Comment les philosophes du XVIIIe siècle, notamment Montesquieu et Voltaire, utilisent-ils l'arme de l'ironie ?
Publié le 09/12/2021
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le chapitre sur l'esclavage des nègres dans L'Esprit des lois de Montesquieu, qui, à travers le recours à l'antiphrase, écrit le contraire de ce qu'il veut dire.) La distance énonciative ( souvent créée par la fiction orientale, chez Voltaire, comme chez Montesquieu) qui est un procédé ironique permet aussi souvent d'échapper à la censure, l'auteur ne se présentant que comme un intermédiaire, et taisant d'ailleurs souvent son nom. La censure devient parfois même une cible de l'ironie ; ainsi dans « De l'horrible danger de la lecture », Voltaire propose une critique satirique de la censure qu'il ridiculise en montrant son absurdité. 2) Une critique sociale et politique Pour les philosophes des Lumières, l'ironie est une arme polémique servant une profonde critique sociale et politique. Les cibles de cette critique ironique sont nombreuses ; on peut, ici, évoquer les plus exposées : la monarchie de droit divin et la religion. Ex : · Critique ironique de l'absolutisme dans Les Lettres Persanes de Montesquieu : il raille l'autorité absolue du roi en le comparant à un « grand magicien » : « D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut » · Critique de la religion chez Voltaire : cf. L'ingénu, Chap 3 : Le huron doit se faire convertir au christianisme pour être baptisé ; dans ce chapitre, Voltaire dénonce ironiquement l'ignorance des ecclésiastiques ayant perdu tout esprit critique face à la lettre du texte biblique, tant ils sont endoctrinés par les dogmes qu'ils répètent.à Voltaire fait ainsi une critique de l'interprétation univoque des textes religieux, à la seule lumière du dogme. 3) Un moyen de rallier les lecteurs aux idées des lumières L'ironie est aussi un moyen, pour ces philosophes du XVIIIe siècle, de rallier les lecteurs à l'esprit et aux idées des lumières. A travers cette ironie, ils utilisent le rire, ma moquerie et jouent sur la persuasion de leurs lecteurs.
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Comment les philosophes du XVIIIe siècle, notamment Montesquieu et Voltaire utilisent-ils l'arme de l'ironie ?
Analyse du sujet et problématisation : Ce sujet porte sur l'utilisation de l'ironie chez les philosophes des lumières.
L'ironie est envisagé ici comme une « arme », c'est-à-dire, comme un moyen agressif d'attaque ou de défense : l'ironie est donc présentée commeun élément du discours polémique. L'ironie se définit généralement comme une une forme d'expression qui consiste à dire l'inverse de ce que l'on pense, tout en s'efforçant de laisser entendre la distance qui existe entre ce que l'on dit et ce que l'on penseréellement.
En littérature, elle est souvent utilisée dans l'objectif de dénoncer, de critiquer quelque chose ouquelqu'un. L'adverbe interrogatif « comment » pose la question des différents moyens et procédés de l'ironie , mais interroge aussi sur la façon dont l'ironie est utilisée chez les philosophes des lumières.
Problématique : Quels sont les moyens, et les finalités de l'ironie des philosophes des lumières ?
I) Les procédés de l'ironie chez les philosophes des lumières 1) Les procédés ponctuels : figures de style L'ironie, chez les philosophes des Lumières, se manifeste à travers diverses figures de style ponctuelles et facilement repérables, telles l'antiphrase, la litote, l'emphase, l'hyperbole et la prétérition, procédés qui créent undécalage entre l'idée explicitement énoncées, et l'idée implicitement suggérée par l'auteur. Ex :- Le recours massif à l'hyperbole chez Voltaire véhicule souvent une profonde ironie : cf. description du pays d'Eldorado dans Candide avec une accumulation d'hyperboles témoignant de l'aspect utopique d'un tel lieu : « portail [...]de deux cent vingt pieds de haut et de cent delarge » ; « deux files chacune de mille musiciens », « édifices publics élevés jusqu'aux nues ». - L'utilisation récurrente de l'antiphrase dans le chapitre de L'Esprit des lois de Montesquieu intitulé « Contre l'esclavage » : 2) Un jeu avec l'énonciation et la focalisation L'ironie, chez les philosophes des lumières, passe aussi souvent par un jeu avec l'énonciation et la focalisation.
L'ironie suppose une situation d'énonciation souvent complexe, le narrateur se détachant parfois del'auteur : le lecteur doit donc percevoir ce eu énonciatif pour déceler l'ironie et décrypter le message de l'auteur.Par ailleurs, on observe aussi un jeu fréquent avec la focalisation : dans certaines œuvres, presque tout ce qui estraconté doit être appréhendé selon un double point de vue. Ex du double point de vue dans Candide : On observe, dans ce conte philosophique de Voltaire, la surimpression de deux focalisations : une focalisation interne, celle de Candide, qui voit le monde à travers le filtrede l'optimisme de Pangloss ; et, une focalisation zéro correspondant au point de vue d'un narrateur lucide. Ex de la double énonciation dans les Lettres Persanes de Montesquieu : on observe un premier niveau énonciatif à travers l'échange épistolaire entre les persans, mais à cette première énonciation vient se greffer unedeuxième énonciation dans laquelle Montesquieu est le locuteur et le lecteur son destinataire. à cette double énonciation crée un décalage ironique 3) Une causalité absurde L'ironie, au siècle des Lumières, passe souvent par la mise en relief d'une causalité aberrante afin de faire éclater l'absurdité d'un propos ou d'une situation.
L'ironie vise ainsi à dévoiler une absence de sens et invalide lediscours ennemi. Montesquieu utilise la causalité absurde dans l'argumentation qu'il prête aux partisans de l'esclavage dans « De l'esclavage des nègres », chapitre de l'Esprit des lois : chaque argument esclavagiste se détruit de soi-même car il est en contradiction logique avec la thèse, ou en contradiction interne.
Ex : l'argument « ils sont noirs / donc il est impossible de les plaindre » met en relation l'aspect physique et la pitié que les Noirs pourraient inspirer ettémoignent d'une profonde incohérence logique. Autre ex : Voltaire, « De l'horrible danger de la lecture »
II) Les cibles et les finalités de l'ironie.
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