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CHAPITRE 9 DU CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

Publié le 15/05/2020

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« CHAPITRE 9 DU CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique) COMPRÉHENSION 1.

Les deux victimes assassinées.

Comme l'indique le titre du chapitre, c'est pour Cunégonde que Candide tue legrand Inquisiteur et le juif.

Ces deux personnages incarnent un statut religieux (voir les premières lignes, avec lesoccurrences " bibliques "), surtout l'Inquisiteur " Candide le nomme " Monseigneur " et " le saint homme " ;Cunégonde," prélat ".

Le souvenir du chapitre VI est constant (" le fessé Candide " ; fin du § 3).

Noter que ces personnagessont assez stéréotypés (colère de l'un, surprise abasourdie de l'autre) et qu'on les réduit à des réactions affectivesou nerveuses.

Le lecteur n'a pas le temps d'avoir de la sympathie (et d'ailleurs pourquoi en aurait-il pour ces deuxhypocrites ?) et, du coup, le geste de Candide paraît à la fois acceptable et quasi sympathique.

C'est le bon contreles méchants.

Enfin, le raisonnement de Candide (§ 3) est très justifié : il doit tuer ou être tué.

Il y a à la foisnécessité, revanche, précaution.2.

Le comportement de Candide.

Il paraît subitement changé, et plus naïf du tout, comme s'en étonne Cunégonde(fin du § 3).

Voltaire souligne ce nouveau visage (" quoiqu'il eût les moeurs fort douces ") et Candide lui-même nefait que se défendre (début) ou se protéger, fort de son expérience (§ 3).

Il faut aussi rappeler que dans le chapitreprécédent, Candide n'a cessé d'entendre les exploits amoureux de Cunégonde, son exploitation par ces faux dévots.C'est au moment où il allait enfin avoir un peu d'intimité avec Cunégonde qu'il fut une nouvelle fois interrompu ("quand on est amoureux, jaloux...

on ne se connaît plus ").

N'exagérons pas, toutefois, la responsabilité conscientede Candide qui est pris ici dans un jeu de circonstances qu'il n'a pas voulu : voir ci-dessous.3.

Les deux femmes sont encore plus stéréotypées.

Voltaire stylise et schématise.

Cunégonde est " effarée ",implore la Vierge (début du § 2) et s'affole (§ 3).

Elle ne comprend rien aux événements (" Comment avez-vousfait...

? ").

La vieille est encore plus réduite à son rôle d'agent et d'entremetteuse (fin du § 2 et § 4).

Sonintervention de la fin, qui règle la fuite, est un modèle d'invraisemblance romanesque, qui la réduit à une purefonction narrative (" montons vite...

").

Au total, on a un effet d'accélération et de réduction psychologique.

Lesêtres sont nerveux, précipités.4.

Le récit est " net et rapide ".

On a quatre moments :- § 1 : c'est l'auteur qui parle, la narration est simplement coupée par un monologue rapide.

Voltaire met unedistance entre l'action et lui, en se livrant à une sorte d'analyse qui va disparaître très vite.

La présence de l'auteur(" et vous étend...

") met la fiction sur le plan du jeu.

Pensez aux intrusions d'auteur chez Diderot, par exemple ;- § 2 : le rythme se précipite et tout s'enchaîne.

Cris et lamentations de Cunégonde (inutiles à l'action) ; creuseréponse de Candide invoquant Pangloss ; avis de la vieille qui n'a pas le temps d'être formuler ; irruption del'Inquisiteur ;- § 3 : on va encore plus vite, car tout le raisonnement de Candide se fait dans un instantané, puisque l'Inquisiteurn'a même pas le temps de réagir, de dire un mot ou de " revenir de sa surprise " que Candide le " jette à côté du juif".

On est dans une sorte de simultanéité ;- § 4, 5 & 6 : l'action est aussitôt réorientée vers le futur.

Les verbes d'action prédominent, notamment dans lestyle direct.

On passe au présent (" aussitôt ") avant de pénétrer dans un autre temps (" étaient déjà...

parlaientainsi ") qui est celui d'un autre épisode : une page est tournée.5.

Cette technique narrative est contestation du providentialisme.

Il s'agissait, pour Voltaire, de projeter son héroshors d'un romanesque amoureux illusoire (fin du chapitre VIII) pour renouer avec les aventures, les dangers et lesmalheurs.

Le titre " ce qu'il advint " est à la fois négligé, cavalier, et pertinent : on est dans " l'advenu ", l'accidentelet, en moins de 50 lignes, le destin de Candide et ses gestes ont totalement changé.L'idée fondamentale est l'homme jouet des événements, du hasard.

L'histoire humaine est imprévisible, provoquéepar des coïncidences.

Croire au " sens " de la destinée (et a fortiori à une Providence) est absurde.

Ce thème estcher à Voltaire qui en a beaucoup traité dans Zadig.

Ici Candide est mis dans une situation qui l'oblige à agir contresa nature et contre sa volonté.

Il paraît ce qu'il n'est pas et fait ce qu'il ne souhaite pas, comme si sa consciencene pouvait rien contre le mal qu'il est contraint de commettre.

Il le dit expressément : " on ne se connaît plus ".

Sesgestes sont quasi mécaniques, comme le prouve la répétition du crime et sa présentation schématique (" il le perced'outre en outre et le jette à côté du juif ").

On observe également que personne ici ne porte de jugement sur lesévénements.

Chacun subit, regarde, s'effare.

Le destin n'est qu'incohérence et confusion : toute une vie estorientée à jamais par un simple jeu de " stimulus/réflexe " qu'on ne sait même plus interpréter.

Pensons au meurtrede l'Arabe dans l'Étranger de Camus.

Le personnage est dédoublé, à la fois acteur et spectateur de son propre jeu ;il ne coïncide pas avec lui-même.

Bref, " tous les événements ne sont pas enchaînés dans le meilleur des mondespossibles " ; et la référence à Pangloss (§ 2) montre l'inutilité de ses leçons face aux caprices d'un destin-hasard.6.

Candide n'est pas maître des événements : il défend sa vie.

L'un lui saute dessus ; l'autre a déjà menacé sa vieet l'achèvera certainement en toute " légalité " religieuse.

Il doit se sauvegarder en tuant.

Une étrange logique (queCéline analysera dans d'autres conditions) fait que l'homme ne survit qu'en tuant.

Voltaire rappelle que Candide est "bon " et qu'il a " des moeurs fort douces mais son autonomie est aliénée par l'événementiel.

On notera que cettehistoriette soulève le problème complexe de la responsabilité.

Il n'y a pas de culpabilité dans l'absolu.

Il n'y a quedes " situations " ; et c'est " en situation " qu'il faut définir la liberté.

La dépendance de Candide, en l'absence dePangloss, est soulignée par le rôle de la vieille qui interprète les événements et tâche de répondre aux faits,réinstallant ainsi Candide dans un système d'ordre et de logique dont il a besoin puisque ses gestes lui échappent,comme le sens de sa vie.7.

La fin souligne une dernière fois le même thème : les êtres sont précipités dans l'action, par une fuite en avant.Le rythme allègre et les péripéties interdisent au bonheur de s'installer.

La fuite empêche le monde clos, fermé,. »

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