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Chapitre 6 : L’art et la technique

Publié le 12/02/2024

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« Chapitre 6 : L’art et la technique Introduction : L’art en tant qu’activité de production humaine 1) Objet de la réflexion : Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? L’art apparaît comme une activité de production de l’être humain.

Le terme d’art désigne donc une forme particulière de technique, que l’on distingue cependant des autres, dans la mesure où elle aurait comme finalité d’exciter notre sensibilité.

Cette excitation à son tour pour but d’exprimer notre humanité à travers un ensemble de sentiments qui lui sont spécifiques, dans la mesure où ils induisent une forme de prise de conscience.

Les produits de cette activité sont alors désignés par l’appellation d’œuvres d’art. Une œuvre d’art apparaît donc comme un objet artificiel et non comme une chose naturelle, puisqu’un tel objet doit être fabriqué par l’être humain.

Les œuvres d’art relèvent alors de genres particuliers d’objets, genres qu’on appelle les beaux-arts.

On suppose en outre qu’une œuvre d’art remplit une fonction esthétique plutôt qu’une fonction utilitaire.

Au cours de l’histoire, on a fini par dégager un ensemble de critères plus ou moins objectifs de définition de l’œuvre d’art.

Cependant, nous admettons que l’appréciation de l’art, des œuvres qu’il produit et de ceux qui le pratiquent a considérablement évolué au cours du temps et nous semble demeurer aujourd’hui avant tout subjective, et parfois même arbitraire. 2) Problème en question : Pourquoi cherchons-nous à valoriser les œuvres d’art ? a) Paradoxe : Les œuvres d’art et les performances artistiques finissent par être évaluées en fonction d’une appréciation qui demeure subjective et qui est largement déterminée par le contexte socio-culturel.

Quoi qu’il en soit, on constate que ce qu’on attend de l’art est de donner l’occasion de ressentir ce que nous éprouvons et de l’exprimer, ce qui n’est pas possible dans d’autres formes d’activités, suppose cependant un ensemble de contraintes auxquelles il s’agit de se plier aussi bien pour créer que pour contempler les œuvres d’art.

De la même façon, on attend de l’art qu’il résulte d’une certaine spontanéité, alors qu’il implique lui aussi un travail et des règles.

On voudrait que l’art soit universel et que tout être humain puisse l’apprécier en tant que tel, et pourtant la sensibilité que nous témoignons ou non à l’art est à chaque fois singulière et dépend souvent du contexte qui nous amène à être sensible ou non. b) Difficulté : On suppose que la spécificité des beaux-arts par rapport aux autres formes de production de l’être humain tient donc dans son expressivité et plus encore dans la liberté que l’être humain aurait de s’y exprimer. Cependant, il ne peut y avoir d’art sans un travail pour aboutir à l’expression voulue.

D’autre part, l’art a été et demeure une activité déterminée par l’ordre social et les conventions comme les modes d’organisation qui le caractérisent.

On peut donc se demander quelle liberté l’être humain peut exprimer dans une telle activité et pourquoi il s’agirait d’une activité libératrice plutôt qu’aliénante. c) Enjeux de la réflexion : Cependant, il semble que les règles de l’art ne soient pas seulement des règles imposées par les conventions, mais découvertes et inventées par les artistes.

C’est pourquoi, on peut considérer que la création et la contemplation des œuvres d’art relèvent d’un genre d’activité qui est celui du jeu.

Dans le jeu, ceux qui jouent acceptent librement les règles du jeu et s’y conforment.

Par analogie, le créateur et le spectateur acceptent des règles, mais des règles qu’ils peuvent aussi modifier ou réinventer.

C’est ce qui expliquerait pourquoi il reste toujours une part de subjectivité dans l’appréciation de l’art et c’est alors ce qui explique surtout qu’il y a une évolution des styles qui est la marque d’une expression personnelle du créateur et d’une sensibilité personnelle du spectateur.

Et à partir du moment où il y a expression personnelle il peut aussi y avoir liberté.

Si nous cherchons donc à valoriser les œuvres d’art, c’est dans la mesure où elles exprimeraient notre liberté d’êtres humains. 1ère partie : L’art est une activité de production d’ordre technique (Aristote) 1) L’art est imitation de la nature L’être humain ne se contente pas seulement de s’adapter à son milieu mais il le transforme en mobilisant ses capacités de réflexion et d’action.

Pour Aristote, c’est la nature elle-même qui a prévu que l’être humain puisse donner volontairement une forme aux divers matériaux qu’il façonne afin de fabriquer tous les objets dont il peut avoir besoin pour assurer son existence.

