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Chapitre sur la science

Publié le 22/06/2024

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« Chapitre sur la science Introduction La science, étymologiquement, désigne le savoir, c’est-à-dire l’ensemble des connaissances humaines.

Ainsi, dès l’Antiquité grecque, dès Platon, le savoir raisonné est assimilé à une science (du grec épistémè), tandis que l’opinion, toujours relative à chacun et sensible, dépend notamment de la croyance (du grec pistis).

Dès cette époque, donc, la science désigne un savoir objectif, intelligible, fondé rationnellement.

Cependant, progressivement, et notamment dès l’apparition de la science moderne au XVIIe siècle, la science se spécifie pour désigner une activité spécifique, celle du chercheur scientifique, en laboratoire (entre autres).

On peut alors employer le terme d’« épistémologie » pour distinguer la connaissance et la théorie scientifique de la connaissance humaine en générale.

La science désigne, dès lors, à présent plus particulièrement une méthode rigoureuse, objective, servant à élucider les phénomènes de la nature pour établir des lois universelles de l’univers, pour comprendre ces phénomènes selon des rapports de cause à effet.

La science est, en bref, la connaissance objective, rigoureuse, et méthodique du réel (en tant que ce réel se rapporte à la nature).

Par ailleurs, ce sont ces savoirs théoriques qui conduisent ensuite à des savoirs appliqués, dans le domaine des sciences appliquées, et qui conduisent notamment à la fabrication d’objets techniques pour améliorer les conditions de vie humaines.

Nous pouvons ainsi comprendre le rapport de corrélation qui existe entre la science et la technique. Si la science, comme activité spécifique, s’apparente à une méthode rigoureuse et objective pour extraire des lois universelles à partir de l’expérimentation sur les phénomènes naturels, alors elle ne se réduit pas à une simple observation.

Autrement dit, la science ne se réduit pas juste à une expérience ou constatation empirique, et suppose au contraire tout un protocole d’expérimentation pour analyser les phénomènes.

Dans ce cadre, les concepts d’expérimentation et d’expérience doivent être distingués en philosophie.

Par conséquent, nous pouvons nous poser les questions suivantes : 1/Pourquoi l’homme est passé de l’observation des faits à la détermination de lois de la nature : soit, qu’est-ce qui fonde la science ? 2/À quoi reconnaît-on la science ? Quelles sont ses caractéristiques qui la différencient d’une autre activité humaine ? 1 3/Est-ce que tous les moyens sont bons en science pour pouvoir connaître la vérité, ou est-ce que le scientifique a des devoirs à respecter ? est-ce qu’il y a une éthique qui doit encadrer la pratique de la science ? Partie 1/ Pourquoi l’homme est passé de l’observation des faits à la détermination de lois de la nature : soit, qu’est-ce qui fonde la science ? a.

L’homme désire naturellement savoir Dès l’Antiquité grecque, les philosophes ont reconnu, parmi lesquels Aristote, que l’homme est naturellement porté au savoir, que l’homme a une tendance naturelle à connaître.

Dans sa Poétique, en effet, Aristote souligne que, du fait de sa tendance naturelle à imiter les autres et parce qu’il apprend par imitation, l’homme est naturellement porté à apprendre et à connaître. Et ce, d’autant plus qu’il éprouve un certain plaisir à apprendre.

C’est la raison pour laquelle, comme le souligne encore Aristote dans son Ethique à Nicomaque, le bonheur de l’homme ou l’accomplissement de sa vie bienheureuse s’effectue dans la vie qu’il nomme « contemplative ».

Autrement dit, toutes les autres activités humaines doivent servir de moyens pour réaliser cette fin en soi, que ce soient la garantie de la santé (par la médecine), l’assurance de la sécurité civile (par les lois politiques), le respect de la justice (par la morale).

Toutes ces activités doivent assurer les conditions de possibilité pour favoriser l’exercice de la pensée.

En bref, dès l’Antiquité, il est reconnu que le bonheur de l’homme semble résider dans sa capacité à savoir.

(voir cours sur le bonheur) b.

La science renonce au questionnement métaphysique de l’existence Cependant, comme annoncé en introduction, la science, désormais, ne s’assimile pas à n’importe quel savoir.

Elle désigne un savoir et une activité spécifiques.

En cherchant à déterminer les lois de la nature à partir de l’examen des phénomènes naturels, au cours d’un protocole d’expérimentation, la science cherche à connaître le comment et renonce au pourquoi.

Soit, elle cherche à comprendre « comment » les phénomènes de la nature sont reliés entre eux, elle cherche à comprendre notamment leurs rapports de causalité.

