César Vallejo (1892-1938)
Publié le 23/05/2020
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VALLEJO César. Poète péruvien. Né le 16 mars 1892 à Santiago de Chuco et mort le 15 avril 1938 à Paris. Après des études de philologie à Trujillo, il se consacre à l’enseignement. Impliqué dans une tentative de soulèvement, il est arrêté, puis part pour l’Europe en 1923. En 1928, il visite la Russie. Expulsé de France un an plus tard, il va à Madrid, où il fait la connaissance de Lorca, Machado et Alberti. La guerre civile, une fois de plus, le rejette sur les routes de l’exil. En 1938, épuisé par la misère et les luttes quotidiennes, il meurt dans un hospice parisien. César Vallejo est sans doute l’un des plus grands poètes péruviens de ce siècle. Unanimement admiré en Amérique Latine, il est encore peu connu en Europe. Son œuvre, très brève, se compose de recueils de poésie, mais aussi de récits et de romans. En 1918, Vallejo publie Les Hérauts noirs, recueil encore influencé par le Nicaraguayen Ruben Dario et l’Argentin Lugones. Il s’agit d’une poésie antirhétorique, véhémente, où abondent les solécismes, les néologismes, ainsi mie les mots du parler populaire quotidien. L’œuvre n’est également pas exempte d’un certain « localisme » fréquent dans la littérature péruvienne. Avec Trilce (1922), Vallejo rompt définitivement avec la poétique traditionnelle et rejoint les tenants du modernisme. Espagne, écarte de moi ce calice est publié au moment de la guerre d’Espagne. Le poète, dans ce livre, a le pressentiment de sa mort prochaine; il se rappelle avec nostalgie le Pérou, qu’il a laissé depuis tant d’années : « Que fait donc à cette heure mon andine et douce Rita / de jonc et de capuli; / à présent que m’étouffe Byzance et qu’en moi / dort le sang, tel un cognac affaibli. / Où sont ses mains, qui d’un geste contrit / repassaient dans le soir des blancheurs à venir / maintenant, dans cette cheurs à venir / maintenant, dans cette pluie / qui m’ôte le goût de vivre. » Vallejo a également publié des récits. Fable sauvage [1923], Scènes mélographiées [1923], un roman, Tungstène [1931] et un essai : Russie en 1931. Réflexions au pied du Kremlin. On a publié en 1971 ses Lettres à Pablo Abril. Personnalité complexe, pessimiste, tourmentée, Vallejo a été l'ami des Surréalistes, d’Artaud et des principaux écrivains européens de l’entre-deux-guerres. C’est à la fois le poète de la terre natale et de l’exil, le poète du désespoir subjectif et de l’engagement politique, de la lutte fraternelle des hommes contre leurs oppresseurs. Poèmes humains (publication posthume, 1939).
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César Vallejo
1892-1938
La biographie d'un écrivain n'est pas faite, ou tout au moins n'est pas seulement faite, de
ses actes externes.
On serait même tenté de penser que les écrivains, dont nous
connaissons variété d'anecdotes, ne sont généralement pas les plus profonds.
En tout cas
un poète, s'il est vrai poète, n'est jamais anecdotique.
Il faut, certainement, préciser quelques faits.
César Vallejo est né au Pérou.
La poésie de
l'Amérique hispanique était dominée, pendant la première jeunesse de Vallejo, par les
poètes du Modernismo.
Le Modernismo, qui avait donné quelques grands écrivains
(Rubén Darío, Leopoldo Lugonnes, Amado Nervo), signifiait la pénétration du
symbolisme français — aussi, souvent, du parnassianisme — dans la poésie de langue
espagnole.
Les fadeurs du romantisme étaient remplacées par les nouveaux rythmes, les
nouvelles combinaisons d'images, le chromatisme parfois délirant.
Cependant, vers les
années de1915 à 1920, le Modernismo était déjà en pleine décadence, devenu une poésie de
princesses irréelles, de lacs nordiques déracinés de la vie et des hommes d'Amérique.
Lorsque Vallejo publia son premier livre (Los Heraldos negros , 1918 ), la réaction contre le
Modernismo avait déjà commencé — Juan Ramón Jiménez en Espagne, Enrique Gonzáles
Martínez au Mexique cherchaient à la fois une expression poétique plus directe, plus pure,
plus immédiate.
Le premier livre de Vallejo, où l'on pourrait trouver encore certains
éléments de Modernismo, est cependant un livre nouveau qui ouvre les possibilités à une
expression à la fois liée à la terre et à la vie intérieure.
Vallejo ne resta pas longtemps au Pérou.
Il voyagea en Europe, vécut à Paris, participa à la
guerre d'Espagne, fit un voyage en U.R.S.S., adhéra au Parti communiste, et il mourut là
où il savait qu'il allait mourir (“ me moriré en Paris con aguacero ”) le Vendredi saint, 15
avril 1938.
L' œ uvre de Vallejo comprend, en plus de Los Heraldos negros, Trilce (1922) et
Poemas humanos, volume posthume dédié dans sa plus grande partie à la guerre d'Espagne.
Lorsque nous pensons à l' œ uvre de Vallejo, notre tendance immédiate est de la classifier:
poète social, poète révolté.
Vallejo a été, en effet, un poète social et un poète de la révolte.
Mais ce qu'il ne fut jamais c'est le genre de poète social dont les propagandes politiques
— de gauche, de droite ou de centre — veulent faire un symbole.
C'est dire que Vallejo n'a
jamais fait de propagande, dire aussi que Vallejo n'a jamais été didactique, moralisant ou
pamphlétaire.
Il était beaucoup trop homme, beaucoup trop grand poète pour cela.
I1
savait que la vraie révolte est chose intime, personnelle, qui se trouve enracinée dans la
chair et dans l'âme, ou, pour le dire avec le mot d'Unamuno, dans le c œ ur même de “
l'homme en chair et en os ”.
C'est que Vallejo se sent triplement incarné: dans un corps,
dans le corps de l'humanité, dans les racines mêmes de ce corps qui est sa terre natale.
Et
c'est de cette triple incarnation que naissent les sentiments, les violences amoureuses de
toute sa poésie: la mort, la douleur, la compassion qui est amour.
Incarnation dans sa terre, d'abord.
Vallejo, comme au Mexique cet autre grand poète que
fut Ramón López Velarde, ne connaît pas seulement son pays, mais il a le Pérou dans l'âme
et dans la chair.
I1 est vrai que dans Trilce on sent parfois le poète baroque, doublé de
créationisme, de surréalisme, d'ultraïsme.
Mais c'est aussi dans ce même livre qu'il parle à.
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