Chirac, Jacques
Publié le 06/12/2021
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1 | PRÉSENTATION |
Chirac, Jacques (né en 1932), homme d’État français, président de la République française (1995-2007).
Jacques Chirac a construit sa carrière politique sur la volonté de conserver l’héritage du gaullisme tout en l’adaptant aux réalités de la société contemporaine.
2 | JEUNESSE ET ENTRÉE EN POLITIQUE |
Issu d’une famille d’origine corrézienne dont l’ascension sociale apparaît caractéristique de la IIIe République, petit-fils d’un instituteur d’origine rurale, franc-maçon et radical, et fils d’un cadre de banque devenu, par la suite, l’un des directeurs de la société Dassault, Jacques Chirac fait l’essentiel de ses études secondaires à Paris. Diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, il intègre l’École nationale d’administration (ENA), et effectue son service militaire comme lieutenant de cavalerie de 1956 à 1958, pendant la guerre d’Algérie, expérience qui le marque profondément et qui lui laisse la nostalgie d’une carrière militaire.
Sorti dixième de l’ENA en 1959 (promotion Vauban), il intègre la Cour des comptes en qualité d’auditeur. Remarqué pour son efficacité, sa puissance de travail et son mépris des contingences hiérarchiques, il est nommé chargé de mission au secrétariat général du gouvernement, puis au cabinet de Georges Pompidou, alors Premier ministre. Élu conseiller municipal de Sainte-Féréole en 1965, Jacques Chirac entreprend de faire de son département d’origine, la Corrèze, pour lequel son intérêt ne s’est jamais démenti, la base de son ascension politique. Battu à Ussel aux élections législatives en 1966 en réalisant un score plus qu’honorable dans un bastion traditionnel de l’opposition, il est finalement élu face à un communiste l’année suivante. Constamment réélu dans cette circonscription de 1968 à 1993, il est, en outre, président du Conseil général de la Corrèze de 1970 à 1979.
Impressionné par son énergie et ses qualités politiques, Georges Pompidou le fait entrer au gouvernement dès 1967, en lui confiant le secrétariat d’État aux Affaires sociales (1967-1968). Benjamin du gouvernement, il crée l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE), à une époque où le chômage commence à apparaître comme un phénomène moins marginal en France, et participe, aux côtés de Georges Pompidou, aux difficiles négociations des accords de Grenelle avec les syndicats lors des événements de Mai 68.
Secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances de 1968 à 1971, il est chargé à partir de 1969 de la gestion de la fondation Claude-Pompidou et se lie alors avec les conseillers du président (Marie-France Garaud et Pierre Juillet), s’imposant peu à peu comme un homme d’avenir susceptible de succéder, le jour venu, aux grandes figures historiques du gaullisme, notamment Pierre Messmer, Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré et Olivier Guichard, dont l’influence au sein de la majorité est restée intacte après le départ volontaire du général de Gaulle. Ministre des Relations avec le Parlement de 1971 à 1972, poste dans lequel il connaît un semi-échec, Jacques Chirac obtient son premier grand ministère en 1972 avec l’Agriculture. Considéré comme un champion de la cause paysanne, il est chargé de rassurer l’électorat rural à huit mois des élections législatives. Populaire, il conserve un soutien indéfectible du monde rural qui en fait, à partir de cette époque, l’un de ses responsables politiques préférés.
Nommé ministre de l’Intérieur en 1974, il se prononce, dès le décès de Georges Pompidou, pour une candidature d’union à l’élection présidentielle, et s’oppose pour cette raison à Jacques Chaban-Delmas. Entraînant quarante-trois députés du parti gaulliste, il rallie, à la surprise générale, la cause du centriste libéral Valéry Giscard d’Estaing et contribue de façon décisive à la victoire de ce dernier.
3 | PREMIER MINISTRE DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING (1974-1976) |
Le 27 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre, dans l’intention avouée de ressouder une majorité qui a connu de nombreuses dissensions pendant la campagne présidentielle. Dans la ligne du programme du nouveau président de la République, qui entend promouvoir, selon ses propres termes, une « société libérale avancée «, Jacques Chirac entreprend de mettre en œuvre un programme social généreux, un « travaillisme à la française «, qui ne tarde pas à achopper sur l’ampleur de la crise économique consécutive au premier choc pétrolier, tandis que les relations entre le président et son Premier ministre ne cessent de se dégrader.
