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C'est à l'Elysée même que, en cette fin de matinée dumercredi 29 mai 1968, les ministres apprennent que leConseil des ministres est annulé.

Publié le 23/05/2020

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« C’est à l’Elysée même que, en cette fin de matinée du mercredi 29 mai 1968, les ministres apprennent que le Conseil des ministres est annulé. “ C’est un canular ? ” demande l’un d’entre eux. “ Non ” , répond un huissier.

Mais le général...

Le général est parti.

Le Premier ministre même, Georges Pompidou, ne sait pas pour où le général de Gaulle est parti.

Le bref coup de téléphone par lequel le général l’a informé de son départ s’est achevé sur ces mots qui l’ont laissé pantois : “ Je vous embrasse ” .

Cette “ disparition ” du général de Gaulle signifierait-elle que le pouvoir est à ramasser ? Il a suffit de quelques semaines pour que la France passe de l’ennui à la chienlit. C’est le 15 mars 1968 que le monde a publié un article du chroniqueur Pierre Vianson-Ponté dont le titre Quand la France s’ennuie... a pu passer pour une boutade inquiète.

S’il y écrivait que “ la France est en paix depuis bientôt trente ans et qu’elle ni impliquée ni concernée où que ce soit dans le monde ” , il rappelait que “ l’ardeur et l’imagination sont aussi nécessaires que le bien être et l’expansion ” .

Depuis le 3 mai, l’ardeur et l’imagination sont dans la rue.

Tout est allé très vite.

Le 3 mai, la police a fait évacuer la cour de la Sorbonne occupée par des étudiants de Nanterre où la veille, les cours ont été suspendus.

Le 4 mai, c’est à la Sorbonne même que les cours ont été suspendus.

Les syndicats, le Snesup et l’UNEF, ont aussitôt appelé à une grève illimitée. Et les manifestations ne cessent plus.

Le 6 mai, les échauffourées du Quartier latin font plus de 600 blessés parmi les étudiants, plus de 340 parmi les policiers.

Le lendemain, ce sont 30 000 étudiants qui manifestent dans Paris et qui, partis de la place Denfert-Rochereau, viennent chanter l’Internationale devant la tombe du soldat inconnu. Dans la nuit du 10 au 11 mai, la police prend d’assaut quelques soixante barricades dans un Quartier Latin en état de siège.

Combats brutaux dans les nappes de gaz lacrymogènes, les fumées de voitures incendiées...

La brutalité policière, quand bien même pas un coup de feu n’a été tiré, provoque un appel à la grève générale de la CGT, de la CFDT et de la FEN.

Le 13 mai, pour le dixième. »

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