Canada (2004-2005): Un gouvernement en sursis
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/angui/3/450505.txt[13/09/2020 02:24:44]
Le 19 mai 2005, le gouvernement libéral de Paul Martin a de justesse
survécu à un vote de confiance à la
Chambre des communes, la voix prépondérante du président de la
Chambre – une première dans
l’histoire canadienne – départageant les suffrages qui s’é
quilibraient (152 de chaque côté).
Après ce vote,
l’avenir du gouvernement demeurait en sursis.
Les difficultés du gouvernement avaient commencé à l’automne
2004 avec les comparutions des témoins
à la commission enquêtant sur le programme des « commandites »
qui encadre les activités publicitaires
du gouvernement fédéral à la fin des années 1990.
Les tém
oignages télévisés des fonctionnaires,
hommes politiques et présidents d’agences publicitaires ont rév
élé au public un grand nombre
d’irrégularités et de manœuvres frauduleuses, et notamment l
’existence de pratiques permettant le
financement occulte du Parti libéral du Canada.
Dans les semaines qui
ont suivi, la popularité du Parti
libéral a chuté au profit notamment du Parti conservateur de Steph
en Harper au Canada anglais, et du
Bloc québécois de Gilles Duceppe au Québec (souverainiste).
A
dvenant une élection, un gouvernement
conservateur minoritaire devenait alors plausible.
En réaction, le Premier ministre a pris plusieurs initiatives.
Son pa
rti a d’abord utilisé la procédure
parlementaire pour reporter à plus tard les occasions pour l’oppos
ition de demander un vote de
confiance.
Puis il s’est adressé directement aux citoyens à la
télévision – une pratique rare au Canada –
pour leur demander patience et promettre des élections au plus tard e
n février 2006.
Dans le même
temps, son gouvernement multipliait les ententes et les dépenses en f
aveur des provinces, des
municipalités et de divers groupes.
À la fin avril, pour amener le
Nouveau parti démocratique de Jack
Layton à l’appuyer lors du vote sur le budget, le gouvernement a a
ussi consenti à renoncer aux
réductions d’impôt promises aux grandes entreprises et à aug
menter les dépenses sociales.
Un coup de
théâtre est survenu deux jours avant le vote décisif, le 17 mai
, lorsque la conservatrice Belinda Stronach,
qui avait été candidate à la direction de son parti contre S.
H
arper en 2004, a quitté les rangs
conservateurs pour se joindre aux libéraux et devenir immédiatemen
t ministre des Ressources humaines.
Avec cette défection et l’appui de deux indépendants, le gouver
nement Martin a finalement réussi à se
maintenir.
Un contexte économique favorable
Paradoxalement, ce climat parlementaire tendu s’est inscrit dans un c
ontexte économique et social
favorable.
Avec un taux de croissance de 2,8 % en 2004, un taux de chô
mage légèrement en baisse à
7,0 %, un indice des prix à la consommation stable à 1,8 %, et une
devise à son plus haut niveau en
douze ans par rapport au dollar américain, la situation économique
du pays était en effet relativement
saine.
Le Canada était d’ailleurs le seul des pays du G7-G8 (Grou
pe des pays les plus industrialisés) à
présenter encore une fois un budget excédentaire, en dépit de h
ausses dans les dépenses fédérales,
notamment pour la défense et la protection de l’environnement.
Apr
ès huit années consécutives de
surplus, la dette publique devait descendre en 2006 à moins de 40 % d
u Produit intérieur brut, son plus
bas niveau depuis vingt ans.
Bénéficiant d’une importante marge de manœuvre budgétaire
, et minoritaire à la Chambre des
communes, le gouvernement Martin avait commencé son mandat en se mont
rant accommodant envers
les provinces et les territoires.
Le 15 septembre 2004, notamment, il av
ait réussi à créer un consensus sur
le partage des coûts des soins de santé, une question prioritaire
pour une majorité de Canadiens.
En
contrepartie de la participation des provinces à une procédure uni
forme de présentation des comptes et à
un plan de développement des soins à domicile, le gouvernement fé
déral offrait à celles-ci un
financement plus élevé et plus stable pour les soins de santé.
À cette occasion, le gouvernement du
Québec obtenait aussi un arrangement spécifique, qui lui permettai
t de présenter ses propres indicateurs
de résultats (surtout symbolique, cet arrangement changeait dans les
faits peu de chose à l’équilibre des
pouvoirs entre les ordres de gouvernement).
Les semaines suivantes ont donné lieu à l’habituelle annonce d’
un excédent budgétaire fédéral dépassant
de très loin les prévisions du printemps, et à des désaccord
s ou à des tensions sur le déséquilibre fiscal,.
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