Différents de tempérament, les deux hommes ne cessent de se disputer la conduite des affaires gouvernementales. Considérant que le président de la République ne lui accorde pas les pouvoirs nécessaires pour lutter contre l’inflation et le chômage, Jacques Chirac démissionne de son poste de Premier ministre au mois d’août 1976. Il s’en explique avec éclat à la télévision, déclarant : « Je ne dispose pas des moyens que j’estime nécessaires pour assurer efficacement mes fonctions de Premier ministre. «
4 | RÉNOVATEUR DU GAULLISME |
Prenant la tête de l’opposition interne à la majorité gouvernementale, il fonde, en décembre 1976, un nouveau parti, le Rassemblement pour la République (RPR) sur les décombres de l’Union des démocrates pour la République (UDR), le parti gaulliste dont il avait pris le contrôle en 1974, et présente sa candidature à la mairie de Paris contre le giscardien Michel d’Ornano. Largement élu, il approfondit son programme de contre-gouvernement afin de se démarquer, selon ses propres mots, du « libéralisme classique de la droite giscardienne «, critiquant de façon à peine voilée le nouveau Premier ministre, l’économiste Raymond Barre.
Victorieux aux élections législatives de 1978, son parti obtient 150 sièges à l’Assemblée nationale, réalisant une meilleure performance que l’Union pour la démocratie française (UDF), créée quelques mois plus tôt par les centristes et les libéraux pour contrer les ambitions de la mouvance néogaulliste. Victime d’un accident de la route en 1978, Jacques Chirac, hospitalisé à Paris, lance l’« appel de Cochin «, resté célèbre, dans lequel il fustige ceux qui préparent « l’inféodation de la France et qui [ consentaient ] à son abaissement «, qu’il désigne comme appartenant au « parti de l’étranger «. Entendant marquer sa spécificité face au pouvoir en place, Jacques Chirac retrouve les accents populistes du gaullisme pour dénoncer le poids croissant de l’Europe dans la conduite des affaires nationales, mais il doit rapidement modérer ses emportements nationalistes devant le tollé provoqué par cette déclaration au sein de son propre mouvement.
Réélu président du RPR en 1979, il mène la bataille des premières élections au Parlement européen sur une liste distincte de l’UDF, mais connaît un échec retentissant, le RPR ne recueillant que 16,3 p. 100 des voix contre 27,6 p. 100 des voix pour la liste UDF menée par Simone Veil. Dès lors, Jacques Chirac se sépare de ses deux principaux conseillers, Marie-France Garaud et Pierre Juillet, et entreprend de faire évoluer ses conceptions en matière de construction européenne. Se montrant très critique envers le gouvernement de Raymond Barre, le RPR, au début des années 1980, ne présente pourtant pas un caractère homogène puisque, alors que les fidèles de Jacques Chirac constituent la majorité du mouvement, certains de ses membres se montrent favorables au gouvernement, parfois au point d’y participer, à l’instar d’Alain Peyrefitte.
5 | OPPOSANT AUX SOCIALISTES |
Le 2 février 1981, Jacques Chirac annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Se présentant comme le « rassembleur des gaullistes « mais avouant sa filiation avec le programme mêlant ordre, autorité et libéralisme économique qui a porté Ronald Reagan au pouvoir un an plus tôt aux États-Unis, il se prononce pour une réduction de la pression fiscale combinée avec une politique étatique volontariste, mais concentrée sur certains objectifs, dénonçant la tendance au « collectivisme rampant « du président sortant, et réunit finalement 17,99 p. 100 des voix au premier tour. Au second tour, il indique qu’il votera personnellement pour le président sortant, mais se refuse à donner des consignes de vote au RPR, ce que certains interprètent comme une trahison politique vis-à-vis de Valéry Giscard d’Estaing.
Affaibli par la victoire de la gauche aux élections législatives qui suivent l’élection de François Mitterrand, son parti ne recueillant que 82 sièges, il est réélu à la tête du mouvement gaulliste en 1982 et, avec quelques proches, commence à préparer la reconquête du pouvoir à son profit. Toujours très populaire à Paris où il mène depuis 1977 une politique active en développant notamment les transports en commun, il est triomphalement réélu à la mairie en 1983, remportant les vingt mairies d’arrondissement et confortant ainsi son contrôle absolu sur l’ensemble de l’appareil administratif de la capitale. À partir de cette période, il évoque la possibilité d’une « cohabitation « avec le président socialiste, dans l’hypothèse où son parti remporterait les futures élections législatives.
