Commentaire composé - Phèdre, la tirade ( Acte I, scène 3 )
Publié le 16/05/2020
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«
Hélène Valencourt
2nde 6
Phèdre
(commentaire)
L'extrait que nous allons étudier est tiré de Phèdre, tragédie de Jean Racine, qui fut
représentée pour la première fois en 1677.
Cette histoire est celle d'une reine, Phèdre, qui en
l'absence de son mari Thésée, s'éprend passionnément de son beau-fils Hippolyte.
Il s'agit ici de la
troisième scène du premier acte, mettant en scène Phèdre et sa confidente Oenone : cette dernière
prête une oreille attentive aux confessions de la reine, concernant son coup de foudre pour
Hippolyte.
Il s'agira dès lors de se questionner sur l'expression et le rôle de la passion dans le
tragique destin de Phèdre.
Pour cela, nous analyserons d'abord les manifestations de l'amour, puis le
lien qui unit ce dernier à la fatalité.
Ainsi, l'amour se manifeste chez Phèdre de deux façons différentes.
Tout d'abord, notons qu'elle se trouve en proie à deux sortes de troubles.
Qu'ils soient
physique ou bien moraux, ils ne font que tourmenter l'esprit de la reine.
Par exemple, le vers « Je le
vis, je rougis, je pâlis à sa vue » (v.273) représente une succession de couleurs contradictoires, ce
qui marque non seulement la violence de l'amour ressenti, mais aussi la précipitation (asyndète) et
le passage d'une extrémité à l'autre : l'allitération en -i peut souligner cette idée.
Phèdre perd le
contrôle de ses sens et de sa raison : « Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler » (v.275).
De plus, nous pouvons observer une absence de cohérences entre tous ces troubles : une deuxième
oxymore placée au vers 276 nous le prouve (« Et transir et brûler »).
Notons également le champ
lexical de la maladie (« mal », « incurable amour », « remèdes »), et l'affolement qui s'empare de
son esprit.
Enfin, l'oppression de l'amour, empêchant presque Phèdre de respirer, nous montre bien à
tel point elle est déjà éprise et sous le charme.
Donc l'amour apparaît comme un gouffre entre le corps et l'âme de la reine, ce qui prouve une totale
absence de maîtrise de soi.
Ensuite, il est évident que Phèdre idéalise Hippolyte.
Le paradoxe existant au vers 272,
« mon superbe ennemi » prouve par qu'elle le voit comme un idole.
Sa passion relève d'un manque
de discernement entre l'être aimé et le sacré.
D'ailleurs, lorsqu'elle explique les rituels qu'elle a mis
en place pour apaiser la colère de Vénus, nous voyons bien qu'elle ne fait désormais plus de
différence entre l'amour pour Hippolyte et le culte rendu à Vénus : elle le voit à la place de la figure
de Vénus (v.285-286), elle l'adore, et lui offre tout (« J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer »
v.288).
Relevons dans cette veine le champ lexical de la religion (autel, temple, dieu, v œux, orner,
victimes).
Pareillement, lorsqu'elle croise son mari Thésée, son amour semble se refléter dans ses
yeux, idée que corrobore le vers « Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père »., ce qui
témoigne quand même d'un amour profane et incestueux.
Donc Phèdre ne peut déjà plus lutter contre cette violente passion.
C'est ainsi que le lecteur s'aperçoit que la sombre machine du destin est déjà en marche,
puisque la reine n'est plus capable de cacher son amour, son violent amour pour son beau-fils.
Ce
sentiment, qui s'était déjà manifesté par une série de paradoxes, se retrouve maintenant intense,
mais aussi très désordonné.
L'amour rend Phèdre étrangère à elle-même : elle sait déjà que cette
situation la conduira forcément à la mort..
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