Commentaire de texte – extrait p. 83/84 Défense des Droits des Femmes, Mary Wollstonecraft
Publié le 19/03/2024
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Commentaire de texte – extrait p.
83/84
Défense des Droits des Femmes, Mary Wollstonecraft
En réaction contre le texte sur l’Education Nationale de Talleyrand Périgord, qui néglige
complètement le droit à une éducation pour les femmes, Mary Wollstonecraft écrit en 1792
le livre Défense des droits des femmes.
L’extrait que nous allons étudier provient du second
chapitre de notre édition Folio, intitulé « Observation sur l’état de dégradation auquel les
femmes sont réduites par différentes causes ».
Il se trouve vers le milieu du chapitre, et dans
cet extrait en effet, Mary Wollstonecraft aborde un nouvel élément de son argumentation, la
place des sens et des passions dans la soumission des femmes face aux hommes.
En effet
dans cet extrait, Mary Wollstonecraft pose la question des conséquences de privilégier
l’exaltation des sens et des passions au détriment de l’exercice de la raison.
Cet extrait nous
permet d’identifier trois conséquences distinctes qui formeront nos parties dans cette
analyse.
D’abord, la conservation des vices et la perte des vertus de la société que suppose la
favorisation des passions au dommage de la morale.
Puis le pouvoir qu’exercent ces passions
des sens sur les femmes.
Enfin, nous analyserons l’argumentation de Mary Wollstonecraft
autour de l’inflammation des sens, ici avec la signification de la violence des passions et de
l’éphémère.
Notre extrait commence par Mary Wollstonecraft qui affirme que « les femmes (…) ont
gagnés toutes les folies, tous les vices de la civilisation ».
Nous comprenons avec le contexte
du livre que Wollstonecraft appelle « vices » les attraits pour la séduction, pour les passions
éphémères.
La définition de l’Académie française de 1762, dernière édition avant la
publication du livre de Wollstonecraft, définit le vice ainsi : « Une habitude de l’âme qui
porte au mal », « il est opposé à la Vertu ».
Cette définition appuie le sens que lui donne
Wollstonecraft, à savoir l’exercice de tout se qui se rapporte au corps et non à l’âme, ou à
l’esprit, à l’élévation de la morale.
La définition du terme « folie » est intéressante aussi, dans
la même édition de 1762 : « Une passion excessive et déréglée pour quelque chose ».
Wollstonecraft dit donc ici que les femmes ne sont parvenues à conservées ce qu’elle
considère comme les aspects négatifs de la société/civilisation, et « ont perdu tous les
avantages qu’on pouvait en tirer ».
Entendons ici avantages au sens d’élévation de la morale
et de l’âme, la connaissance, tout ce qui porte sur l’esprit et non sur le corps et sa trivialité
telles que la séduction ou les passions sentimentales « excessives et déréglées ».
Cependant,
ces vices ne sont pas « gagnés » uniquement par les femmes mais aussi par « les riches des
deux sexes ».
Nous pouvons comprendre ici que Mary Wollstonecraft fait allusion aux
courtisans de la cour du Roi, eux-mêmes ayant la volonté de séduire le Roi, le flatter, se
montrer servile pour obtenir ses faveurs, Wollstonecraft avait déjà fait cette comparaison à
la fin du chapitre précédent.
Les « riches » pourraient également désigner les militaires dont
Wollstonecraft a également fait l’analogie avec les femmes précédemment, qui seraient selon
elle entrainé principalement à la séduction, la discussion, et à la courtoisie.
Mary
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FERRERI Julie LSH 1
Wollstonecraft poursuit en parlant des sens des femmes comme « enflammés », au
détriment de « leurs facultés morales négligées ».
Nous reviendrons sur les nuances du mot
« enflammés » ultérieurement.
Ici, Wollstonecraft insiste sur des « facultés morales
négligées », argumentation qui s’allie avec la phrase précédente, en effet, les femmes ne se
préoccupent que très peu de leur morale, semble t elle vouloir dire, au profit de leurs sens
« enflammés ».
Elles favorisent la séduction et l’élégance à la morale et la vertu, favorisent la
courtoisie et la conversation à la connaissance et l’élévation de l’âme.