6 | LA COHABITATION : PREMIER MINISTRE DE FRANÇOIS MITTERRAND (1986-1988) |
Président du parti ayant obtenu le plus de sièges aux élections législatives (à la proportionnelle) en 1986, Jacques Chirac est fort logiquement appelé au poste de Premier ministre par le président Mitterrand. À la tête du gouvernement, il applique un programme d’inspiration libérale inspiré de l’expérience du reaganisme aux États-Unis : abolition de l’impôt sur les grandes fortunes, suppression de l’autorisation administrative de licenciement, réduction des cotisations patronales, privatisations, projet de prisons privées, maîtrise des dépenses d’assurance maladie. Espérant contenir l’influence grandissante du Front national (FN), il met en place une politique restrictive sur l’immigration, faisant voter une réforme de l’ordonnance de 1945 sur l’entrée et le séjour des étrangers et entreprenant une refonte du Code de la nationalité. Il doit, cependant, faire face à de forts mouvements sociaux (grèves de 1986) et provoque une certaine désaffection de la jeunesse vis-à-vis de sa politique et de son style de gouvernement à la suite de la mort de Malik Oussekine, un jeune homme tué lors des manifestations étudiantes de 1986.
Rapidement, la cohabitation semble tourner à l’avantage du président de la République, qui refuse de signer les ordonnances en matière sociale et oblige le gouvernement à recourir à la procédure de vote bloqué prévue par l’article 49.3 de la Constitution. Bien qu’il ait réussi à ralentir la progression du chômage qui a alors dépassé le chiffre de 2,5 millions, Jacques Chirac apparaît à beaucoup comme insuffisamment préparé pour accéder à la magistrature suprême, tandis que l’attitude de François Mitterrand visant à se présenter en arbitre impartial confère à ce dernier une nouvelle popularité dans l’opinion.
7 | L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 1988 |
Jacques Chirac est largement battu à l’élection présidentielle de 1988 par le président sortant (54 p. 100 pour Mitterrand, 46 p. 100 pour Chirac). Il se concentre alors sur la mairie de Paris où il fait à nouveau la preuve de ses talents de gestionnaire. Très vite, cependant, il s’impose de nouveau comme l’un des principaux leaders de l’opposition et met un terme aux pratiques de désistement et aux alliances douteuses de certains élus de l’opposition avec le Front national. Il ne souhaite néanmoins pas assumer la charge de Premier ministre après la victoire de la droite aux élections législatives de 1993, et cède la place qui lui revient naturellement à Édouard Balladur.
8 | L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 1995 |
Jacques Chirac prépare sa troisième candidature à l’élection présidentielle. La campagne est rude : longtemps devancé dans les sondages par Édouard Balladur qui a rallié à ses vues une grande majorité de l’UDF et qui a déclaré sa candidature contre lui, Jacques Chirac, appuyé par le RPR et par ses principaux dirigeants (Alain Juppé, Philippe Séguin), fonde sa campagne sur le thème du changement et de la lutte contre la fracture sociale et l’émergence d’une société à deux vitesses, retrouvant ce volontarisme politique qui a toujours fait sa force, attirant de nombreux électeurs a priori peu favorables à son personnage par son discours qui dénonce tout à la fois la « pensée unique « en matière économique, la technocratie et l’élitisme en matière sociale et, d’une manière générale, l’oubli par la classe politique des préoccupations quotidiennes des Français.
Il finit par s’imposer au premier tour contre Édouard Balladur, mais arrive derrière le socialiste Lionel Jospin, candidat critique par rapport au bilan de François Mitterrand et qui réalise un excellent score. Lors de ce même premier tour, le parti d’extrême droite de Jean-Marie Le Pen confirme sa bonne implantation dans le paysage politique français, améliorant son score de 1988. Au second tour, le candidat Chirac, qui s’était engagé à la fois pour la poursuite de la construction européenne et de la monnaie unique, et pour la lutte contre le chômage et l’exclusion, dénonçant la « fracture sociale « au sein de la société française, l’emporte de quatre points sur son rival socialiste, par 52,64 p. 100 des voix contre 47,36 p. 100 à Lionel Jospin, accédant ainsi à la magistrature suprême après deux tentatives infructueuses.
