Cavaignac

« Ils étaient deux frères, fils d'un conventionnel exilé sous la Restauration : Godefroy (1801-1845),polémiste redoutable, républicain et partisan de réformes sociales profondes, dont l'influence pendant lamonarchie de Juillet est grande et Louis-Eugène qui fut militaire.

Sous-lieutenant en 1824, on le met endisponibilité pour républicanisme et carbonarisme (en 1830, il rappelle à Louis-Philippe : “ Votre père estrégicide comme le mien… ”).

Réintégré en 1832 et envoyé en Algérie, la protection du duc d'Aumale et deBugeaud le remet en selle.

Maréchal de camp en 1844 son adhésion immédiate à la Révolution de 1848 faitde lui un général de division et un gouverneur de l'Algérie, où il s'efforce de promouvoir une colonisationagricole.

Rappelé en métropole, il se voit confier le ministère de la Guerre, réprime l'insurrection de juin etla Constituante le nomme chef du pouvoir exécutif.

Mais la popularité qu'il avait acquise auprès desmasses ouvrières en fondant dès 1833 la Société des Droits de l'Homme et du Citoyen (où les sectionsportaient les noms de Robespierre, de Marat, etc.), ce “ Montagnard ” la perd à la suite de cette répression: il sera battu par Louis-Napoléan, le futur empereur, à l'élection pour la présidence de la République.Député à la Législative (1849), puis de Paris (1852 et 1857), il refuse de prêter serment à l'Empire. Cavaignac (1802-1857) «Je sacrifierais tout à la République, même mon honneur,» Ce mot que Cavaignac prononça un jour à la tribunedépeint le républicain intègre que fut ce fils de conventionnel régicide.

Né à Paris, le 15 octobre 1802, Louis-EugèneCavaignac sort de Polytechnique.

Lieutenant du génie, il combat en Grèce en 1828, puis accueille favorablement larévolution de 1830.

Il se rallie à Louis-Philippe, mais n'hésite pas à affirmer ses opinions républicaines, ce qui lui vautune courte mise en disponibilité.

Envoyé en Algérie, il s'y distingue vite par sa valeur militaire (défense de Tlemcenen 1836 et de Cherchell en 1840).

Il remplace bientôt Lamoricière à la tête des zouaves (1841) et, jusqu'en 1848,participe aux opérations et à la colonisation.

Il commande la province d'Oran quand éclate la révolution de 1848.Nommé général de division et gouverneur de l'Algérie en remplacement du duc d'Aumale, il refuse ensuite le ministèrede la Guerre en raison de l'attitude démagogique du gouvernement provisoire.

Cependant, élu député à laConstituante, il accepte le portefeuille après l'émeute du 15 mai 1848.Lors des journées de juin, investi par l'Assemblée de l'autorité la plus large, il mate durement l'insurrection qu'il avolontairement laissée se développer.

Ayant «bien mérité de la patrie», il est alors nommé par l'Assemblée chef del'exécutif, avec tous les pouvoirs et, de ce fait, endosse aux yeux de l'opinion la responsabilité de la sévèrerépression voulue par l'Assemblée, ainsi que de l'attitude non interventionniste en faveur des mouvementsrévolutionnaires européens.

Aussi sa popularité, dans les milieux républicains, est-elle faible à la fin de 1848.

A cettedate, le renom de Louis-Napoléon Bonaparte l'emporte de loin dans le pays.

Cavaignac ne recueille, le 10 décembre,lors des élections à la présidence de la République, que 1448302 voix, face aux 5434226 du prince.

Redevenu simpledéputé, il siège parmi les républicains modérés.

Il déplore le tour pris par l'expédition française à Rome, s'élèvecontre l'intervention du tsar en Hongrie, mais refuse de suivre les extrémistes qui veulent déclarer la guerre à laRussie.

Réélu en 1849, il s'oppose à la réduction du suffrage universel que demandent les promoteurs de la loi du 31mai 1850.

Lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851, les sentiments profondément républicains de Cavaignacamènent son arrestation.

Libéré au bout de quelques jours, il est élu député de Paris en 1853, mais refuse de prêterserment au régime et est invalidé.

En 1857, il est réélu, mais meurt subitement le 28 octobre dans sa propriétéd'Ourne, dans la Sarthe.. »