Mary Wollstonecraft
ajoutera par la suite qu’au lieu de « raisonner », faire usage de la raison, les idées des
femmes « flottent au hasard » car, comme tout être humain doté de la raison elles sont en
capacité de raisonner, mais la société leur fait privilégier le vice de la séduction, et donc ces
idées ne peuvent aboutir, ainsi elles « flottent au hasard ».
Wollstonecraft dit que les femmes
« sentent au lieu de raisonner », ce qui résume bien cet argument : les femmes ne cherchent
pas à faire preuve de raison mais se reposent uniquement sur leurs sens, leurs sensations,
leur sensibilité et leurs passions.
Plus que cela, il semblerait pour Wollstonecraft que les
femmes soient imposées à ce mode de vie qui privilégie les sens lorsqu’elle dit « Il est bien
malheureux (…) cet être dont la culture des facultés morales n’a tendu qu’à enflammer ces
passions ».
Wollstonecraft exprime dans cette phrase le fait que les idées, ou la raison des
femmes ne soit vu et ne serve que d’outil pour les tirées vers le même vice : les passions et la
sensibilité.
Wollstonecraft dénonce le fait que la société ne considère la moralité des femmes
que comme un nouveau moyen pour elles de tendre vers les passions du cœur plutôt que
vers la connaissance et la raison.
L’exaltation des sens a donc des conséquences directes sur
la Vertu, la morale et les connaissances des femmes.
Wollstonecraft parle de ces idées comme
de « mouvements qui s’entrechoquent » et bien que nous verrons après que cette mobilité
des idées provient bien de l’excessivité de leurs passions, nous pouvons déjà dire que ces
idées que les femmes ont ne peuvent se développer car elles ne peuvent acquérir la
connaissance nécessaire pour les développer, car leurs passions prennent l’ascendant sur
elles, dans un rapport de domination/soumission.
Soumises aux hommes, Mary Wollstonecraft affirme que les femmes sont également
soumises à leurs sens lorsqu’elles laissent ces derniers « s’enflammer » ou « s’exalter ».
En
effet, si elles ne concentrent leur attention que sur ces folies et ces vices, et ne laissent
aucune place à la morale dans leurs agissements, elles ne peuvent s’élever au dessus de ces
passions « excessives et déréglées », et en deviennent donc « les proies ».
Leurs sens
prennent un pouvoir que Wollstonecraft appelle « sensibilité.
En 1762, le dictionnaire de
l’Académie française définissait ainsi la sensibilité : « qualité par laquelle un sujet se dit
sensible aux impressions des objets ».
Nous pouvons imaginer que dans le cas présent, les
objets sont synonymes des parures et des vêtements ou du maquillage que les femmes
privilégient à la Vertu dans leur quête de séduction.
Cette définition semble vouloir insister
sur notre idée que les femmes sont victimes de cette sensibilité qui les rend soumises à leur
désir de séduire, à l’importance qu’elles accordent à leur apparence, à leur volonté de plaire
temps qu’elles le peuvent encore.
Pour insister sur l’aspect dominant qu’exercent les sens sur
les femmes, Wollstonecraft dit « (les femmes) sont toujours tirées de leur assiette ».
Selon la
définition de 1762, assiette signifie « Manière d’être assis, couché », ainsi être « tiré de leur
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FERRERI Julie LSH 1
assiette » signifierait que les femmes ne savent plus se tenir convenablement car, soumises à
leurs passions, elles sont dans une forme de perpétuel mouvement, de recherche de la
séduction permanente.
Le verbe « tirer » utiliser ici nous fait entendre ici que c’est bien
contre leur gré que les femmes sont dans cette recherche de séduction, que c’est leurs sens
exaltés, leur « sensibilité » qui les pousse à agir ainsi, les tirent et attirent vers le vice et les
folies.
Mary Wollstonecraft parle de « machines frêles et mobiles » tirées de leur assiette,
nous comprenons ici qu’elle parle des femmes.
En effet, soumises à leurs passions, elles
deviennent des « machines » à la recherche de la séduction et des passions qui ont
l’ascendant sur elles.
La définition de « machine » de 1762 semble appuyer cette idée :
« instrument propre à (…) tirer (…) quelque....
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