Ex.

Je fais tomber de mes mains un objet, il est alors systématiquement attiré vers le sol.

La science expliquera que ce rapport de cause (faire tomber l’objet) à effet (l’objet est sur le sol) dépend de la loi de la gravité universelle, découverte par Newton au XVIIe siècle.

Newton n’en est ainsi pas resté à « l’observation » de la pomme qui tombe de l’arbre, il a essayé de trouver une loi de nature universelle derrière ce phénomène, pour pouvoir expliquer également d’autres phénomènes similaires (ex faire tomber un stylo).

Cette loi de nature est celle qu’on désigne sous l’appellation de loi de la gravitation universelle.

En faisant ainsi, la science renonce à s’interroger métaphysiquement sur le « pourquoi » de l’existence humaine : elle ne se demande pas quelles sont les causes de l’existence humaine sur terre, ni quelle est la finalité vers laquelle l’existence humaine tend.

Par exemple, elle ne se demande pas pourquoi le monde a été créé (que ce soit par un Dieu ou autre), mais elle peut se demander comment le monde a été créé (ex avec sa théorie du Big Bang). 2 ➔ Lire et commenter le texte de Pierre Simon de Laplace, célèbre mathématicien et physicien français du XVIIIe-XIXe siècle, connu pour sa théorie d’un déterminisme universel en science : Essai philosophique sur les probabilités, Gauthier-Villars, p.

3 ➔ Commentaire du texte : dans ce texte, Laplace explicite que l’homme, doté d’intelligence, quand il cherche à parfaire cette intelligence, peut réussir à « ramener à des lois générales les phénomènes observés ».

Soit le scientifique se caractérise par le dépassement de la simple « constatation » de phénomènes observés, différents entre eux, pour établir une théorie générale, des lois générales, pour expliquer ce qui revient dans ces phénomènes observés.

En faisant ainsi, de droit, si l’intelligence humaine était parfaite, proche d’une intelligence divine, l’homme pourrait réussir à embrasser toutes les forces de la nature, tous les phénomènes naturels, en une seule formule générale.

L’homme pourrait ainsi tout comprendre, tout connaître : c’est ce que vise la science à son époque.

Ainsi, pour connaître, la science cherche à comprendre les phénomènes par un rapport de cause à effet : « l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre ».

Elle cherche à comprendre le « comment ».

C’est ce qui fonde ici un déterminisme universel : quand on peut tout expliquer par ce « comment », par ces rapports de cause à effet. Partie 2/ À quoi reconnaît-on la science ? Quelles sont ses caractéristiques qui la différencient d’une autre activité humaine ? a.

Le devenir progressif de l’esprit humain selon le positivisme Au XIXe siècle, à une époque où les sciences se diversifient et offrent de nombreux résultats probants, donc à une époque qui a pu voir le « triomphe des sciences », le positivisme issu de la pensée d’Auguste Comte caractérise le primat de la science sur les autres activités humaines.

Ce qui permet aussi de la différencier.

D’après Comte, dans son Cours de philosophie positive, l’esprit humain se serait progressivement développé au cours des siècles en suivant trois stades successifs : l’état théologique (ou fictif), l’état métaphysique (ou abstrait) et l’état scientifique (ou positif).

L’état théologique ou fictif (qui caractérise notamment la période du Moyen-Âge) cherche à expliquer les anomalies, les miracles se produisant dans le monde par l’intervention d’agents surnaturels (par exemple, Dieu).

C’est davantage lié à la religion ici.

L’état métaphysique ou abstrait (qui caractérise entre autres la période des Lumières, avec le développement de la raison humaine) cherche à rendre compte des phénomènes du monde par des entités abstraites, par des idées ou concepts servant à déterminer le « pourquoi » du monde.

C’est notamment ici que le positivisme place la philosophie quand elle cherche métaphysiquement à comprendre le « pourquoi » du monde par certains concepts ou certaines idées (ex l’idée de la création du monde ou cosmogonie ; ex l’idée de l’immortalité de l’âme, etc.).

Enfin, l’état scientifique ou positif désigne l’état du XIXe siècle qui voit la science triompher.

Ce serait l’état le plus certain, le plus rigoureux pour atteindre la vérité.

Auguste Comte le définit ainsi : « dans l’état positif, 3 l’esprit humain, reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude »1. On retrouve, en somme, cette idée vue précédemment chez Laplace que la science ne cherche pas le « pourquoi » (l’origine et la destination de l’univers),.... »

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