CHARLES PÉGUY: le militant et l'écrivain
Publié le 09/12/2021
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Unique enfant d'un ménage d'ouvriers, CHARLES PÉGUY est né à Orléans. Sa mère, devenue veuve alors qu'il n'avait que dix mois, se fait rempailleuse de chaises. Il peut, comme boursier, fréquenter le lycée et préparer l'École normale supérieure, où il entre en 1894. Son échec à l'agrégation de philosophie le détourne de la carrière universitaire. Péguy est alors socialiste et lutte pour la révision du procès Dreyfus. Il fonde une maison d'édition avec l'appui de quelques amis politiques. Mais il ne s'entend pas avec eux sur l'orientation de l'entreprise. Il les abandonne et, du même coup, il abandonne le socialisme orthodoxe. En janvier 1900, il réussit à lancer le premier numéro d'une revue indépendante, les Cahiers de la quinzaine. Malgré de grandes difficultés financières, cette revue subsistera jusqu'en 1914. Elle est conçue à l'origine comme un bulletin d'actualités. Puis la formule se modifie, chaque numéro des Cahiers étant consacré à la publication d'une oeuvre originale. C'est dans les Cahiers que paraîtront les œuvres de Péguy, le Jean-Christophe de Romain Rolland, quelques-uns des premiers écrits d'André Suarès, de Julien Benda, de Jérôme et Jean Tharaud. A chacun de ses collaborateurs, Péguy laisse une liberté totale. Cependant la vie de Péguy est traversée de crises intellectuelles et morales : évolution vers le nationalisme, retour à la foi, passion illicite contre laquelle il lutte avec un héroïsme cornélien. Il part avec enthousiasme pour la guerre. Il est tué le 5 septembre 1914.
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CHARLES PÉGUY (1873-1914)
Unique enfant d'un ménage d'ouvriers, CHARLES PÉGUY est né à Orléans.
Sa mère, devenue veuve alors qu'il n'avait quedix mois, se fait rempailleuse de chaises.
Il peut, comme boursier, fréquenter le lycée et préparer l'École normalesupérieure, où il entre en 1894.
Son échec à l'agrégation de philosophie le détourne de la carrière universitaire.
Péguy est alors socialiste et lutte pour la révision du procès Dreyfus.
Il fonde une maison d'édition avec l'appui dequelques amis politiques.
Mais il ne s'entend pas avec eux sur l'orientation de l'entreprise.
Il les abandonne et, du mêmecoup, il abandonne le socialisme orthodoxe.
En janvier 1900, il réussit à lancer le premier numéro d'une revueindépendante, les Cahiers de la quinzaine.
Malgré de grandes difficultés financières, cette revue subsistera jusqu'en 1914.Elle est conçue à l'origine comme un bulletin d'actualités.
Puis la formule se modifie, chaque numéro des Cahiers étantconsacré à la publication d'une oeuvre originale.
C'est dans les Cahiers que paraîtront les œuvres de Péguy, le Jean-Christophe de Romain Rolland, quelques-uns des premiers écrits d'André Suarès, de Julien Benda, de Jérôme et JeanTharaud.
A chacun de ses collaborateurs, Péguy laisse une liberté totale.
Cependant la vie de Péguy est traversée de crises intellectuelles et morales : évolution vers le nationalisme, retour à la foi,passion illicite contre laquelle il lutte avec un héroïsme cornélien.
Il part avec enthousiasme pour la guerre.
Il est tué le 5septembre 1914.
PRINCIPALES OEUVRES
Jeanne d'Arc : drame en trois pièces » (A Domrémy, Les Batailles, Rouen) composé en 1897.
Notre Patrie (1905) : ouvrage inspiré par les menaces de guerre.
Victor=Marie, comte Hugo (1910).
A propos de Victor Hugo, Péguy est amené à mettre en parallèle Corneille et Racine.
Il donne l'avantage à Corneille.
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910).
Le Porche du Mystère de la Deuxième Vertu (1911).
Le Mystère des saintsInnocents (1912).
Ces trois ouvrages sont écrits en prose poétique.
Ce sont essentiellement des méditations sur les vertus théologales : Foi,Espérance et Charité.
Dieu lui-même apparaît et fait sur un ton familier un admirable éloge de la Deuxième Vertu, « lapetite fille Espérance »,
La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc (1912).
La Tapisserie de Notre-Dame (1913).
Eve (1913).
Dans ces trois « tapisseries », Péguy utilise le vers régulier.
On retiendra surtout, dans La Tapisserie de Notre-Dame, laprésentation de Paris, puis de la Beauce à Notre-Dame et dans Eve, le fameux passage où semble se préfigurer le destindu poète : « Heureux ceux qui sont morts pour la tore charnelle.
»
Note sur M.
Bergson (1914).
Péguy compare l'importance de Bergson à celle de Descartes.
Cette idée est reprise dans la Note conjointe.
Quatrains (posthume).
Ces 1104 petites strophes, écrites sur fiches en 1911 et 1912, n'ont jamais été classées par leur auteur.
Toutes sespréoccupations intellectuelles et sentimentales s'y expriment avec une sincérité bouleversante.
LE MILITANT
Péguy n'est pas de ces écrivains dont l'oeuvre s'élabore dans la sérénité.
Il pense et il écrit pour prouver quelque chose,perpétuellement exalté et soutenu par le combat qu'il mène.
Il s'enthousiasme d'abord pour la cause socialiste.
En 1905,la menace d'une guerre avec l'Allemagne éveille le patriotisme de ce révolutionnaire et il devient l'apôtre d'un nationalismevigilant.
A partir de 908, il milite non plus seulement pour sa patrie, mais pour sa foi retrouvée.
Il ne s'est jamais renié lui-même.
Ses enthousiasmes successifs sont moins des conversions que des «approfondissements ».
Il se défend d'être un homme de parti.
Il combat uniquement pour « la mystique », c'est-à-dire pourles principes.
Les manoeuvres obliques, les coalitions d'intérêts, la déloyauté intellectuelle lui répugnent.
Quoi qU'il n'aitpas traité ses adversaires de façon toujours équitable, on l'a respecté pour son irréprochable droiture.
Mais il n'a pas pujouer un rôle de chef, étant suspect aux socialistes à cause de son mysticisme, et aux catholiques à cause de sonsocialisme.
L'ÉCRIVAIN
L'éloquence de Péguy, sa prodigieuse facilité, son incapacité à, s'abstraire de lui-même, sa tendance à, mêler le plaisant etle sublime le rattachent à la tradition romantique.
Mais son mépris de la littérature académique, son extrême spontanéité,ses négligences de langage à une époque où la plupart des Français n'admiraient rien tant que la poésie de Leconte deLisle et la prose d'Anatole France, font de lui un écrivain très moderne.
Son style est à l'image de sa pensée, qui avance enregardant toujours en arrière pour consolider les positions acquises.
De là, cette obstination à reprendre inlassablementles mêmes mots, les mêmes tournures.
De là, ces variations sur un même thème, obsédantes comme des litanies.
De telsprocédés seraient monotones, s'ils n'étaient vivifiés par l'intensité du sentiment.
Assurément l'oeuvre est inégale.
Maisdans ses moments d'inspiration, Péguy n'est pas seulement un poète bouleversant.
Il incarne mieux que personne l'âmepopulaire de la France..
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