Claus Slutervers 1340-1406C'est dans le Moyen Âge le plus authentique que l'art de Claus Sluter plonge ses racines.
Publié le 22/05/2020
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Claus Sluter
vers 1340-1406
C’est dans le Moyen Âge le plus authentique que l'art de Claus Sluter plonge ses racines.
Sculpteur gothique, il l'est au plein sens du terme, et, bien entendu, sculpteur chrétien,
homme de foi à l'égal des imagiers d'autrefois, et qui, par la conception religieuse du
monde qu'il exprime, n'est pas à l'écart de son temps.
Il le domine de sa haute stature, mais
il fait corps avec lui.
Une époque douloureuse, écartelée, vouée par la guerre à l'excès du
malheur, se reconnaît dans ses figures tourmentées et, sur ce Moyen Âge finissant qui ne
connaîtra plus la sérénité de naguère, le Calvaire de Champmol, avec son Christ exsangue
et ses anges désespérés, se dresse comme un symbole.
La valeur éminente, éternelle, de
son art est là, dans cet accord profond, et non dans un “ modernisme ” qui, à vrai dire,
n'apparaît pas.
Sans doute a-t-il, par son génie, et pour plus de cent ans, redonné vie et
élan à la sculpture française, mais il n'a guère innové.
Ce qu'il a réussi, avec la maîtrise
d'un talent hors de pair, d'autres l'avaient tenté avant lui.
Sluter n'est pas de ces artistes qui
bousculent une tradition pour ouvrir de nouvelles avenues.
Il a seulement, et ce n'est pas
diminuer son mérite, exprimé mieux qu'aucun autre, avec plus de force et de lucidité, les
tendances de la civilisation de son temps.
Il est vain de discuter de la nationalité d'un artiste, en un siècle où l'Europe chrétienne vit
encore.
Les Hollandais tiennent Sluter pour un des leurs, à juste titre car il est aujourd'hui
démontré qu'il était originaire de Haarlem.
Mais la France le revendique, non sans raison
puisqu'un prince des fleurs de lys a, par sa magnificence, exalté son génie et que ses
commandes lui ont donné l'occasion de se réaliser dans son ardente plénitude.
A vrai dire,
il appartient à cette Europe occidentale du XIV esiècle qui envoie, des pays du Nord où ils
sont nés, vers les États capétiens, les meilleurs de ses artistes pour les mettre au service des
mécènes les plus dignes d'utiliser leurs talents, Charles V et ses frères.
La date de naissance de Claus reste inconnue et nous ignorons quel était son âge lorsqu'il
donnait vie à tant de personnages pathétiques.
On l'imagine volontiers, sur le chantier
dijonnais, dans toute la force de sa maturité, entre quarante et soixante ans ; mais c'est là
simple conjecture.
Vers 1380, il travaille à Bruxelles, les archives en témoignent, et l'on a
déjà mis en lumière le style véritablement slutérien des prophètes qui décoraient jadis le
portail de l'hôtel de ville, conservés aujourd'hui au Musée communal.
C'est à Bruxelles,
sans doute, qu'il se fait remarquer par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, au moment
même où celui-ci hérite de son beau-père, Louis de Mâle, comte de Flandre, mort en 1383.
Dès le début de 1385, la présence de Sluter est attestée par les comptes à Dijon, sur le
chantier de la Chartreuse de Champmol que le duc vient de fonder.
Il y entre, semble-t-il,
sous les ordres de Jean de Marville qui mourra en 1389.
Dès cette année-là, Claus Sluter a
pris sa place, alors que la décoration sculptée de la Chartreuse est à peine commencée.
Dès
lors la biographie du sculpteur est jalonnée par l'exécution de ses œ uvres maîtresses, le
portail de l'église, le calvaire du grand cloître et le tombeau du fondateur qu'il n'achèvera
pas.
Son labeur dans l'ouvroir de Dijon n'est interrompu que par les déplacements
commandés par sa charge : voyage à Paris en 1390 pour s'y procurer l'albâtre nécessaire à
la statue tombale ; mission à Mehun-sur-Yèvre, chez le duc de Berry, en 1393, pour y
prendre l'air des dernières nouveautés ; séjour de quelques mois, en 1393-1394, à Germolle,
pour décorer cette maison de plaisance voulue par la duchesse Marguerite de Flandre et.
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