Databac

Chateaubriand a écrit : « Oh ! argent que j'ai tant méprisé et que je ne puis aimer quoi que je fasse, je suis forcé d'avouer pourtant ton mérite : source de la liberté, tu arranges mille choses dans notre existence, où tout est difficile sans toi. Excepté la gloire, que ne peux-tu pas procurer ? Avec toi on est beau, jeune, adoré ; on a considérations, honneurs, qualités, vertus. Vous me direz qu'avec de l'argent on n'a que l'apparence de tout cela : qu'importe si je crois vrai ce qu

Publié le 09/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Chateaubriand a écrit : « Oh ! argent que j'ai tant méprisé et que je ne puis aimer quoi que je fasse, je suis forcé d'avouer pourtant ton mérite : source de la liberté, tu arranges mille choses dans notre existence, où tout est difficile sans toi. Excepté la gloire, que ne peux-tu pas procurer ? Avec toi on est beau, jeune, adoré ; on a considérations, honneurs, qualités, vertus. Vous me direz qu'avec de l'argent on n'a que l'apparence de tout cela : qu'importe si je crois vrai ce qui est faux ? ». Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Le libellé demande expressément d'expliquer la pensée de Chateaubriand : cette exigence est motivée par la longueur de la citation (nous rencontrons là une difficulté habituelle pour ce type de sujet. De plus, cette étape évite la précipitation d'une réaction trop vive, préjudiciable à la qualité de la réflexion. L'auteur fait l'éloge de l'argent dont le pouvoir s'exerce dans tous les domaines de la vie : ceux qui relèvent de la nature des choses et qui normalement échappent à toute influence : jeunesse, beauté, amour. Ceux qui procèdent d'une vie sociale : honneurs, considérations. La tonalité lyrique, avec le tutoiement passionné, étonne parce qu'elle s'adresse à l'argent, réalité à priori dépourvue de poésie. Il est vrai que la fièvre de l'or a grisé bien des esprits, bien des personnages de roman ou de théâtre. Plusieurs restrictions, plusieurs nuances atténuent cependant le panégyrique : le début du texte pose de façon irrémédiable la non-adhésion sentimentale, l'estime refusée. La phrase se présente comme un bilan avec le passé composé, « j'ai tant méprisé », attitude qui se perpétue au moment où Chateaubriand écrit ces lignes « je ne puis aimer ». L'expression « quoi que je fasse » suggère des efforts non récompensés, comme si l'auteur, empêtré dans les difficultés de l'opposition au régime des Ordonnances et plus généralement à une Restauration qu'il appela pourtant de ses voeux, regrettait ses scrupules de conscience. L'existence eût été plus facile pour le pair de France qui, par conviction, abandonne titre et pension. Le libellé demande de se référer à des exemples. L'élève ne connaît peut-être pas les détails de la vie de Chateaubriand, son existence difficile lorsqu'il se réfugie en Angleterre en 1793 ou ses ambitions politiques. Mais les oeuvres littéraires qui parlent de l'argent sont multiples, nous en donnons un aperçu dans le plan qui suit. L'élève aura soin d'y ajouter des illustrations plus ancrées dans l'actualité.

« étude de la citation et du libellé Le libellé demande expressément d'expliquer la pensée de Chateaubriand : cette exigence est motivée par la longueur de la citation (nous rencontrons làune difficulté habituelle pour ce type de sujet.

De plus, cette étape évite la précipitation d'une réaction trop vive, préjudiciable à la qualité de la réflexion.L'auteur fait l'éloge de l'argent dont le pouvoir s'exerce dans tous les domaines de la vie : ceux qui relèvent de la nature des choses et qui normalementéchappent à toute influence : jeunesse, beauté, amour.

Ceux qui procèdent d'une vie sociale : honneurs, considérations.La tonalité lyrique, avec le tutoiement passionné, étonne parce qu'elle s'adresse à l'argent, réalité à priori dépourvue de poésie.Il est vrai que la fièvre de l'or a grisé bien des esprits, bien des personnages de roman ou de théâtre.Plusieurs restrictions, plusieurs nuances atténuent cependant le panégyrique : le début du texte pose de façon irrémédiable la non-adhésion sentimentale,l'estime refusée.

La phrase se présente comme un bilan avec le passé composé, « j'ai tant méprisé », attitude qui se perpétue au moment où Chateaubriandécrit ces lignes « je ne puis aimer ».

L'expression « quoi que je fasse » suggère des efforts non récompensés, comme si l'auteur, empêtré dans les difficultésde l'opposition au régime des Ordonnances et plus généralement à une Restauration qu'il appela pourtant de ses voeux, regrettait ses scrupules deconscience.

L'existence eût été plus facile pour le pair de France qui, par conviction, abandonne titre et pension.Le libellé demande de se référer à des exemples.

L'élève neconnaît peut-être pas les détails de la vie de C hateaubriand, son existence difficile lorsqu'il se réfugie en Angleterre en 1793 ou ses ambitions politiques.Mais les oeuvres littéraires qui parlent de l'argent sont multiples, nous en donnons un aperçu dans le plan qui suit.

L'élève aura soin d'y ajouter desillustrations plus ancrées dans l'actualité. plan détaillé • Première partie : le pouvoir de l'argent — Le XIXe siècle, tout entier, reconnaît le pouvoir de l'argent.

Les hommes de lettres observent l'instauration du capitalisme moderne.

La hiérarchie sociales'organise autour de la fortune.

On connaît le fameux « enrichissez-vous » de Guizot.Les banquiers sont au centre des romans : Balzac dépeint avec une grande précision le « puff financier » de Nucingen.

