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Comment, dans cette variation sur un thème littéraire admis, se définit sa position, entre tradition et rupture?

Publié le 19/12/2021

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« Louis- Ferdinand Céline passe au crible, dans Voyage au bout de la nuit , les laideurs du monde de son temps et de l'espèce humaine en général.

Ce roman s'ouvre sur la première guerre mondiale, premier sujet de critique.

La condamnation de la guerre n'est pas un thème nouveau en littérature; Céline s'inscrit dans une tradition, derrière le récit de Voltaire, Candide, ou alors, sur un mode plus gratuitement ironique, celui de Stendhal au début de la Chartreuse de Parme .

Pourtant le Voyage, par la violence de sa critique et de son ironie, par son désespoir et par son écriture totalement nouvelle, a comme ambition de s'inscrire en rupture avec la littérature du passé, et de manière générale avec les valeurs admises de son temps. Comment, dans cette variation sur un thème littéraire admis, se définit sa position, entre tradition et rupture? I La condamnation de la guerre faite par un moraliste _ la condamnation de la guerre : variation sur ce thème littéraire.

Echos dans ce texte de la satire voltairienne, telle qu'on la reconnaît dans le conte Candide : Céline reprend plusieurs procédés classiques : Fernand est un avatar de Candide, plongé dans un conflit qu'il ne comprend pas : il pose sur cette guerre un regard extérieur qui met à jour l'absurdité de ce phénomène : la guerre est ramenée à ses phénomènes le plus primitifs : "se tirer dessus", "ça brûlait", "le charbon".

L'immoralité de la guerre est exprimée de manière volontairement simpliste :"cela faisait partie des choses qu'on peut faire sans mériter une bonne engueulade".

Cette apparente simplfication rend plus percutante et plus concrète la condamnation. _ cette condamnation débouche sur un regard critique sur l'espèce humaine, teintée du pessimisme des moralistes tels que Pascal ou la Rochefoucauld, qui dans ses Maximes dénonce la noirceur du coeur humain : Céline fait dire à Ferdinand : "C'est que je ne connaissais pas encore les hommes".

Cette réflexion est une variation sur l'idée que l'être humain est contradictoire, mystérieux, et que ses noirceurs sont insondables (voir le poème de Baudelaire "L'homme et la mer" dans Les Fleurs du Mal : "...tu contemples ton âme/ dans le déroulement infini de sa lame/ et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer"). _ réflexion sur la valeur des biens terrestres et des honneurs : cette réflexion est perceptible derrière la phrase : "on y passerait tous, le colonel comme les autres".

La réduction de ce colonel à un bout de viande, la "carne", et la réduction de la mort à l'image d'une viande "rôti[e]" rappelle la démarche des stoïciens, exposée dans les écrits de Marc-Aurèle : réduire ce qu'on considère comme digne de valeur à ses manifestations les plus prosaïques ou les plus laides (Marc-Aurèle définit ainsi l'amour comme le frottement de deux bas-ventre l'un contre l'autre) ce qui permet de s'affranchir de la fascination qu'exercent habituellement ces biens. II Une critique violente et subversive, contre la morale bien-pensante _ critique de l'autorité : La bourgeoisie qui a orchestré cette guerre : elle est désignée derrière les "tirage au sort, fiancailles, chasse à courre" et de manière très ironique derrière l'appellation : "les gens sérieux".

L'armée est aussi tournée en dérision, dans la personne du colonel, traité de "mariole". _ retournement complet des valeurs : la prison apparaît comme enviable ("une petite prison pépère" _ le héros est ici un anti-héros : bien loin d'être un foudre de guerre, il ne comprend pas ce qui se passe, s'exprime vulgairement, s'invective lui-même ("moi crétin!") et regrette de ne pouvoir se livrer au vol : "il n'y avait plus rien à voler!".

De manière paradoxale, ce personnage est stupéfait devant les horreurs de la guerre, mais avoue ses propres tares sans aucune honte.

Céline met son lecteur à l'épreuve en bouleversant ses idées reçues. »

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