CHAPITRE 3. LA FRANCE ET LA CONSTRUCTION DE NOUVEAUX ÉTATS PAR LA GUERRE ET LA DIPLOMATIE
Publié le 12/02/2024
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CHAPITRE 3.
LA FRANCE ET LA CONSTRUCTION DE NOUVEAUX
ÉTATS PAR LA GUERRE ET LA
DIPLOMATIE
L'Empereur Napoléon III s'intéresse, au cours de son règne, de plus en
plus à la politique internationale.
Mais la politique étrangère est aussi une affaire intérieure car les victoires
flattent la fibre patriotique des Français.
Ce chapitre vise à montrer le rôle de la France lors de la construction des
unités italienne et allemande.
Cette politique d’unification est menée par
des régimes monarchiques qui s’appuient sur le mouvement des
nationalités, la guerre et la diplomatie.
I.
L’unité italienne
En 1848, l’Italie demeure un territoire morcelé entre plusieurs États, dont
certains sous domination autrichienne (carte 4, p.
109) ou du pape.
L’échec des révolutions démocrates fait du roi de Piémont-Sardaigne,
Victor Emmanuel II, le pivot du projet d’union de la Nation italienne.
Seul
souverain libéral de la péninsule, son royaume devient le refuge des
militants du Risorgimento (Terme italien signifiant Renaissance et, par
extension, Résurrection.
mouvement idéologique et politique issu des
idées des Lumières et de la Révolution française tente d'atteindre, en
Italie, le double objectif du renversement de l'absolutisme et de la
réalisation de l'unité nationale).
A.La guerre contre l’Autriche (1859)
L'Empereur Napoléon III est un ancien et fidèle soutien de l’unité
italienne au nom du principe national et du droit des nationalités et
renoue avec la tradition révolutionnaire et napoléonienne d’émancipation
des peuples.
Cavour, (Biographie p.104) conseiller de Victor Emmanuel II trouve
auprès de lui un allié de poids face à l’Autriche et promet à la France,
contre son soutien, le possible rattachement de la Savoie et de Nice à
l’Empire.
Quand, le 27 avril 1859, les troupes autrichiennes pénètrent en Piémont
pour mettre au pas le Piémont Sardaigne et son action dans les
Risorgimento, Napoléon III entre alors en guerre aux côtés du royaume
de Piémont-Sardaigne, remporte rapidement les victoires de Magenta (4
juin) et de Solférino (24 juin), qui aboutissent à l’armistice de Villafranca
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(11 juillet) :
- Le duché de Savoie et le comté de Nice sont rattachés à la France après
un plébiscite favorable les 15 et 23 avril 1860 (dossier p 106-107).
- L’Autriche cède la Lombardie à Napoléon III qui la rétrocède au
Piémont.
La question italienne n'est pas pour autant réglée : la Vénétie
reste autrichienne, le pape conserve ses États et le Royaume des DeuxSiciles perdure.
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B.
L’achèvement de l’unité italienne et ses limites
Napoléon III renonce à poursuivre l'avantage acquis et son soutien au
Piémont Sardaigne.
En effet, il craint une contagion révolutionnaire, ne
veut pas perdre le soutien des catholiques (inquiets que le Pape soit
menacé et perde ses territoires), des milieux d’affaires qui craignent
qu’une guerre ne soit néfastes à l’économie et aux grandes puissances
européennes qui veulent maintenir le concert des nations du congrès de
Vienne.
Mais la guerre menée contre l’Autriche en 1859 a attisé le sentiment
national italien : les duchés de Toscane, de Parme et de Modène se
soulèvent et, à la suite des plébiscites des 11 et 12 mars 1860, sont
rattachés au royaume de Piémont-Sardaigne.
En 1860, Garibaldi se lance à la conquête du Sud à la tête d’une armée
de volontaires, les Chemises rouges.
Bien qu’ardent républicain, il
s’entend avec Victor Emmanuel II, et après l’exil du roi des Deux-Siciles,
la Sicile et Naples votent leur rattachement au Piémont.
La Chambre des députés élue en janvier 1861 proclame le 17 mars
Victor-Emmanuel II roi
d’Italie.
En 1866, la guerre austro-prussienne permet à l’Italie d’obtenir la Vénétie
: la France négocie
ce territoire contre sa neutralité dans le conflit, puis le rétrocède au
royaume d’Italie.
Napoléon III envoie des troupes pour assurer la défense de Rome, et il
signe une convention avec le royaume d’Italie où Victor-Emmanuel II
s’engage à préserver les États du pape.
Mais à la chute de l’empire
français (1870), les troupes italiennes s’emparent de Rome, qui devient
la capitale de l’Italie désormais réunifiée.
