Commentaire de texte extraits Lucrèce Borgia: Scènes 4 et 5
Publié le 20/04/2021
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COMMENTAIRE DE TEXTE LUCRECE BORGIA – Acte 1, Scènes 4 et 5
Les dramaturges romantiques apprécient les sujets historiques, notamment Hugo (1802-1885)
(Hernani et Ruy Blas se situent dans l’Espagne de la Renaissance et du XVIIe).
L’action de son drame
en prose Lucrèce Borgia se déroule à Venise, au XVe siècle.
Dans la scène 4 de l’acte I, le jeune soldat
Gennaro est seul face à Dona Lucretia, qui est face à lui à visage découvert, qu’il ne connaît pas, mais
qui est en fait sa mère ; celle-ci ne peut lui révéler son identité en raison de son passé criminel.
Gennaro lui parle avec émotion de sa mère.
Il lui confie l’amour qu’il porte à sa mère qu’il ne connaît
pas mais dont il reçoit des messages.
La pitié est particulièrement visible dans la scène 5 de l’acte I,
les amis de Gennaro reparaissent et, sans merci, infligent à Lucrèce Borgia, qui est masquée, « affront
sur affront » (c’est le titre donné par Hugo à cet acte), lui reprochant les crimes qu’elle a commis.
Puis
ils révèlent à Gennaro son nom.
Aussi repousse-t-il Lucrèce, alors que le spectateur a compris que le
sentiment qu’elle a pour lui est de tout autre nature.
Elle tombe évanouie à ses pieds.
Cette scène qui
devrait être épique ou du moins polémique puisqu'il s'agit d'un conflit entre de jeunes soldats et la
puissante fille des papes est au contraire pathétique, voire tragique.
Le dialogue très théâtralisé, caractéristique du drame romantique, dessine le portrait de deux
personnages à la fois proches et éloignés qui suscitent la pitié et semblent promis à une destinée
tragique : à travers ces deux scènes, Victor Hugo aborde la dualité de la destinée humaine.
Le drame romantique est caractérisé notamment par le contexte historique et conflictuel de la Venise
de la Renaissance aux temps troublés des Borgia.
La lettre y fait d’ailleurs allusion : « ils ont tué ton
père » ou encore lorsque Gennaro évoque le soldat qu’il est : « nous autres gens de guerre ».
Mais
également par la situation : ce lourd secret, cette identité double et cachée de Lucrèce (rappelée par
le masque dans les deux scènes) et la violence politique qui règne : « les périls qui t’environnent ».
La théâtralité des jeux de scènes a un fort pouvoir émotionnel sur le spectateur.
Les gestes et les
mouvements sont signalés par les didascalies : « Il tire de sa poitrine un papier qu’il baise », « il
reprend la lettre, la baise de nouveau, et la remet dans sa poitrine » ; « Elle s’interrompt pour dévorer
une larme », renforcées par des didascalies internes : « je les ai toutes là sur mon cœur », « Voici une
de ses lettres », « Vous pleurez »).
La « lettre » a une puissante efficacité dramatique : elle donne voix
à Lucrèce en tant que mère, alors même qu’elle n’est pas connue comme telle par son fils.
Lucrèce a
donc deux facettes d’une grande efficacité dramatique : celle de mère : « comme vous lisez cela
tendrement » avec un champ lexical de la maternité répétitif : « une mère », « fils, enfant, naissance
», des hyperboles : « tout ce que j’aime », et une autre facette de criminelle « Ayez pitié ! « Grâce !
grâce ! », « Gennaro ! ayez pitié des méchants ! ».
Les répétitions de « Madame » énumérant tous les
crimes commis dans les familles des amis de Gennaro qui ne sont pas sans rappeler le fameux
« J’accuse » d’Emile Zola.
Le champ lexical du crime est très présent : « étranglé », « poignarder »,
« assassiné », « empoisonné », « mis à mort », « tuer » renforce la cruauté de cette femme.
Le spectateur est privilégié puisque lui, sait, que Lucrèce est la mère de Gennaro.
Cette ironie
dramatique provoque une véritable tension intime, à la lecture de la lettre, Lucrèce « dévore une
larme », puis fait place à une tension dramatique lorsqu’elle est « démasquée » et traitée de
criminelle.
Ces deux personnages sont en contraste l’un avec l’autre.
Contraste dans le sexe et l’âge : un « (jeune)
homme » ignorant « les périls qui l’environnent », une femme d’âge mûr qui a de l’expérience : « je
1.
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