirme ainsi que chaque intention significative nouvelle résulte
« d’actes d’expression antérieurs », on aurait besoin de « significations déjà.
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