9 | LE SEPTENNAT : 1995-2002 |
9.1 | Ministère Juppé : 1995-1997 |
Élu sur un ambitieux programme de réformes sociales et économiques, sans pour autant remettre en question la poursuite de la politique européenne de la France devant aboutir à la monnaie unique dans le respect des critères de convergence définis par le traité de Maastricht, Jacques Chirac nomme Alain Juppé, son principal soutien durant la campagne, au poste de Premier ministre. Après une courte période de relance, l’accent est mis, dès l’automne 1995, sur le désendettement public et la réduction du déficit budgétaire.
Très actif en politique étrangère, le président de la République réactive l’héritage du gaullisme afin de justifier la reprise des essais nucléaires pour une durée limitée, ce qui déclenche un tollé dans la communauté internationale. Désireux de redonner à la France une véritable politique arabe tout en essayant de lui ménager une place dans le processus de paix en Israël, il entretient des relations souvent conflictuelles avec les États-Unis et donne, en parallèle, son accord pour le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Se voyant reconnaître une part de responsabilité importante dans le règlement du conflit yougoslave, où il réussit à imposer un plan de paix en accord avec les Américains, le président Chirac, qui transforme chacune de ses visites diplomatiques, notamment dans les pays d’Asie, en véritable offensive commerciale, épouse la pratique de ses prédécesseurs, consistant à faire des affaires internationales l’un des « domaines réservés « du chef de l’exécutif.
Confirmant son engagement en faveur de la monnaie unique européenne qui impose, selon lui, une stricte orthodoxie budgétaire, il pâtit, associé dans l’opinion avec l’action de son Premier ministre, d’une impopularité persistante depuis son élection, et cela, malgré un style assez protocolaire et certaines initiatives bien accueillies, comme l’abandon de la conscription ou la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la politique de persécution des juifs menée en collaboration avec l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette impopularité tient, sans doute, à la nature de certaines réformes conduites par le gouvernement (concernant la Sécurité sociale, les systèmes de retraite et les impôts), mais elle tient peut-être également à l’absence de lisibilité de la politique voulue par le chef de l’État.
Porté au pouvoir sur la base d’un discours appelant à une profonde réforme de la société française, et dont les thèmes semblent parfois concurrencer la gauche sur son propre terrain, Jacques Chirac adopte, depuis son élection, un discours plus classique, justifiant par les nécessités de la construction européenne l’orientation libérale de la politique économique et dénonçant, à chaque fois que le corps social fait montre de résistance devant un changement annoncé (comme lors des grandes grèves de l’hiver 1995-1996), les « conservatismes « qu’il décèle au sein de la société française. Le chômage, l’Europe et la mondialisation de l’économie, l’exclusion, l’avenir de la protection sociale et la formation de la jeunesse apparaissent comme des thèmes récurrents et des problèmes non résolus, alors que certains soulignent inlassablement le décalage existant entre le discours du président de la République et les promesses de sa campagne électorale.
9.2 | Ministère Jospin : 1997-2002 |
Le 21 avril 1997, Jacques Chirac prononce la dissolution de l’Assemblée nationale, estimant qu’un soutien renouvelé des électeurs est nécessaire pour poursuivre les réformes entamées et que les négociations sur l’entrée en vigueur de la monnaie unique européenne doivent se dérouler en dehors de toute échéance électorale. La victoire de la gauche aux élections législatives le contraint à nommer le socialiste Lionel Jospin au poste de Premier ministre le 2 juin 1997.
Affaibli par l’échec de la dissolution et confronté à la cohabitation avec un gouvernement de gauche, il doit accepter le remplacement à la tête du RPR d’Alain Juppé par Philippe Séguin, avec lequel les relations ont parfois été difficiles. Cependant, il se prononce pour une cohabitation « constructive « et intervient à plusieurs reprises dans les grands débats de société, multipliant les mises en garde à l’encontre du gouvernement, sur le passage aux trente-cinq heures ou le problème de l’insécurité en particulier. Au lendemain des élections régionales de mars 1998, Jacques Chirac est contraint d’intervenir pour condamner les dirigeants de la droite qui acceptent le soutien du Front national. Il se pose ainsi en garant de la morale républicaine, tout en s’attachant à fédérer l’opposition derrière lui. En 1999, l’incapacité de la droite à former une liste unique pour les élections européennes, les divisions et divergences entre ses principaux dirigeants (démission de Philippe Séguin de la présidence du RPR en avril) et l’échec de la liste RPR-Démocratie libérale à ces mêmes élections, puis la formation par Charles Pasqua d’une formation rivale, affaiblissent encore sa position.
Mis en cause en septembre 2000 par les aveux posthumes de Jean-Claude Méry, le financier occulte du RPR, affirmant que les fonds détournés des HLM de Paris auraient été ensuite répartis entre divers partis, dont le RPR, Jacques Chirac refuse en mars 2001 de se rendre à une convocation du juge Halphen qui entend l’auditionner en qualité de témoin. Le président invoque la Constitution et notamment le principe de la séparation des pouvoirs, qui donne au président en exercice une immunité durant le temps de son mandat. La question du statut pénal du chef de l’État, également cité dans des instructions portant sur les marchés publics d’Île-de-France et sur l’office HLM de Paris, est alors soulevée de manière récurrente — un député socialiste rédige une « proposition de résolution « visant à traduire le chef de l’État devant la Haute Cour de justice — jusqu’à ce que la Cour de cassation rende un arrêt de principe en octobre 2001, qui confirme son immunité. Il stipule que le président de la République ne peut être cité devant la justice d’aucune manière que ce soit et devant la Haute Cour de justice seulement en cas de haute trahison. En revanche, toujours selon cet arrêt, il peut être jugé comme un citoyen ordinaire à la fin de son mandat, l’instruction reprenant là où elle en était sans que les faits ne soient prescrits.
10 | LE QUINQUENNAT : 2002-2007 |
Le 21 avril 2002, Jacques Chirac arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 19,88 p. 100 des suffrages, ce qui représente toutefois le score le plus faible de l’histoire de la Ve République pour un président sortant. Surprenant à bien des égards, le second tour l’oppose non au Premier ministre sortant, le candidat socialiste Lionel Jospin, mais au candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen. Après avoir refusé le traditionnel débat télévisé de l’entre-deux-tours face à ce dernier, Jacques Chirac axe sa campagne sur le rejet de l’extrême droite et la défense des « valeurs humanistes qui sont au cœur de notre identité française et républicaine «, tout en refusant de modifier son programme pour l’adapter à l’électorat de gauche susceptible de se reporter sur sa candidature. Bénéficiant d’une importante mobilisation populaire et de l’appel de l’ensemble de la classe politique (à l’exception d’Arlette Laguiller) à « faire barrage à l’extrême droite «, il remporte le second tour, le 5 mai 2002, avec le score le plus élevé enregistré dans l’histoire de la Ve République : 82,21 p. 100 des suffrages exprimés.
10.1 | Ministère Raffarin : 2002-2005 |
Après la démission de Lionel Jospin, le 6 mai 2002, Jacques Chirac nomme au poste de Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, président Démocratie libérale (DL) du Conseil régional de Poitou-Charentes. Au mois de juin, les élections législatives donnent à l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), constituée autour de Jacques Chirac, la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Après cinq années de cohabitation, le président de la République dispose à nouveau d’un gouvernement et d’une majorité qui le soutiennent, cette dernière s’organisant au sein de l’Union pour un mouvement populaire (UMP). Sur le plan international, Jacques Chirac se prononce fermement en 2003 contre « une décision unilatérale de recours à la guerre « pour désarmer l’Irak et renverser Saddam Hussein. En mars 2004, au lendemain de la victoire de la gauche aux élections régionales et cantonales, il reconduit Jean-Pierre Raffarin dans ses fonctions. Au mois de mai 2005, le référendum sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe, voulu par Jacques Chirac, se solde par la victoire du « non «.
10.2 | Ministère Villepin : 2005-2007 |
Deux jours après le rejet du traité européen, Jacques Chirac nomme Dominique de Villepin au poste de Premier ministre, avec pour objectif de donner une « nouvelle impulsion « à l’action gouvernementale. Alors que Jacques Chirac apparaît affaibli sur la scène politique française et européenne par le résultat du référendum et qu’il bat des records d’impopularité, le nouveau Premier ministre forme un gouvernement constitué majoritairement de chiraquiens fidèles, dont le principal objectif consiste à faire baisser le chômage. Opposé à ce que Nicolas Sarkozy soit à la fois à la tête de l’UMP et ministre, Jacques Chirac se résout à le rappeler dans le gouvernement de Dominique de Villepin au ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire. Leur inimitié est ancienne (Nicolas Sarkozy qui a soutenu Édouard Balladur en 1995 est qualifié de « traître « par le chef de l’État), mais c’est pourtant Nicolas Sarkozy qui s’impose comme candidat de l’UMP et qui succède à Jacques Chirac en mai 2007 à la présidence de la République.
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