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Commentaire Composé Sur « A Une Passante » De Charles Baudelaire

Publié le 15/05/2020

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« Le poème « A une passante » écrit par Baudelaire appartient à la section « Tableaux Parisiens » de l’œuvre majeure Les Fleurs du Mal du poète.

C e sonnetrédigé en alexandrins n’a pas fait parti de la première édition des Les Fleurs du Mal paru le 25 Juin 1857 mais de la réédition de 1861.

Comment Baudelairetransforme une rencontre éphémère en amour virtuel ? Nous tâcherons de répondre à cette question dans un premier temps en étudiant la rencontre elle-même puis nous verrons dans un second temps l’analyse des attitudes et des réactions chez les deux personnages. Ce poème fait de rimes embrassées jusqu’au vers 8 et de rimes entrelacées du vers 9 à 12 est structuré en deux grandes parties.

On remarque unepremière partie composée de deux quatrains qui ont pour sujet l’apparition de la passante « Une femme passa » (v.

2 à 5) et la réaction immédiate dunarrateur qui est transi, incapable de bouger : « Moi, je buvais, crispé comme un extravagant » (v.6) Le narrateur est directement fasciné jusqu’àl’illumination exprimée par « Un éclair » (v.9) aussi lumineux que bref.

P uis le poème passe à une seconde partie délimitée clairement par le changement deforme.

Effectivement, la deuxième partie est composée de deux tercets ce qui produit un effet de contraste.

Cette seconde partie exprime la désolation, lamélancolie qui s’empare du narrateur après le passage éphémère de la passante.

« Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? » Ces deux parties sontséparées par un tiret (v.9) précédé d’une ellipse qui naît de l’emploi des points de suspension (v.9).

Cette coupure révèle un renversement de l’apparition dela femme aux divagations du narrateur.

L’ellipse représente le désir du narrateur de vouloir omettre un passage de l’histoire ce qui laisse le temps au lecteurd’imaginer ce qui n’a pas été formulé explicitement de différentes façons.

Ce peut être une manière de faire durer le moment le plus longtemps possiblepuisque cette ellipse est suivit de « puis la nuit ! » (v.9) le narrateur ne voit plus la passante et le vit comme une tragédie traduite par un pointd’exclamation et un élément sombre « la nuit » ce qui provoque une impression de vide, un sentiment d’abandon.Cette rencontre se fait dans un contexte sonore.

En effet, dès le premier vers, on rencontre le champ lexical du bruit : la rue est qualifiée par une hyperboled’ « assourdissante » (v.1) puis par une personnification « hurlait » (v.1) C ette insistance a pour objectif d’amplifier le bruit, ce qui nous plonge dans une rueoù la communication orale est impossible et où le bruit à un caractère très désagréable peu propice à la rencontre.

Le narrateur est placé au centre du verspremier « autour de moi » encadré par « hurlait » et « assourdissante » ce qui met le personnage au cœur du bruit et de la rue.

Dans ce vers on noteégalement la présence d’une allitération en /r/ et des assonances en /u/ et /ou/ : « La rue assourdissante autour de moi hurlait.

» C ette mise en place d’undécor hostile renforce l’irréel et l’improbabilité de la rencontre.

On remarque que « hurlait » (v.1) est raccroché par la rime à « l’ourlet » (v.4) de la tenue dela passante.

On peut interpréter cette liaison par le bruit sourd agréable de sa tenue mis en parallèle avec les bruits désagréables de la rue.

C ’est le débutde l’expression du plaisir de cette vision féminine.Le narrateur ne s’attarde pas sur les détails vestimentaires de la tenue de la femme ni même sur l’âge du personnage.

Ce qui met en valeur l’effet d’une «Fugitive beauté » (v.9) Il marque une insistance sur la silhouette de la passante.

L’apparition de la passante s’interprète dans le vers 4 en quatre groupes detrois syllabes : « Sou/le/vant, - ba/lan/çant - le/ fes/ton - et/ l’our/let ; ».

Cette structure imprime le rythme, l’harmonie et l’aplomb de la démarche de cettefemme.

Le mouvement tout au long de son passage dans la rue est marqué par l’allongement du rythme dans le vers 2 « Longue, mince, en grand deuil,douleur majestueuse,» qui semble montrer la progression de la passante vers le narrateur.

C e mouvement est également exprimé par la progression de lavision du narrateur.

En effet la passante n’est au départ qu’une silhouette « Longue, mince » (v.2) puis elle semble se rapprocher, on distingue « la main »(v.3) puis « sa jambe de statue » (v.3) qui dénote une immobilité soudaine au moment où les deux personnages sont le plus proche qui est précisé par « sonœil » (v.7) car cela suppose une certaine proximité pour que le narrateur distingue l’œil de la passante.

Cette ultime image avant la disparition de lapassante au vers 9 est donc immobile, semblable à une photographie que conserve le narrateur comme un souvenir d’elle dans sa mémoire. L’opposition entre les deux personnages est omniprésente tout au long du poème.

