Ch. GOUNOD. 1818-1893 AVANT-PROPOSDemandez donc "à brûle-gilet" à ce monsieur qui passe
Publié le 17/05/2020
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«
Ch.
GOUNOD
1818-1893
AVANT-PROPOS
Demandez donc "à brûle-gilet" à ce monsieur qui passe -celui dont parlait le Fantasia
de Musset - l'opéra français dont il peut citer plus que le titre, dont il peut fredonner
une phrase.
Il y a neuf chances sur dix pour qu'il vous réponde Carmen ("La fleur que
tu m'avais jetée").
Mais il y en a presque autant pour qu'il réponde Faust ("Salut, demeure chaste et pure ").
Ce sont là, d'éminente façon, deux œuvres, deux chefs-d'œuvre "populaires".
Sans doute, des chefs-d'œuvre, il y en a cent en musique -de "L'Art de la Fugue" de Jean-Sébastien BACH à !"'Antigone" d'Arthur HONEGGER - qui ne mériteront
jamais pareil adjectif.
Cependant, c'est une œuvre populaire que le premier de ces musiciens
espérait bien réaliser avec
sa "Passion selon saint Matthieu", et le second avec sa "Jeanne au BOcher".
Ainsi cette faculté, cette rare faculté d'être adopté ou aimé par la foule n'est-elle point,
en musique, une faiblesse, une tare, comme certain snobisme voudrait nous le faire
admettre, et Gounod apparaît à l'immense majorité des amateurs de théâtre lyrique comme
le génial inventeur
d'un langage musical directement et profondément humain dont l'éloquence persuasive réside dans la simplicité et la sincérité des accents.
Le "Faust de Gounod", d'abord créé au Théâtre Lyrique, puis installé à l'Opéra qui n'arrive pas depuis cent dix ans à en épuiser le succès, est un chef-d'œuvre.
Un autre chef-d'œuvre -plus inégal peut-être, mais atteignant peut-être de plus hauts
sommets -son
"Roméo et Juliette", dont le chœur du Prologue et les duos d'amour
à l'exquise tendresse sont les fruits de la plus pure inspiration.
Et à côté de "Roméo" et de "Faust", il reste cette claire "Mireille"qui dégage par
bouffées les parfums de la Provence et dont la plupart des airs, justement restés célèbres,
séduisent par leur charme, leur tendresse, et les qualités mélodiques que leur auteur a
épanouies ici avec un rare bonheur.
Ne faudrait-il pas parler aussi de
ce "Philémon et Baucis" tout nimbé de lumière
grecque?
La France sans doute compte de plus grands musiciens que GOUNOD, et de plus vastes.
ne serait-ce que BERLIOZ.
Mais, excepté DEBUSSY- et encore ...
- en compte-t-elle de plus français? La mesure, la grâce, le charme, la séduction, certaine joliesse caressante ("Les Français sont toujours les plus jolis·: disait la Marquise) et cette douce clarté
enfin en laquelle Rivarol voyait la première, la seconde ...
la nième qualité de notre race, sont les traits de famille de cette musique simple, familière, et parfois apparemment facile.
Et il suffirait sans doute pour la réhabiliter, s'il en était besoin encore, auprès de ceux qui lui font grise mine- à condition au moins qu'ils ne fassent mine pareille à FAURÉ il suffirait, disions-nous, de ce mot du maître de "Pénélope" et du "Requiem", qui.
le premier, eut le courage et la volonté d'écrire:
"Trop de musiciens ne se doutent pas de ce qu'ils doivent à Gounod.
Mais je sais ce
que je lui dois.
et je lui garde une infinie reconnaissance et une ardente tendresse ...
".
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