Centres Leclerc

« 1 / 2 7 septembre 1966 Série B-47 Fiche No 1336 Centres Leclerc 1.

L'expérience de l'épicier Edouard Leclerc a débuté en 1950 dans une modeste boutique de Landerneau qui vendait des biscuits moins chers qu'ailleurs.

En deux années, le chiffre d'affaires passa de 43 000 à 267 000 francs et les rabais systéma­ tiques furent étendus à quelque 150 produits alimentaires.

2.

Cette première réussite s'explique par des achats aux meilleures conditions (commandes directes et importantes aux fabricants), sévère compression des frais généraux, des marges bénéficiaires réduites.

Conjugués, ces trois éléments permet­ tent de vendre à bas prix et, du même coup, d'accroître la demande des consom­ mateurs.

Les gains d'Edouard Leclerc demeurent modestes.

Mais ils sont multipliés par la rotation rapide des stocks et représentent en fin de compte un bénéfice appré­ ciable.

3.

Nombre de petits détaillants et certains grossistes s'indignent de cette nouvelle forme insolite de concurrence.

Ils font campagne auprès des fabricants pour empê­ cher toute livraison au franc-tireur de Landerneau.

Mais un décret, publié en août 1953, rétablissant la liberté du commerce et des prix, interdit le refus de vente.

Edouard Leclerc peut ouvrir un second magasin.

4.

En 1958, un nouveau centre, fonctionnant selon les mêmes principes, est o1.1vert à Grenoble.

L'année suivante.

les maillons de la chaine se multiplient.

Pour acheter à bon marché, les ménagères affluent devant les éta!ages placés sous l'égide d'Edouard Leclerc.

L'expérience s'étend à Marseille, Valence, Tarbes, Bordeaux, Nantes, Angers, Orléans, Issy-les-Moulineaux (premier centre de la région parisienne, qui en compte 37 en 1966).

5.

L'installation à Paris, le 1er mars 1960, de deux centres de vente d'articles textiles provoque une nouvelle offensive anti-Leclerc.

Les grands magasins menacent de supprimer leurs commandes aux fournisseurs d'Edouard Leclerc.

De fait, de nom­ breuses livraisons sont suspendues, et l'entreprise parait compromise.

Edouard Leclerc alerte M.

Michel Debré, alors premier ministre.

Le gouvernement répond favorablement.

Il rappelle (Circulaire Fontanet) les obligations du décret de 1953, notamment celles qui concernent le cc refus de vente ...

Depuis, cinq nouveaux centres ont pu être créés à Paris.

6.

Tous les cc centres Leclerc » sont loin d'apparten;r à l'épic:er de Landerneau.

Celui-ci possède en propre un magasin d'alimentat'on et un magasin de textile à Landerneau, un supermarché à Brest, un second à Pont-L'Abbé.

Les autres maillons de la chaine sont financièrement indépendants.

Toutefois, ils se regroupent au sein d'une association chargée de coordonner leurs achats et de fixer la politique de vente.

Edouard Leclerc retire la caution de son nom aux centres qui n'observent pas la discipline des prix.

Autrement, les centres jouissent d'une entière autonomie de gestion.

La cc chaine ..

n'est pas solidaire des vicissitudes de tel ou tel.

7.

Au total, l'expérience amorcée à Landerneau rassemble en septembre 1966 plus de 400 points de vente (dont 50 supermarchés) réalisant un chiffre d'affaires global de 800 millions de francs. 2 / 2. »