Par conséquent, on constate que l’art, en tant que capacité à fabriquer des objets, relève de dispositions naturelles : l’intelligence et l’habileté, et reproduit la manière dont la nature elle-même a produit les choses et les êtres qui la composent.

Pour Aristote, on peut dire que l’art imite la nature puisque les procédés techniques mis en œuvre par l’être humain pour fabriquer des objets sont au fond les mêmes que ceux qu’utilise la nature, comme si cette dernière était au fond elle-même un artisan.

En effet, la nature a donné la main à l’homme parce qu’elle sait qu’il a l’intelligence de s’en servir.

L’être humain réalise que la main lui permet de prendre et de manier les objets de sorte que ces derniers deviennent des outils qui compensent le caractère apparemment non-fonctionnel de la main.

À la différence des autres organes correspondant chez les animaux, la main n’a pas de fonction définie d’avance, de sorte qu’elle va pouvoir remplir toutes les fonctions que je peux me représenter et lui apprendre à exercer.

La main est donc le premier outil de l’homme et le seul qui soit naturel. 2)La production repose sur la délibération La première raison pour laquelle l’art imite la nature vient donc du fait de la coordination de la main et de l’intelligence, c’est-à-dire de l’âme et du corps. C’est parce qu’il faut concevoir l’utilité de l’objet que l’art repose d’abord sur l’intelligence et par conséquent sur le dialogue entre les hommes qui a pour but de stimuler cette intelligence.

L’artisan reproduit donc de manière artificielle, grâce à ses outils et à son métier, ce que la nature est capable de produire de manière naturelle en associant une forme à la matière.

L’artisan fait preuve à la fois d’intelligence pour concevoir la forme qu’il faut donner à l’objet que l’on souhaite fabriquer et d’habileté pour pouvoir façonner le matériau dont va être fait l’objet.

Il en résulte que toute production qui est le fait de l’être humain implique que l’objet produit à une fonction qu’il remplit de manière plus ou moins efficace.

Par conséquent, la production de l’objet dépend de deux personnes distinctes : le producteur d’un côté et l’utilisateur de l’autre.

En effet, le producteur sait comment donner une forme à la matière et l’utilisateur sait comment se servir de l’objet.

Il est donc nécessaire qu’une délibération s’établisse entre eux car l’objet sera d’autant plus utile et efficace que producteur et utilisateur pourront se faire part de leur expérience et de leur métier afin de déterminer quelles doivent être les caractéristiques de l’objet à fabriquer et à employer.

C’est ce qui permet à Aristote de dire que l’art imite la nature ou réalise ce que cette dernière n’est pas capable de faire par elle-même.

En effet, l’être humain s’avère capable de concevoir, de comprendre et de reproduire les processus naturels et par conséquent il va les prolonger et les développer dans le cadre de ses activités afin de s’alléger le caractère pénible des tâches que l’organisation du travail lui impose pour subvenir à ses besoins.

C’est pourquoi l’être humain est effectivement capable de fabriquer des objets que la nature n’aurait pas produits par elle-même mais ces procédés s’inspirent en général de la nature, des formes et des transformations que nous y observons. 3) Les beaux-arts, une forme particulière de production technique La manière dont un artiste crée une œuvre ne semble donc pas devoir se distinguer d’abord de la manière dont les autres artisans produisent leurs objets. En effet, pour que l’œuvre soit créée, il est également nécessaire que l’artiste donne une forme à la matière, ce qui est notamment le cas dans la sculpture. L’art implique donc bien des procédés techniques, que l’artiste doit maîtriser.

Il lui faut donc apprendre un métier, acquérir de l’expérience, afin de pouvoir effectivement développer et déployer ses compétences.

De ce point de vue, l’œuvre d’art ne se distingue pas d’abord non plus des autres objets artificiels, puisqu’il s’agit bien d’un objet matériel auquel on donne une forme et qui est censé remplir une fonction déterminée. De fait, si l’œuvre d’art n’a pas de fonction utilitaire comme peut en avoir un outil, elle remplit une fonction d’ordre esthétique en reproduisant le spectacle de la nature et de la nature humaine.

De ce point de vue, l’art a pour finalité de mieux nous faire voir la nature et de nous permettre de commencer à la comprendre.

C’est ainsi qu’Aristote explique qu’un peintre animalier pourrait montrer à un naturaliste un ensemble de particularités formelles qu’il n’aurait peut-être pas pu observer sur un animal vivant mais que.... »

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