Charles Richet
Publié le 16/05/2020
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Charles Richet1850-1935
La vie, l'Oeuvre, la pensée de Charles Richet mettent l'historien des sciences en présence, non seulement d'un probe et grand savant,mais encore d'un de ces hommes complets dont la Renaissance nous fournit tant d'exemples, et dont l'ensemble des dons et desqualités tend à réaliser les plus hautes virtualités de l'espèce humaine.
Charles Richet, professeur de physiologie, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine, prix Nobel, fut, au coursd'une longue et laborieuse vie, le vivant et agissant exemple de ce type "d'humaniste" que les Platon, les Aristote, les Erasme, lesDescartes ont, tour à tour, tenté de définir et d'enrichir.
Un résumé de sa vie, de ses travaux, de sa carrière est la plus éloquente leçon de choses que nous puissions proposer à ceux qui,comme lui, servent et révèrent la science, la paix, l'humanité.
Cette diversité des domaines où son intelligence s'est complu, puise en effet son origine dans une ascendance richement dotée oùl'intelligence médicale du père se rencontrait avec les penchants philosophiques et littéraires d'un aïeul maternel, haut magistrat.
Charles Richet naquit à Paris le 26 août 1850, et toute sa carrière scientifique et familiale devait se dérouler entre son laboratoire et cettemaison de la rue de l'Université, si riche en dignité et en souvenirs.
Après de bonnes études au lycée Bonaparte et après avoir hésitéentre les vocations qui se disputaient sa ferveur juvénile, il choisit la Médecine.
Fait à noter et à retenir, car il éclaire une des orientationsimportantes de cette carrière : dès sa première année d'internat, il est vivement attiré par ce que l'on pourrait appeler les phénomènespsycho-physiologiques en marge de la vie psychique normale et qu'il dénomma plus tard : la métapsychie.
Mais c'est tout pénétré des leçons du fondateur de la médecine expérimentale, de Claude Bernard, que Richet s'efforça de continuer uneméthode grâce à laquelle la médecine et la biologie allaient prendre leur plein épanouissement.
Il abandonne de bonne heure la chirurgie pour la physiologie, travaille avec Marey, s'oriente d'abord vers la chimie biologique.
A sesrecherches sur le suc gastrique, auxquelles Claude Bernard et Marcelin Berthelot s'intéressent, succède l'étude des ferments lactiques qui,dès 1883, le conduit, en collaboration avec Henriot, à la découverte du chloralose, hypnotique précieux dans les recherches de vivisection.
Après avoir pris comme sujet de sa thèse en médecine : Des études expérimentales en clinique sur la sensibilité, il passe son doctorat èssciences et devient agrégé de médecine.
Il poursuit alors des recherches sur la polypnée thermique, publie, en 1885, un Essai depsychologie générale où il professe une sorte de finalisme galénique et commence, à Milan, avec Lombroso et Schiaparelli, sesinvestigations métapsychiques autour du fameux médium Eusapia Paladino.
C'est à ce moment qu'il se lie avec William James, enAmérique, avec Frédéric Myers et Olivier Lodge, en Angleterre.
En 1886 paraissent les travaux de Richet sur la fonction du foie et sur la sérothérapie.
Par des expériences de laboratoire, il met à jourcette loi dont la place est grande en physiologie : "Par l'injection du sang d'un animal immunisé, on transmet au deuxième animall'immunité du premier."
En 1887, Charles Richet est nommé professeur de physiologie à la Faculté de médecine, où il succède à Béclard.
De 1890 à 1900 il étudie,avec Héricourt, la sérothérapie de la tuberculose, fait la première injection à un tuberculeux le 6 décembre 1890, à l'Hôtel-Dieu, dans leservice de Verneuil et devient l'apôtre, après l'échec de cet essai, d'une méthode curative par la viande crue, qu'il dénomme"zomothérapie".
En 1893, il commença son Dictionnaire de physiologie, interrompu par la guerre de 1914.
En 1902, avec Portier, au cours d'une croisière enMéditerranée, Richet établit, pour la première fois, ce principe dont on sait quel fut le retentissement : "Les substances hétérogènescolloïdales injectées pour la seconde fois à un animal ont une action mortelle à une dose bien plus faible que celle de la première doseminima mortelle." C'était la découverte de l'anaphyluxie qui devait contribuer à illustrer son nom.
Durant les mêmes années, Richet s'inscrit au livre d'or des précurseurs de l'aviation et réalise un aéroplane dont la construction futabandonnée au moment où les frères Wright firent leur premier vol.
Ce savant, ce médecin, ce physiologiste fut aussi un écrivain et un poète.
Charles Richet écrivit une Circé que joua la grande SarahBernhardt, et une pièce, l'Enquête, qui eut un grand succès.
Poète, il le fut quand, membre de l'Académie des sciences, il traitaitanonymement l'éloge de Pasteur que l'Académie française proposait pour son prix de poésie, et remportait ce prix.
Dès 1884, aux côtés de Frédéric Passy, il prenait rang parmi les propagandistes de l'arbitrage international.
En 1900, il rassemblait dansson livre Pour la paix, les articles, les appels, les hautes méditations qu'il avait consacrés à ce problème.
Qu'eût-il pensé s'il lui eût été donné de traverser l'affreuse épreuve de 1939-1945, de voir la barbarie la plus sinistre et la plus impudentes'abattre sur son pays et jusque dans sa propre famille ? Qui peut ignorer que cette famille, animée des vertus de Richet, s'est inscriteavec éclat au martyrologe de la patrie ?
Chargé d'ans, chargé d'Oeuvres, Charles Richet est mort en 1935, alors que d'obscures inquiétudes tourmentaient un monde qui, certes,n'était pas en marche vers le rêve fraternel des sages.
Il fut lui-même un Sage, au sens hellénique comme au sens français du mot.
Il futaussi un "humain", ce professeur qui, en descendant de sa chaire, disait à ses étudiants : "Pour les misères morales ou physiques deshommes, soyez bons et pitoyables, et vous aurez réalisé l'idéal du vrai médecin si, avec l'amour de l'humanité, vous avez l'amour de lascience."
L'exemple qu'il nous laisse puise surtout sa grandeur dans l'amour que, parfois sceptique, il portait néanmoins aux hommes.
Confiantdans leur devenir, fidèle à sa religion : la science, il accomplit son destin avec la ferveur d'un apôtre, aveugle à toute autre lumière quecelle de la vérité..
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