Chine: 1992-1993 Prémices d'un retour en force
Publié le 13/09/2020
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Chine 1992-1993
Prémices d'un retour en force
En Thaïlande, la Bangkok Bank, première banque commerciale d'Asie
du Sud-Est, appartient à un Chinois
émigré en 1927.
C'est un Teochiu, tout comme le patron du plus gro
s conglomérat industriel de
Thaïlande.
Bangkok Land, autre conglomérat possédé par un Te
ochiu, va construire entre 40 000 et 80
000 appartements à Pékin! Les Chinois d'outre-mer sont trente mill
ions.
Ils sont enracinés dans des pays
bien différents.
Le groupe ethnique des Hakkas, émigrés qui dé
jà en Chine étaient considérés comme de
pauvres hères sans pénates, au point qu'on les appelait et qu'on l
es appelle encore péjorativement Kejia,
les "hôtes", dans leurs régions d'accueil, ont donné un maît
re à la Birmanie, le général Ne Win, un
président à Singapour, Lee Kuan-yew, le président de Taïwan,
Lee Teng Hui.
Et, avant la Seconde Guerre
mondiale, le banquier Song de Shanghaï, qui avait marié l'une de s
es filles à Tchiang Kaishek, chef du
Guomindang, et une autre, Song Ching-ling, à Sun Yatsen, fondateur de
la République en 1911, qui,
devenue veuve, devait finir ses jours comme vice-présidente de la Chi
ne populaire.
Teochiu et Hakkas,
mais aussi bien d'autres émigrés ont été depuis les année
s soixante-dix des piliers de la croissance
économique des "petits dragons", si ce n'est son principal moteur.
L'ouverture de la Chine continentale offre aux dizaines de milliers de l
eurs descendants, entrepreneurs et
banquiers, l'occasion de revenir au pays de leurs racines et d'y faire d
es affaires encore plus
prometteuses que celles qui avaient permis à leurs pères de bât
ir des fortunes considérables.
Le produit
brut annuel engendré par les Chinois d'outre-mer, Taïwan et Hong K
ong compris, a été estimé en 1992 à
400 milliards de dollars, soit presque autant que celui de la Chine popu
laire ou que celui de toute l'Asie
orientale non communiste, Japon exclu! Il est apparu que ces Chinois ser
aient bien capables, si Pékin les
laissait faire comme on le croit, de dynamiser à son tour l'immense C
hine continentale.
L'appréhension de
la complexité des relations familiales, claniques, provinciales, les
liens entre condisciples, a semblé
essentielle à la compréhension en profondeur du fonctionnement des
transformations économiques à
l'oeuvre.
Dynamisme économique et conservatisme politique
La Chine populaire n'aurait cependant besoin des anciens émigrés q
u'à la marge, car elle s'est mise toute
entière à fonctionner comme eux.
A partir de 1991, la croissance é
conomique du pays a étonné.
Elle a
été de 12,8% en 1992 (prévision: 6%).
L'objectif a été
révisé à la hausse (8,5%) pour 1993, mais au
premier trimestre elle arrivait déjà à 14%.
Celle de Shangaï
a atteint 27% en 1992, celle de la Chine du
Sud entière 32%.
Les hommes d'affaires mondiaux ont recommencé à
crier au marché chinois
"inépuisable".
55 milliards de dollars de contrats ont été sign
és avec l'étranger en 1992.
Cette même
année, la Chine a effectué 60% de ses échanges à l'intéri
eur de l'Asie, ne dépendant plus, comme
précédemment, des États-Unis, voire de l'Europe pour se déve
lopper.
Par ailleurs, elle a laissé se
développer le commerce frontalier avec la Russie, voire la péné
tration de commerçants chinois dans le
chapelet des villes qui jalonnent le parcours du Transsibérien.
Profi
tant de la dépréciation continue du
rouble alors que le yuan est resté stable, on a vu des négociants
issus du Heilongjiang acheter maisons et
magasins à Krasnoïarsk ou Novosibirsk.
Il est ainsi apparu clairem
ent que la stratégie à long terme du
pays dériverait inéluctablement de ce qu'il a entrepris de mettre
en place: une économie de plus en plus
performante, une puissance militaire et commerciale de niveau équival
ent, chacun des trois secteurs
devant à terme être en rapport avec le poids de la démographie.
Le 14 e congrès du Parti communiste chinois (PCC), en octobre 1992,
a dominé l'année 1992.
D'aucuns
avaient espéré qu'il ouvrirait des perspectives politiques claires
.
Il s'est clos sur un bilan en demi-teintes.
Des "conservateurs" ont été mis à l'écart, mais les conserva
teurs sont demeurés présents dans les plus
hautes instances du Parti, c'est-à-dire le Comité permanent (7 me
mbres) du Bureau politique (20
membres) issu du Comité central (189 membres).
Ancrés dans la p
yramide à degrés de pouvoir
descendant, constituée de 52 millions de membres du PCC (avec les fa
milles, au bas mot 150 millions de
personnes), constituant toujours la seule force politique de ce pays de
1,155 milliard d'habitants
(officiellement) tant que l'armée lui restera associée et tant q
ue la paysannerie ne grondera pas.
C'est du
Parti communiste qu'ont encore relevé des décisions relatives aux
investissements étrangers et la.
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