Chapitre 3-Le langage
Publié le 05/03/2025
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Chapitre 3-Le langage
Introduction
Le langage, de façon générale, désigne une faculté (comme mémoire, imagination) d’expression et
de communication.
En un sens plus restreint, le langage désigne une faculté spécifiquement
humaine faite de signes conventionnels : les signes linguistiques.
Leur caractère conventionnel est
mise en évidence par la diversité des langues.
C’est justement ce caractère du signe linguistique que
souligne Saussure dans son Cours de linguistique générale.
Dire comme Saussure que « le signe linguistique est arbitraire » ou que le signifiant est arbitraire
par rapport au signifié, c’est dire qu’il est immotivé.
Cela signifie que le signifiant est gratuit (aurait
pu être autre) sans aucune concordance avec le signifié.
Le signifiant est donc injustifié par rapport
au signifié.
Le signifiant et signifié entretiennent un rapport de convention.
Ce double caractère du
signe (conventionnel + arbitraire) permet d’expliquer la pluralité des langues.
Toutefois, cette richesse du langage permet-elle d’exprimer fidèlement la pensée ?
Cette question du rapport entre le langage et la pensée nous révélera que le langage possède de
véritables pouvoirs, au point que le problème fondamental que soulève le langage est celui de ses
répercussions sur la condition humaine.
I.
Le langage et la pensée
Il semblerait qu’il ne puisse y avoir de pensée sans langage, plus précisément, le langage serait le
développement ou la forme de nos pensées (voir Platon, Hegel, Saussure)
Toutefois cette thèse se heurte à l’expérience.
Comment, en effet, expliquer alors la création de
nouveaux mots ?
On pourrait alors affirmer que la pensée déborde le langage et en effet, très souvent, le langage
échoue à traduire notre pensée.
Autrement dit, on ne pourrait traduire qu’imparfaitement pensée.
Il y aurait au fond, inadéquation
au désaccord entre mes pensées et mes propos.
Cela signifierait que le langage n’exprime pas
fidèlement la pensée.
C’est ce caractère défectueux ou lacunaire du langage que souligne Bergson
dans Essai sur les données inédites de la conscience.
Ce que montre Bergson, c’est que le langage opère 2 actions qui aboutissent à un résultat commun.
Dans un premier temps, Bergson souligne l’idée que le langage fait abstraction de la singularité du
vécu de la conscience : il élimine en fait ce que ce vécu a d’immédiat (car le langage fait médiation)
et de proprement subjectif.
C’est que, en réalité, le langage n’exprime que ce qui est commun.
Bref, le langage ne peut formuler ou extérioriser la pensée que sous la forme de mots
nécessairement généraux, car communs et conventionnel.
C’est à dire que le langage échoue à
exprimer mon vécu le plus intime, la richesse de ma vie intérieure.
Il ne peut traduire mon vécu,
mon moi, dans toutes ses nuances.
Mais ce n’est pas tout : la vie de notre âme ou de notre conscience est, pour Bergson, un processus
dynamique, un flux continu d’éléments qui se fondent les uns dans les autres comme une mélodie.
Dès lors, isoler les pensées les unes des autres, dénouer les sentiments les uns des autres, seraient
détruire la vie de la conscience car cela en briserait le dynamisme (→ fausserait la conscience).
Or, les mots sont des signes linguistes déterminés, délimités, discontinus.
En conséquence, traduire
le flux de notre conscience par les mots, c’est en fait la découper et la fixer en différents moments
que l’on isole et que l’on juxtapose.
Ainsi, d’une certaine manière, le langage pétrifie la pensée.
Bref, le langage ne formule la pensée qu’en la généralisant et en la figurant, au prix d’un travail de
force qui arrache la vie de la conscience à sa continuité, anéantissant ainsi son processus
dynamique.
Ce que veut donc souligner Bergson, c’est le handicap inhérent (qui appartient) au
langage.
Le langage trahit la pensée....
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