Commentaire de texte: «La chanson du mal aimé», Guillaume Appolinaire.
Publié le 18/12/2024
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Commentaire de texte: «La chanson du mal aimé», Guillaume Appolinaire.
Poète de la fin du XIXe siècle et créateur du surréalisme dont il a inventé le nom, Guillaume
Apollinaire est né en Italie.
Il voyage beaucoup avant de s’installer finalement à Monaco où il
suivra ses études avant d’aller à Nice.
Après s’être finalement installé à Paris, il devient employé de
banque.
C'est à cette période qu’il écrit ses premiers poèmes.
Il part ensuite en Allemagne où il
découvre les légendes et les les paysages rhénans qui l’inspireront, et connaît son premier et
malheureux amour, Annie Playden.
Revenu à Paris, il signe pour la première fois du nom Guillaume
Apollinaire en 1902 lorsqu'il publie L’Hérésiarque.
En Italie, il fréquente les milieux artistiques où
il rencontre notamment Pablo Picasso et Marie Laurencin avec laquelle il a une liaison amoureuse
jusqu'en 1912.
Guillaume Apollinaire exerce les activités de journaliste, poète, critique d'art et
conférencier.
Il obtient son premier succès en 1913 avec Alcools qui rassemble tous ses poèmes
depuis 1898.
Il défend la même année la peinture contemporaine en publiant "Peintres cubistes,
méditations esthétiques".
En 1914, il s'engage comme artilleur dans l'armée française.
Blessé à la
tête en 1916, il doit être trépané et suit une longue convalescence.
Guillaume Apollinaire meurt de
la grippe espagnole, deux jours avant l'Armistice, le 9 novembre 1918 après avoir publié cette
année-là Calligrammes, poèmes en forme de dessins et non soumis aux vers et aux rimes.
Il est
enterré au cimetière du Père Lachaise, à Paris.
Associé au cubisme et au surréalisme, Alcools est un
recueil de 50 poèmes écrits sur 15 ans allant de l’élégie aux vers libres.Il déploie une grande palette
de thèmes, en effet, certains poèmes sont narratifs tandis que d’autres sont presque hermétiques.
Il y
traite de divers sujets comme celui éponyme de l’alcool, mais aussi beaucoup de l’amour
malheureux, ainsi que de la beauté du monde moderne.
Le recueil est d’ailleurs totalement dénué de
toute ponctuation, le rythme du poème se suffisant à lui-même selon l’auteur
Le poème "La chanson du mal aimé" est le troisième de ce recueil.
Écrit en 1903 il a un
aspect autobiographique, car il s’inspire d’un chagrin d’amour du poète qui, tombé amoureux en
Allemagne de l’anglaise Annie Playen en 1902 ne réussit pas à la reconquérir à son retour.
Il est
composé de 59 quintiles et est divisé en plusieurs poèmes et n’a cessé d’être retouché entre 1903 et
1909.
Nous nous demanderons comment Apollinaire réussit-il à travers ce poème à renouveler la
poésie en mélangeant des éléments traditionnels et modernes pour exprimer sa souffrance.
Les cinq premières phrases sont une description de la souffrance physique qui accable le
poète délaissé par la femme aimée.
Cette expression est traditionnellement exprimée dans la poésie
romantique, puis nous verrons comment le poète se met progressivement à distance.
Enfin, nous
observerons que si le poète reprend le thème traditionnel de l’amour, c’est pour mieux le
moderniser et le renouveler
Dans les premiers quintiles, Apollinaire exprime sa souffrance à travers le chant lexical du
feu (brûle v.2, soleil v.1) afin de montrer à travers son vocabulaire sa souffrance physique, en
choisissant ce vocabulaire, l’auteur démontre la profonde douleur qu’il endure, causée par la
tristesse que lui procure cette rupture comme le démontre le chant lexical de la tristesse (triste v.3,
sanglotent v.8) associé à celui de la mort (mourir v.5).
Il va aussi l’associer à une profonde sensation
de vide et d’ennui ( dimanches s’éternisent v.6 , j'erre v.4)
Cette sensation de vide et d’ennui, peut sûrement provenir d’une douleur plus profonde,
celle d’une souffrance créatrice, en effet en s’associant à Orphée à travers l’usage de la lyre dans le
premier vers, il se dépeint lui aussi comme un personnage inconsolable qui lui aussi privé de l’être
aimé, va passer son temps à errer en n’arrivant plus à jouer de sa lyre qui ici symbolise la poésie
pour Apollinaire.
En effet, comme Du Bellay qui disait que « les muses de moi comme étranges
s’enfuient », Apollinaire n’arrive quant à lui plus à écrire à travers ses « doigts endoloris » (v.2).
Il a
l’impression de tomber dans un délire qui lui semble nocif.
Il a perdu l’inspiration.
En errant,
Apollinaire symbolise ici la quête d’identité à travers un chemin initiatique à travers Paris.
De plus
l’auteur va très étroitement lier la tristesse et la poésie notamment en utilisant une diérèse sur le mot
mélodieux placé juste devant « délire » afin de signifier que malgré tout de sa tristesse va naître une
fièvre créatrice que lui rejette pour l’instant en la qualifiant de délire (v.3), cela place le poème sous
le signe de l’élégie avec une hypallage « ardente lyre » vers 5 qui montre que la lyre et la douleur
sont liées.
Dès la 1ʳᵉ strophe apparaît le cadre spatio-temporel de cette errance parisienne au mois de
juin (v.1 , paris v.3) Afin de se défaire de sa peine, Apollinaire va commencer une mise à distance
d’elle vis-à-vis de lui.
En effet on peut constater que tout au cours du deuxième paragraphe le
champ sémantique de la souffrance va être associé aux décors, et cela, en utilisant souvent des
hyperboles et des personnalisations en faisant sangloter les orgues de barbaries ou pencher les fleurs....
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