La passante est décrite comme attirante.

T oute l’attention est portée surelle, c’est le personnage majeure du poème, le plus important d’où sa nomination dans le titre du poème « A une passante ».

Elle est rendue importante parle regard que l’on porte sur elle.

Elle crée l’obsession du narrateur.

Tandis que le personnage du narrateur est relégué au second plan, il s’efface devant labeauté, il est dévalorisé.

Son personnage n’est pas décrit physiquement, ni moralement.

On connait juste sa réaction vis-à-vis de la passante et son intérêtpour elle.

Il y a une opposition dans les attitudes entre elle et lui.

Face à l’apparition, le narrateur est qualifié de « crispé » (v.6), il est donc paralysésubjugué par la beauté alors que la femme ne semble pas perturbée, sa démarche est contrasté par rapport à la réaction du narrateur.

Son personnage esten mouvement tout au long du poème, il ne s’arrête jamais, comme imperturbable.

Elle reste « agile et noble » alors que lui reste béat.

On peut parler defascination : le personnage « buvais » (v.6) la beauté de la démarche, il remarque sa prestance alors que la passante n’accorde que très peu d’intérêt à saprésence à lui.

Le personnage est évoqué par « comme un extravagant » (v.6) On trouve un personnage hagard et perdu d’où « extravagant » ce qui souligneencore plus la distance qui les sépare dans leurs attitudes.Selon Baudelaire la notion de tristesse accompagne pour lui celle de beauté.

Elle est, par conséquent, très présente dans ce poème en parallèle avec l’imagede la passante.

On retrouve le champ lexical de la tristesse et de la douleur : « en grand deuil » (v.2) suivi de « douleur majestueuse » (v.2) (dont on noterala diérèse de « majestueuse ») : c’est une antithèse qui souligne la contradiction de cette femme qui n’est pas tant accablée par le deuil.

Cette douleurmajestueuse peut exprimer le mal de la veuve ou bien le mal du narrateur de la voir inaccessible.

« Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan, » (v.7) Onremarque dans ce vers l’opposition de la tristesse exprimée par « livide » et l’agitation intérieur de la passante par « ouragan ».

On a donc un personnage auregard éteint qui tue du regard.

Ce qui explique la contradiction du vers suivant « La douceur qui fascine et le plaisir qui tue » (v.8) « La douceur qui fascine» nous montre l’obsession du narrateur envers la beauté de la femme.

« le plaisir qui tue » exprime le plaisir du narrateur à se plonger dans son regardfoudroyant, un regard « mortel » qui pourtant le fait « renaître » (v10).

La passante qui est dans la douleur du deuil transmet au narrateur la douleur et latristesse de la perdre car son cœur est épris de cette inconnue.

Le personnage, sûr de l’avoir perdue, met fin à son poème dans un appel voué à ne pas êtreentendu, ce qui est un paradoxe : « O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savait ! » On note dans ce passage (v.14) la répétition en « ô » qui est une anaphorevisant à renforcer par la symétrie et le rythme la force d’une idée, d’une obsession.La deuxième partie du poème montre l’impossibilité d’une relation amoureuse entre les deux personnages car toutes les conditions défavorables sont là pourempêcher un quelconque rapprochement.

Tout d’abord, ils ne se connaissent pas, leurs destins ne se croisent pas ils font parti intégrante de cette fouleanonyme et comme nous l’avons vu avec le contexte sonore, la communication orale est impossible.

La situation de la passante apparaît comme unobstacle à leur amour rendu impossible par l’opposition des deux personnages.

C ette femme est qualifiée de « en grand deuil » (v.2) on a donc une femmeveuve, hors il était mal vu à l’époque de se remarier ou d’entretenir une relation après la mort du mari.

On peut supposer qu’elle se sent offusqué d’être l’objetd’une convoitise malgré sa condition de deuil.

L’allure de sa démarche, déterminée, prouve qu’elle a une destination précise et qu’elle n’a pas de temps àperdre.

Cette impression de femme inaccessible est décourageante pour le narrateur qui n’a pas beaucoup d’espoir dans l’issue d’une réelle rencontre.

O n ad’abord une interrogation au vers 11 « Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? » Puis une gradation du doute sur une nouvelle rencontre future avec cettefemme « Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être ! » (v.12) Le narrateur se met à imaginer, à espérer une nouvelle rencontre dans un autre lieu «Ailleurs » mais convient de l’improbabilité de cette requête « trop tard ! jamais peut-être ! » L’amour platonique est sublimé dans le souvenir que garde lenarrateur et il en devient un amour mystique. Ainsi par une rencontre éphémère Baudelaire arrive à nous transmettre sa tristesse d’un amour pour lui impossible.

C e poème des Fleurs du Mal nous révèlepar une mystique de l’amour une quête nostalgique d’un au-delà sentimental.

N’est ce pas la capacité qu’ont les autres à rebondir dans les momentsdifficiles de la vie alors que lui reste dans le spleen, qui fascine le poète ?. »

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