Colombie - 2000-2001: Perte de crédibilité du président Pastrana
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/1/450621.txt[13/09/2020 23:26:44]
En juin 2001, à moins d'un an de l'échéance de son mandat, le p
résident conservateur Andrés Pastrana
n'expédiait plus que les affaires courantes.
Il avait perdu les deux
paris qu'il avait lancés en prenant ses
fonctions en 1988 : mettre un terme définitif à la guerre civile q
ui ravage le pays depuis trente ans, et
ramener l'économie colombienne dans la "cour des grands" de l'Amér
ique latine.
C'est en février 2001
qu'a sonné le glas des derniers espoirs du chef de l'État.
Le 3, i
l a dû remanier son gouvernement en
limogeant notamment le ministre de l'Intérieur, Humberto de la Calle,
issu des rangs du parti de
l'opposition, le Parti libéral (PL), qui s'était révélé
incapable de mettre au pas le Parlement où les libéraux
étaient largement majoritaires, tant à la Chambre des député
s qu'au Sénat.
Son successeur, libéral lui
aussi, n'a d'ailleurs pas été plus heureux ; il n'a pu non plus fa
ire adopter les projets des référendums
dont rêvait A.
Pastrana pour assainir la vie politique locale et redy
namiser son étoile pâlissante.
L'arrestation, en avril 2001, d'une vingtaine de hauts fonctionnaires, m
êlés à une gigantesque affaire de
corruption dans l'industrie électrique - plus de 60 millions de dolla
rs détournés -, montrait pourtant, une
nouvelle fois, l'urgence de réformer l'appareil d'État gangrené
par des mafias liées au monde
économique.
Mais c'est surtout la rupture des négociations avec les FARC (Forces
armées révolutionnaires de
Colombie), la plus puissante organisation de guérilla (15 000 insur
gés), qui a fait perdre au président le
peu de crédit dont il disposait encore.
La signature du traité de
Los Pozos, le 7 février 2001, entre A.
Pastrana et le chef historique des guerilleros Manuel Marulanda dit "Tij
ofijo" n'a pas renversé le cours des
événements.
Certes, l'occupation par les FARC, à partir de janv
ier 2000, d'une zone démilitarisée - 42 000
km2 dans la région de Caqueta - a été reconduite jusqu'au 31 oc
tobre 2001, mais les pourparlers
achoppaient toujours sur le manque de fermeté du gouvernement face au
x groupes paramilitaires
d'extrême droite, regardés par les FARC comme des alliés object
ifs de l'armée régulière colombienne.
Quant à l'autre organisation de guérilla, l'ELN (Armée de libé
ration nationale, forte de 5 000 hommes),
elle a également suspendu toute discussion avec Bogota, faute d'avoir
obtenu, à son tour, l'attribution
d'une zone démilitarisée dans le Magdalena Medio, une formule reje
tée d'ailleurs par une grande partie
des habitants de la région.
Dès lors, la conclusion éventuelle
de la paix à laquelle aspirent tous les
Colombiens se trouvait repoussée à une période postérieure à
la prochaine élection présidentielle fixée à
mai 2002.
À neuf mois du scrutin, Noemi Sanin, une candidate indépendante ve
nue des rangs du Parti social
conservateur (PSC d'A.
Pastrana), arrivait en tête des premiers son
dages, talonnée par le libéral Alvaro
Uribe, connu pour son intransigeance à l'égard des guérillas.
L
a campagne s'annonçait, au demeurant,
placée sous le signe de la violence : 12 539 enlèvements, dont ceu
x de nombreux hommes politiques,
avaient été perpétrés en 2000 et près de 600 des kidnappé
s étaient morts en captivité.
Au plan économique, Bogota a continué de bénéficier de l'aid
e nord-américaine, en particulier à travers le
"plan Colombie", qui a fourni quelque 1,3 milliard de dollars - sur les
1,6 prévus - pour l'éradication des
plantations de coca.
De décembre 2000 à février 2001, 30 000 he
ctares ont été ainsi détruits mais au prix
d'une "vietnamisation" grandissante de la jungle colombienne où opé
raient désormais plus de 500
militaires des États-Unis.
En 2000, le PIB a progressé de 2,8 % après une récession de 5 %
en 1999.
Mais, selon les experts, cette
embellie apparente n'était qu'un écran de fumée dissimulant une
chute préoccupante du volume des
exportations de pétrole - moins de 600 000 barils par jour à cause
des attentats de la guérilla sur les
pipelines - et de café - dont les cours mondiaux ont été divisé
s par deux en un an, d'où une
augmentation du chômage de 5 points entre 1999 et 2000 : en juin 2001
, les personnes sans emploi
représentaient 25 % de la population active..
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