Cancer

« 1 / 2 \ t t ii t 1 1 13 avril 1966 Série B-26 Fiche N• 1090 Cancer 1.

A l'état normal, les différents tissus qui composent l'organisme animal vivent et se développent dans un état d'équilibre les uns par rapport aux autres.

Lorsqu'une cellule disparaît, elle est remplacée par une cellule identique, produite par division d'une de ses voisines, selon un rythme déterminé.

Un mécanisme régulateur limite la multipli­ cation cellulaire et permet un voisinage harmonieux entre tissus d'espèces différentes.

2.

Pour des raisons encore mal connues, il peut arriver que cet équilibre soit rompu: une ou plusieurs cellules deviennent capables de se multiplier indéfiniment.

Par cette prolifération anarchique, elles finissent par envahir et détruire les tissus sains voisins.

De la tumeur formée se détachent des cellules qui possèdent le même pouvoir de multiplication anarchique et qui, empruntant les vaisseaux sanguins et lymphatiques, vont gagner les ganglions et créer de nouveaux foyers (métastases) dans un autre organe.

Cette anomalie cellulaire présentant le triple caractère d'anarchie, d'infiltration et de métastase constitue le cancer.

3.

A ses débuts, la tumeur cancéreuse évolue en général sans se manifester de façon apparente.

Le premier symptôme clinique marque une étape tardive du développement du cancer (dans certains cas, vingt ans après la naissance de la lésion).

D'où l'échec du traitement appliqué à certaines tumeurs pourtant soignées rapidement dès leur début apparent.

A ce stade, des métastases peuvent être déjà réalisées.

On peut com­ prendre ainsi la diHérence de fréquence des cancers dans les pays inégalement déve­ loppés.

En Afrique, où l'espérance de vie est de trente-trois ans, les cas de cancers sont rares parce que la plupart de la population a disparu au moment où les tumeurs auraient pu se manifester.

En France au contraire, où la durée de vie moyenne atteint soixante-dix ans, les cancers sont apparemment plus fréquents.

4.

Le caractère définitif des propriétés anormales acquises par les cellules cancé­ reuses suggère une perturbation des acides nucléiques à l'origine des lésions, pertur­ bation qui serait elle-même la conséquence d'événements multiples, sans effets dange­ reux quand ils surviennent isolément.

Parmi ces facteurs, l'action de certains produits chimiques (goudrons de tabac), des rayons solaires pendant un temps prolongé et de certains dérèglements hormonaux parait liée à l'apparition du cancer.

5.

Le rôle des virus a été mis en évidence dans la naissance du cancer des animaux.

Chez l'homme, bien que les preuves expérimentales fassent encore défaut, il semble que les virus interviendraient dans la cellule prédisposée par les divers événements complémentaires cités plus haut et qu'ils seraient la cause immédiate de la perturba­ tion des acides nucléiques.

6.

Le tissu cancéreux étant en quelque sorte étranger à l'organisme, il arrive souvent qu'il soit éliminé par autodéfense, soit par destruction totale des cellules lors de leur transformation maligne, soit par opposition aux métastases.

Lorsque ce système de défense ne fonctionne pas, force est de recourir au traitement médical.

Les méthodes actuelles s'en tiennent aux actions locales sur la tumeur (chirurgie, radiothérapie).

Une action plus rationnelle serait un traitement général de l'organisme par une médication chimique appropriée.

Mais on ne connaît pas encore de substance agissant sélective­ ment sur les cellules malignes. 2 / 2. »