Commentaire composé: DU BELLAY L'olive « ô douce ardeur que les yeux de ma dame … »
Publié le 02/12/2021
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Du Bellay, poète du 16e siècle forme avec le célèbre Ronsard et d’autres poètes de l’époque un groupe littéraire appelé « la Pléiade «. Ce groupe souhaite définir de nouvelles règles poétiques et se veut à l’origine de la poésie française. Ils publient un manifeste rédigé par Du Bellay, intitulé Défense et illustration de la langue française, qui vise à faire de la langue française une langue poétique. Inspiré des italiens, ces auteurs pérennisent une forme poétique majeure qui deviendra l’archétype de la poésie française : le sonnet. Du Bellay publie ainsi en 1549 un recueil contenant une cinquantaine de sonnets intitulé : l’Olive. Dans ce poème il chante sa douleur amoureuse. Nous allons étudier dans un premier temps la confession lyrique puis l’évocation de l’amour.
I Une confession lyrique
1) utilisation du sonnet comme forme d’expression
Du Bellay a été fortement influencée par le grand poète italien Pétrarque. Il écrit donc un sonnet dans lequel elle suit les traces de son maître. L’opposition entre les strophes, le système des rimes et la brièveté du sonnet permet de mettre en valeur l'intensité de ses sentiments. C'est bien le sonnet tel que l'a voulu Pétrarque : 2 quatrains, 2 tercets en vers de dix syllabes (décasyllabes) et non en alexandrin comme Ronsard va l'imposer : rimes embrassées dans les quatrains (ABBA) et dans les tercets rimes plates (CDD) et rimes croisées (CDC) .Du Bellay est fidèle à Pétrarque aussi dans la thématique : il chante ici la douleur de l’amour dans une confidence intime écrite à la 1ere personne. On remarque également le style pétrarquiste précieux, travaillé avec l'accumulation de figures de style caractéristiques : accumulation des verbes « ne le puis et pouvoir ne le veux … «, personnification de l'amour comme s'il était un dieu durant l'Antiquité « Amour «, antithèses: « vivant par mort «, « éternelle vie «, et enfin métaphore entre le feu et l'amour douloureux. La poésie devient surtout un langage qui vit par de l'élégance de ses images.
2) Expression du lyrisme
Ce poème est un sonnet dont le registre est le lyrisme puisque l’auteur y évoque ses sentiments personnels. Le pronom "je" apparaît trois fois, en plus des pronoms et adjectifs possessifs de la première personne (me, mon, ma, moi). Le poète souffre d'un tourment qui ne peut venir que d'une femme « ma dame «. Cependant, celle qui provoque la passion est absente car il n’y a pas de marque de la 2ème personne. De plus « Amour « est personnifiée mais impersonnel. Donc on peut dire que c’est un Poème sur l’amour plus que poème d’amour (absence de l’être aimé).
II - Evocation de l’amour
1) Souffrance d’aimer
L’interjection au v1 exprime la force du sentiment. On note la métaphore de l’amour avec le feu donc expression du sentiment douloureux car le feu brûle, fait mal. « Amour avec sa torche accoutumée « = personnification de l’amour, s’adresse au dieu Amour. Torche = flèche de l’amour qui transperce le cœur, on retrouve la notion de douleur. Ce sentiment l’occupe tout entier « je la sens au plus profond de l’âme « et le fait souffrir « le tourment « car il n’est pas réciproque « car cette ardeur, dont mon âme est ravie «. On retrouve le thème de l’amour courtois.
2) Sublimation de l’amour
Devant l’insatisfaction de son amour et de ses désirs physiques « bien que la chair soit caduque et mortelle « il transpose sa satisfaction dans la sublimation de l’amour. On note sa volonté de transcendé l’amour dans les vers 5-6. Ensuite, il joue sur « Je ne le puis et pouvoir ne le veux « afin d’exacerber ses sentiments. La ferveur amoureuse et l’idéalisation sont surtout observables dans l’amour malheureux sans retour. On a même une Sublimation du désir physique au profit d’aspiration à l’immortalité que l’on retrouve dans le syllogisme (raisonnement logique en 3 parties) dans les vers 11-13-14. Pour lui l’homme est mortel et aime de toute son âme (affirmation), or l’âme est immortelle (négation/concession) donc l’homme qui aime devient immortel (conséquence), car l’amour courtois, par-delà la mort même, est un sentiment vrai et éternel.
Conclusion :
On ne sait pas exactement qui a inspiré le poète, mais cela n'importe guère, car il peint une passion littéraire à la manière de Pétrarque en prenant pour sujet la douleur de l’amour. L’auteur utilise à la perfection la technique du sonnet : chacun des lieux stratégiques du sonnet sont utilisés : la volta (2 quatrains =charnière sert à identifié une problématique et les tercets présente une réflexion personnelle à propos du problème) et la chute (dernier vers) qui procure un effet de suspense, de piquant par sa conclusion brillamment formulée. On retrouve également toutes les composantes de l’amour courtois.
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