CNJA

« 1 / 2 31 janvier 1968 Série D-14 Fiche N• 2211 CNJA 1.

Le rôle de pointe joué par les jeunes agriculteurs français pendant les violentes manifestations paysannes d'octobre 1967 ainsi que la position dure adoptée par le Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) à son congrès tenu le même mois ont mis en lumière l'importance et le dynamisme de ce groupement.

Dans les problèmes que posent les mutations en cours dans l'agriculture française, le CNJA, qui manifeste une grande indépendance à l'égard de la Fédération nationale des syndicats d'exploi­ tants agricoles (FNSEA), recommande des solutions neuves et hardies.

2.

Un mouvement de jeunesse au sein ,de la Confédération générale de l'agriculture (CGA) est fondé en 1947, malgré l'hostilité de la Jeunesse agricole catholique (JAC).

Le Cercle des jeunes agriculteurs, qui végétait toujours au moment de la disparition de la CGA, en 1954, est alors transformé en une organisation syndicatg.

Le nouvel organisme s'intègre à la FNSEA en 1957 et devient le CNJA en 1961.

Il dispose d'un certain nombre de sièges dans les organes de direction de la FNSEA qui lui " garantit son autonomie juridique, administrative et financière ainsi que sa liberté d'action et d'expression dans le cadre des règles et des disciplines générales de l'organisation "· 3.

Le CNJA groupe des jeunes agriculteurs exploitants, fils, filles ou femmes d'exploi­ tants âgés de 18 ans au moins et de 35 ans au plus, à condition qu'ils travaillent effec­ tivement sur l'exploitation.

Ils doivent préalablement faire partie d'un syndicat local de la FNSEA.

Le CNJA (100 000 adhérents en 1967) est fortement structuré (échelon local, départemental, régional et national).

Le Centre est administré par un Conseil d'admi­ nistration de 35 à 45 membres.

A tous les échelons, le CNJA comporte obligatoirement une représentation féminine.

4.

Statutairement, le CNJA assume au sein de la FNSEA " la défense et la formation syndicale des jeunes chefs d'exploitation et des jeunes membres des familles d'exploi­ tants "· En fait, cette organisation représente une tendance dure du syndicalisme agricole, qui inquiète la FNSEA.

A l'appel à j'unité syndicale lancé par le président de la FNSEA au congrès d'octobre 1967, François Guillaume, président du CNJA, répondait: " L'unité ne se fait pas dans les discours, elle se forge dans les attitudes et dans les faits.

" 5.

Le CNJA avait fait savoir que la présence de M.

Edgar Faure à ce congrès " n'était pas souhaitable"· Son secrétaire général, M.

Serieys, constate que la politique du gouvernement français " consiste en réalité à donner de l'argent aux riches et à dis­ penser des discours aux pauvres"· Le CNJA demande la délimitation de zones à usage agricole (ZUA) sur le modèle des ZUP et des ZAD.

Il distingue trois sortes d'agricultures: une agriculture compétitive qui " peut voler de ses propres ailes ••, une agriculture intermédiaire qui, par une aide d'ordre économique et social, pourrait rejoindre la première et une agriculture victime des mutations dans laquelle les pay­ sans ne peuvent être sauvés que par " une politique d'aide directe personnalisée"· Le CNJA ne limite pas son intérêt aux problèmes agricoles, il a aussi proposé un plan d'aide au tiers monde. 2 / 2. »