Toutefois, l’unification précède l’unité nationale, et bien que le
gouvernement multiplie les mesures destinées à forger une conscience
nationale, le projet national italien rencontre des difficultés :
-Certains Italiens, surtout dans le Sud, perçoivent l’unification comme
une annexion par les régions riches du Nord, en contestant notamment la
régularité des plébiscites.
-D’autres déplorent que l’unification se soit réalisée contre l’Église.
-Le choix du suffrage censitaire nuit à l’adhésion des populations au
régime politique.
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- Des révoltes éclatent dans le sud de l’Italie contre les impôts royaux et
l’aggravation des inégalités sociales, comme la « révolte des brigands »,
qui voit les paysans pauvres prendre les armes et occuper les terres,
avant que la répression ne s’abatte sur eux en 1863.
- La mise en place des institutions dans l’ensemble du Royaume
déstabilisent les sociétés rurales les plus défavorisées, surtout dans le
Sud, favorisant l’émergence de mafias qui prospèrent dans ce contexte
politique et économique troublé en offrant assistance, protection et
activité économique, même si celle-ci peut s’avérer illicite, en s’appuyant
sur certaines autorités politiques locales.
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https://www.youtube.com/watch?v=gm0JNQyady0
C.
L’unification italienne est aussi une question de politique
intérieure française
La France de Napoléon III fait de la question italienne une question de
politique intérieure autant que de politique étrangère.
En limitant l’influence de l’Autriche, artisan de l'ordre établi en 1814-1815
par les traités de Vienne sur les ruines du Grand Empire, la France
retrouve une influence et une position de défenseur des peuples
opprimés à l’échelle européenne.
L'annexion de la Savoie et de Nice provoque une profonde satisfaction
aux Français qui y voient à nouveau la grandeur d’un pays puissant qui
peut accroître son influence et son territoire.
De plus, la politique étrangère et les interventions militaires sont toujours
propices à renforcer l’autorité et le prestige des chefs d’Etat (à condition
toutefois qu’elles soient victorieuses et pas trop longues).
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Cependant, malgré ses efforts pour maintenir les États pontificaux,
Napoléon III se voit reprocher par les catholiques les soulèvements de la
politique italienne contre le pouvoir pontifical.
II.
La guerre de 1870 entraîne la chute du Second Empire et
permet l’unité allemande
L’échec de la révolution de 1848 avait entrainé le rétablissement de la
Confédération germanique, dominée par l’Autriche.
Mais dans les années
1850, les États germaniques se rapprochent et se démarquent de
l’Autriche par des initiatives comme le Zollverein (union douanière,
création d'un marché intérieur unique et l'harmonisation des règles
fiscales et économiques), dominé par la Prusse, ou la création du
Nationalverein, une association qui défend l’idée d’une nation allemande
et d’une unité allemande autour de la Prusse.
A.Les ambitions de la Prusse de Guillaume Ier et Bismarck
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En 1862, Guillaume Ier charge son chancelier (1 er ministre) Otto von
Bismarck (Biographie p.502) de réformer et moderniser son armée.
Avec
succès (doc1 p110), comme en témoigne la victoire face au Danemark et
avec l’aide de l’Autriche dans la guerre des Duchés (1864).
Le
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duché de Schleswig est administré par la Prusse, celui de Holstein par
l'Autriche.
(Carte 3 p.110).
En 1866, Bismarck prétexte « une mauvaise gestion » du Holstein par
l'Autriche et l’envahit, déclenchant ainsi la guerre austro-prussienne.
La
bataille de Sadowa (3 juillet 1866) marque la victoire de la Prusse, et
débouche sur la dissolution de la Confédération germanique.
Une Confédération d’Allemagne du Nord (Vocabulaire p.108) est mise en
place en 1867, dirigée par le roi de Prusse.
Sa Constitution prévoit un
Reichstag (Parlement) élu au suffrage universel et un Bundesrat (Conseil
fédéral) composé d’ambassadeurs désignés par les différents États.
Hors
confédération, les États du Sud signent un ensemble d’accords
économiques et militaires qui les lie à la Prusse.
B.
La France face aux ambitions prussiennes : de l’inquiétude à la
guerre
Napoléon III craint la naissance d’un grand ensemble unifié allemand qui
pourrait être potentiellement plus puissant que la France.
De plus, il
redoute qu’il n’ait des prétentions territoriales sur l’Alsace et la Lorraine
qui abritent des populations germanophones.
Bismarck de son côté cherche à consolider et à renforcer l’intégration des
divers états allemands autour de la Prusse.
Pour ce faire, rien de mieux
qu’un ennemi extérieur menaçant pour....
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