Commentaire composé de la lettre 81 du roman épistolaire « Liaisons dangereuses »
Publié le 15/05/2020
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Commentaire composé de la lettre 81 du roman épistolaire « Liaisons dangereuses »
Les liaisons dangereuses, un Roman épistolaire écrit en 1782 par Laclos, narre le duel pervers et libertin de deuxmembres de la noblesse française du siècle des Lumières, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont.
La lettre81, située au coeur du roman, est la lettre la plus longue du recueil, et écrite par son personnage le plusdominateur, Mme de Merteuil, en réponse à la lettre de Valmont qui lui donne des conseils de prudence dans uneentreprise amoureuse qu'elle veut réaliser (Prévant).
Dans cette lettre la Marquise prend le temps d'y retracer sonparcours (Autoportrait de la marquise qui est le seul personnage dont le passé nous sera connu) et d'expliquerpourquoi et comment elle a dû se forger ses propres armes dans un contexte où la domination masculine n'est jamaisremise en question.
Cette lecture s'attachera donc à l'affirmation orgueilleuse de soi, voire de sa supériorité, unrécit d'apprentissage, d'auto – apprentissage plutôt, et aux relations homme/femme.
Alors comment sur lemode de la confidence, cette lettre dénonce-t-elle la société du XVIII ème siècle ?La lettre commence par l'affirmation de la supériorité manifeste de la marquise « ma supériorité sur vous » « quelledistance il y a encore de vous à moi ».
La question, par la mise en relief du pronom sujet employé sous sa formetonique « Mais moi » revendique d'emblée une différence radicale entre la Marquise d'une part et « ces femmes »,dévalorisées par l'adjectif « inconsidérées » dans lequel transparaît tout le mépris de la Marquise.
Elle va jusqu'àrevendiquer son unicité en se distinguant « des autres femmes », dont elle méprise la passivité avec les 3 participes« donnés, reçus, suivis en forme passive».
Femmes auxquelles manquent l'esprit critique, l'examen méthodique, lerejet des traditions prôné par l'esprit des Lumières tandis qu'elle s'est livrée à de « profondes réflexions », adoptantune démarche active « je les ai créés » pour se construire, laisser mûrir comme un « fruit » ses principes deconduite.« je n'avais pas 15 ans, je possédais déjà », cette opposition forme affirmative, forme négative renforcée par laforce du verbe posséder souligne sa précocité, et laisse percevoir la conscience de sa supériorité sur « les politiques» ; elle se compare aux Politiques possédant les mêmes talents de dissimulation, experts en manigances, ceci alorsqu'elle n'en est qu'aux « premiers éléments … ».
S'affirment son appétit de puissance et l'idée qu'elle surpasseles hommes aussi : elle apparaît comme une femme redoutable.La conscience de soi se lit dans l'omniprésence des formes de la 1ère personne, du pronom sujet « je » aux formescompléments, notamment dans les tournures pronominales « je me suis travaillée » ou tournures renforcées « cetravail sur moi-même » ; elle apparaît aussi dans la répétition « je dis mes principes, et je le dis à dessein » etculmine avec la conclusion pleine d'orgueil où elle rivalise avec le Créateur « je puis dire que je suis mon ouvrage ».Les nombreuses occurrences du « je » sont aussi le signe de son égocentrisme.
Tout tourne autour d'elle.Mais, au-delà des remarques précédentes, les marques de la première personne soulignent aussi la solitude danslaquelle se trouve la jeune fille.
Par le processus d'auto – création, elle montre à Valmont à quel point elle lesurpasse.« Observer et réfléchir » ; deux actions, propre aux scientifiques, permettent à Mme de Merteuil de ne conclure quele plus intéressant des discours « qu'on cherchait à me cacher » et les recueillir.
Elle a fait un travail énorme sur ellemême pour apprendre à dissimuler ; en feignant un regard distrait (travail sur les regards) puis ses véritablessentiments en jouant les sentiments opposés (travail sur les mouvements du visage, maîtrise de tout sentiment).Mais « non contente de ne plus …formes différentes », étape supplémentaire avec gradation : après ladissimulation, la simulation.
La maîtrise de soi, analyse de soi (introspection) permet l'analyse d'autrui, un « coupd'oeil pénétrant ».
Mme de Merteuil insiste sur la rigueur de cet apprentissage par le champ lexical de l'effort etmême de la contrainte : « avec soin, j'essayai de guider, je tâchai de régler, je m'étudiai à, chercher, j'ai porté lezèle, plus de peine » ; « travail » apparaît avec l'idée de torture sur soi-même, corroborée par l'expérience « mecauser des blessures volontaires, réprimer les symptômes..
».La dissimulation et la simulation donc la duplicité qui se manifeste dans le jeu des oppositions entre le sentimentéprouvé et le sentiment affiché : chagrin/ sérénité, joie ; douleurs/plaisir.
Puis entre la pensée réelle et la penséesimulée.
Dissociation constante être/paraître.Mme de Merteuil est une comédienne talentueuse.
De nombreuses expressions la présentent comme une excellentecomédienne car son apprentissage consiste moins à former son esprit que ses manières.
Elle excelle dans l'art duparaître.
La forme pronominale du verbe « travailler » souligne la mise en pratique d'un exercice rigoureux etpermanent afin de composer une attitude.
On distingue des phrases d'action et des phrases d'observation ; elleobserve puis teste son apprentissage.
Ce sont les phases d'inaction qui lui ont permis d'observer et de réfléchir.
Ellea jugé le monde extérieur, a appris la dissimulation.
Elle a su jouer avec les apparences, faire semblant pour arriver àses fins.La marque de la première personne omniprésente souligne la volonté sans faille.
On assiste à la mise en place d'unjeu théâtral pervers.
En voulant l'enfermer dans sa condition de femme la société lui a en fait permis d'acquérir saliberté de penser.
Elle adopte alors la position morale du libertin qui consiste à penser par soi-même et à seconstruire ses propres règles de conduite, ses propres principes.
C'est l'individu qui l'emporte sur la société.
De plusla morale est absente de son éducation, révélant ainsi la marquise comme une redoutable femme manipulatrice.Le texte repose sur le déploiement d'un champ lexical du « combat ».
Tous les mots de ce réseau soulignent un.
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