Chine: 1988-1989; Crise et répression
Publié le 13/09/2020
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Chine 1988-1989
Crise et répression
Les graves tensions économiques et sociales que la Chine a connues en
1988 et au début de l'année 1989
ont provoqué à Pékin le soulèvement populaire le plus import
ant depuis la fondation de la République
populaire de Chine (1949).
L'écrasement du mouvement dans le sang a
sonné le glas, sans doute
provisoire, des espoirs de démocratisation du régime qui s'étai
ent exprimés place Tien Anmen, à Pékin,
pendant près de deux mois.
Dès l'annonce de la mort de Hu Yaobang, qui avait été évincé
de son poste de secrétaire général du Parti
communiste en 1987, l'agitation avait commencé dans les université
s et les premières manifestations
avaient eu lieu devant le siège du Parti et du gouvernement, à Pé
kin.
Face à la corruption d'une partie
importante du personnel politique, à l'immobilisme, les étudiants
chinois réclamaient une réforme
politique que les dirigeants les plus conservateurs n'avaient jamais acc
eptée, la liberté de parole, la
liberté de la presse, une lutte effective contre la corruption.
Dix a
nnées de réforme économique et
d'ouverture les avaient sensibilisés aux valeurs "occidentales" de li
berté et de démocratie, et l'exemple
des réformes en Europe de l'Est - la promesse d'un certain multiparti
sme en Hongrie, la déstabilisation et
la tenue d'élections "libres" en URSS - leur semblaient un modèle
de ce qui aurait pu être fait en Chine.
En dépit de la publication d'un éditorial très dur dans le Quot
idien du peuple, les dirigeants chinois ont
choisi dans un premier temps, avant la venue à Pékin de Mikhaïl
Gorbatchev (en mai), de ne pas
intervenir.
Les pétitions et les manifestations d'étudiants et de
journalistes qui se succédaient ont pris de
l'ampleur, rencontrant les préoccupations et la sympathie de la popul
ation de Pékin.
Le 13 mai, devant le
refus de dialogue du gouvernement, 3 000 étudiants commençaient un
e grève de la faim.
Un pouvoir divisé
La visite de Mikhaïl Gorbatchev, très perturbée par les manifes
tations et l'occupation de la place Tien
Anmen a sans doute exacerbé les réactions des dirigeants chinois l
es plus conservateurs.
L'appel des
manifestants à M.
Gorbatchev et la confusion qui régnait à Pé
kin sous les yeux de centaines de
journalistes étrangers sont apparus aux dirigeants chinois comme "une
atteinte à l'image internationale et
au prestige de la Chine".
Dès après le départ de la délégation soviétique, le se
crétaire général du parti, Zhao Ziyang, qui avait
accepté de se rendre auprès des étudiants grévistes de la fa
im disparaissait, sans doute placé en
résidence surveillée.
Après un discours très dur du Premier
ministre Li Peng ayant à ses côtés le général
Yang Shangkun, vice-président de la Commission militaire centrale, la
loi martiale était proclamée le 20
mai sans pouvoir, dans un premier temps, être appliquée.
Alors que
l'occupation de la place Tien Anmen,
les manifestations de masse et les scènes de fraternisation avec les
troupes de Pékin chargées de faire
appliquer la loi martiale se poursuivaient, une lutte au sommet semblait
se dérouler, en l'absence de
toute apparition publique des dirigeants chinois.
Après l'éliminat
ion de Zhao Ziyang dont le programme de
radicalisation des réformes politiques inquiétait les conservateur
s, le pouvoir s'est trouvé rassemblé entre
les mains de la vieille garde "traditionaliste", soudée par un passé
révolutionnaire commun et par de
nombreux liens de parenté.
Deng Xiaoping, attaché à ses idéa
ux communistes et au pouvoir, a accepté
d'écraser dans le sang un mouvement qui lui apparaissait comme une te
ntative de manipulation et de
coup de force des réformistes radicaux.
Mouvement que lui-même ava
it su utiliser en 1976, puis en 1979,
pour imposer son retour au pouvoir.
La nomination de Jiang Zemin, ancien ministre de l'Électronique et re
sponsable de la Commission d'État
pour l'import-export et les investissements étrangers, au poste de se
crétaire général du PC à la place de
Zhao Ziyang - accusé d'être directement responsable des évén
ements -, a pu apparaître comme une
tentative de compromis entre les tenants d'une ligne dure, prêts à
abandonner toute réforme et à fermer
à nouveau la Chine aux influences étrangères, et Deng Xiaoping,
qui espérait que des réformes
économiques - ralenties - et, surtout, la coopération avec l'ét
ranger pourraient se poursuivre après le 4
juin 1989..
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