On penserait aussi dans le roman deStendhal, au pouvoir de Monsieur Leuwen qui contrôle le monde politique.

Le banquier apparaît comme le véritable maître de la société.Quels sont les signes de ce pouvoir ?— L'argent supprime les contraintes matérielles.

Le pauvre, soumis au soutien de sa subsistance, de sa survie même, ne connaît pas une telleémancipation.

Le XIXe siècle, qui analyse le capitalisme naissant, le fonctionnement de la bourse et des grandes banques se penche aussi sur lesdéshérités : le roman Les Misérables de Hugo décrit bien évidemment ces difficultés qui font tomber dans la déchéance puis dans la mort Fantine, quienvoient Jean V aljean au bagne...

On pourrait faire aussi allusion aux ouvriers de Zola qui se débattent dans les pires conditions de dénuement.— Mais il ne faudrait pas se limiter à une étude centrée sur le siècle dernier.

Dès le XVIIe siècle, La Bruyère constate que « la considération » est fortementconditionnée par l'argent, il tient lieu de personnalité.

Dans les Caractères, Giton n'a intrinsèquement aucune valeur mais il s'impose aux autres par le seulpouvoir de sa richesse : « On est de son avis, on croit les nouvelles qu'il débite.

» Son entourage s'incline devant lui et par flatterie le reconnaît commehomme remarquable.— Le XXe siècle donne encore des exemples de personnalités dont le nom synonyme de richesse, de puissance, (Rothschild, Onassis) fascine et confèrehonneurs, qualités, vertus ou du moins considération.On voit donc que la richesse correspond à un pouvoir social mais affecte aussi le plus profond de l'homme, sa personnalité, par l'intermédiaire du regardd'autrui. • Deuxième partie : les restrictions de l'auteur — La gloire.

Chateaubriand pense sans doute à l'épopée napoléonienne toute proche.

Il s'oppose à l'empereur mais ne peut s'empêcher de l'admirer : «Retomber de Bonaparte et de l'Empire à ce qui les a suivis, c'est tomber de la réalité dans le néant, du sommet d'une montagne dans un gouffre.

» De lagloire de l'homme politique à celui de l'homme de lettres, il n'y a qu'un pas.

Chateaubriand tente de le franchir dans les Mémoires d'Outre-Tombe.— La considération née de la fortune et non du mérite n'est qu'apparente.

La littérature insiste souvent sur la fragilité des biens ainsi accumulés (onpenserait au Faust de Goethe).

Mais Chateaubriand repousse cette objection : « Qu'importe si je crois vrai ce qui est faux.

» Reprenons l'exemple de Giton.Certes, La Bruyère et le lecteur connaissent la piètre valeur du personnage.

C ependant, une phrase comme « il se croit des talents et de l'esprit » soulignele passage de l'illusion à la conviction.

A force de singer la soumission, l'entourage de Giton finit par croire en ses qualités, surtout le personnage lui-mêmeest certain là de ses qualités et du bien-fondé de sa suprématie.— Tout en reconnaissant le « mérite » de l'argent, Chateaubriand refuse de l'aimer.

Il y a peut-être là une survivance duEssai 167moralisme chrétien qui célèbre la vertu de la pauvreté et qui chante les humbles.

Sur un autre mode, l'or est lié à la malédiction dans le livre de BlaiseCendrars : Suter dont la curieuse destinée veut qu'il soit ruiné par la ruée vers l'or sombre dans la folie et la déchéance. • Troisième partie : jugement sur la citation — On met en doute la liberté issue d'une grande richesse.

La crainte de tout perdre dérègle l'individu, le rend esclave de son bien.

Lorsque dans L'Avare deMolière, Harpagon perd sa cassette, il se considère comme un homme mort, ne sait plus où il est et en vient à maudire son fils.

Une telle dépendances'explique par le fait que l'argent a pris possession de toute la personnalité.

L'homme se trouve alors réduit à sa seule condition, « il est riche » comme ledit la phrase explicative qui conclut le portrait de Giton (La Bruyère).

La même désespérance se retrouve chez César Birotteau, dans le roman de Balzac,lorsqu'il se rend compte que le bal l'a entraîné dans des dépenses telles que la confiance des banquiers lui est retirée.

On insisterait alors sur l'aliénation.Par contrepoint, un bref portrait de l'homme libre de toute possession peut être dressé : Rimbaud, Ma Bohême ou Rousseau.— La solitude : « De telles gens ne sont ni parents, ni amis, ni citoyens, ni chrétiens, ni peut-être des hommes : ils ont de l'argent », écrit La Bruyère.

Eneffet, l'isolement s'abat sur le riche qui perd son argent, mais ce n'est que la conséquence d'une situation antérieure : au comble de la richesse, les rapportssociaux sont faussés.

Par l'hypocrisie de l'entourage (Bel Ami, George Duroy, avec le banquier Walter), mais aussi parce que le riche s'est lui-même coupéde ses proches (cf.

Harpagon). En conclusion — Enfin, il serait bon de prendre position clairement : on approuve la pensée de l'auteur et même, si on le souhaite, on s'affranchit des restrictions, ensoulignant, comme le firent les encyclopédistes, les bienfaits du commerce et de l'enrichissement.Ou bien l'on reconnaît que Chateaubriand voit juste, tout en le regrettant.Ou bien l'on adopte une position moraliste telle qu'elle s'exprime chez Rousseau et qui vante l'indépendance de celui qui n'a rien à perdre.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles