Chili: 1999-2000 - Maintien du centre gauche au pouvoir
Publié le 13/09/2020
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Chili 1999-2000
Maintien du centre gauche au pouvoir
La campagne pour la présidentielle du 12 décembre 1999 a paradoxal
ement bénéficié de l'éloignement du
général Augusto Pinochet, qui avait été arrêté au Roya
ume-Uni en octobre 1998 sous le coup d'une
procédure d'extradition lancée par le juge espagnol Baltasar Garzó
n concernant les crimes contre
l'humanité commis sous sa dictature (1973-1990).
Le socialiste Ricardo Lagos, grand vainqueur en mai 1999 des primaires d
e la Concertation, coalition
dirigeante formée autour du camp socialiste et de la Démocratie ch
rétienne (DC) à la fin de la dictature,
caracolait en tête des sondages.
À partir de septembre cependant,
il s'est vu rattrapé par Joaquín Lavín,
candidat unique de l'Alliance pour le Chili, réunissant la droite pin
ochétiste d'Union démocrate
indépendante (UDI) et Rénovation nationale, favorable à la dé
mocratisation des institutions.
Les deux
candidats ont soigneusement évité de remuer le passé.
R.
Lagos
ne souhaitait pas être associé à la
période troublée du mandat de Salvador Allende (1970-1973) et J.
Lavín se présentait comme "apolitique"
afin d'attirer les suffrages des électeurs de centre droit, opposé
s à l'autoritarisme mais ne partageant pas
toutes les options du progressiste R.
Lagos.
De plus, le contexte éco
nomique difficile, après plus de dix
ans de croissance soutenue, avait usé le gouvernement d'Eduardo Frei,
remanié en juin puis en août
1999 pour améliorer sa gestion de l'affaire Pinochet et des conflits
sociaux.
J.
Lavín, bénéficiant d'importants moyens publicitaires, a impo
sé un style populiste fondé sur la promesse
de réponses immédiates aux attentes de la population (santé, é
ducation, sécurité).
Au premier tour, il a
réussi, avec 47,51 % des voix, à mettre en ballottage R.
Lagos (4
7,96 %), dépassant le score historique
de la droite chilienne.
R.
Lagos s'est vu forcé d'adopter le style de
son rival, non sans tension au sein de
la Concertation, et d'obtenir le soutien sans équivoque de la DC.
Que
lques jours à peine avant le second
tour du 16 janvier 2000, le ministre de l'Intérieur britannique annon
çait son intention de libérer pour
raisons de santé le général Pinochet, qui attendait le jugement
d'extradition de la Haute Cour de Londres
après le rejet le 8 octobre 1999 de son appel devant les Lords de jus
tice sur la recevabilité de la demande
d'extradition.
Élu avec 51,3 % des suffrages, R.
Lagos a réaffirmé
qu'il veillerait à ce que la justice
s'exerce sans pression, s'engageant à dénoncer publiquement celles
que tenteraient d'exercer les forces
armées et la droite.
Le retour de Pinochet, une semaine avant la passation des pouvoirs le 11
mars 2000, a été un succès
pour le gouvernement Frei, qui en avait fait l'un des objectifs de sa de
rnière année de mandat.
De plus,
malgré sa démonstration de force, symbolique, lors de l'arrivée
du général, visiblement moins diminué
que ne le laissaient croire les rapports médicaux, la hiérarchie m
ilitaire s'est bornée à annoncer qu'elle
défendrait celui-ci dans les limites de la légalité.
De son cô
té, la droite, désireuse d'accélérer le retrait
politique d'A.
Pinochet, pour mieux démarrer sa campagne en vue des m
unicipales d'octobre 2000, a
proposé fin mars un accord de "paix sociale" pour terminer la transit
ion, fondé sur l'abandon des
poursuites contre l'ancien chef de la dictature, en échange de son so
utien à une réforme constitutionnelle
(pour éliminer une partie des "enclaves autoritaires"), ainsi qu'au
x grandes réformes sociales promises
aux électeurs.
Le 5 juin 2000, la cour d'appel de Santiago a levé
l'immunité parlementaire d'A.
Pinochet,
qui avait été nommé sénateur à vie en mars 1998.
Cette se
ntence a été confirmée en appel par la Cour
suprême, le 8 août 2000.
Un accord entre forces armées et dé
fenseurs des victimes de la dictature,
négocié par la Table de dialogue mise en place en août 1999, es
t intervenu le 13 juin 2000.
Dès le 21
juin, le Congrès adoptait une loi accordant l'anonymat aux personnes
apportant des informations sur le
sort des disparus.
Sur le plan économique, malgré la diminution du PIB de 1,5 % au tr
oisième trimestre par rapport à la
même période de 1998, la réactivation s'est matérialisée
fin 1999 par un excédent commercial sur les dix
premiers mois de l'année.
Après avoir plus que doublé entre dé
cembre 1998 et août 1999, le chômage a
commencé sa décrue (11 % en octobre 1999).
Dans le budget 2000,
les dépenses ont augmenté à un
rythme inférieur à la croissance prévue afin de résorber le
déficit budgétaire 1999 (0,6 % du PIB), mais
elles ont été consacrées aux deux tiers aux politiques sociales
(augmentation de 7 % en termes réels
pour l'éducation)..
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