Canada (1998-1999): Obligation de négocier
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/angui/3/450599.txt[13/09/2020 02:24:52]
Le 20 août 1998, la Cour suprême du Canada rendait un jugement his
torique, et très politique, en
réponse à trois questions soumises par le gouvernement fédér
al en février 1998, pour mettre en cause la
légalité d'une éventuelle déclaration unilatérale d'indé
pendance par le gouvernement du Québec.
Tout en
indiquant que ni le droit constitutionnel canadien ni le droit internati
onal ne conféraient au Québec le
droit de déclarer unilatéralement son indépendance, la Cour sup
rême a reconnu que le pays "ne pourrait
demeurer indifférent devant l'expression claire, par une majorité
claire de Québécois, de leur volonté de
ne plus faire partie du Canada".
Face à une telle majorité, le gou
vernement fédéral et les autres
provinces auraient même l'obligation d'engager des négociations et
de les poursuivre "en conformité avec
les principes constitutionnels".
En réaction à ce jugement, le gouvernement fédéral a immé
diatement insisté sur la nécessité d'une
question référendaire claire et d'une majorité "claire au sens
qualitatif".
Le gouvernement du Québec,
pour sa part, a mis l'accent sur la reconnaissance nouvelle d'une "oblig
ation de négocier", qui forcerait les
autres gouvernements du pays à accepter la légitimité d'une vic
toire souverainiste et à engager des
discussions en vue de former un nouveau partenariat avec le Québec.
E
n permettant à chaque
gouvernement de déclarer victoire, la Cour a trouvé un point d'é
quilibre que peu anticipaient et a
préservé, voire renforcé, sa propre légitimité institutio
nnelle.
L'aspect le plus novateur est sans aucun doute la reconnaissance d'une o
bligation constitutionnelle de
négocier.
En dépit de ses bien fragiles fondements juridiques, ell
e change les termes du débat en
légitimant la procédure référendaire et en balisant un peu p
lus clairement un processus que la Cour
inscrit dans la continuité des institutions démocratiques.
Elle a
également des implications plus générales,
puisqu'elle rappelle aux différents gouvernements que le propre du fé
déralisme est de constituer des
majorités concurrentes qui doivent accepter de délibérer, de né
gocier et de faire des compromis.
Accord-cadre visant à améliorer l'"union sociale"
Dans les mois qui ont suivi, les grands enjeux constitutionnels sont dem
eurés les mêmes, mais le
gouvernement fédéral a mis l'accent sur la réforme du fédé
ralisme canadien (Plan A), plutôt que sur la
discussion d'éventuels obstacles à l'accession à la souverainet
é (Plan B).
A cet égard, les négociations sur
ce que l'on a appelé l'"union sociale" ont été révélatric
es.
Heurtées par d'importantes coupes dans les
transferts fédéraux, les provinces - sans le Québec au début
- ont remis en question la capacité du
gouvernement fédéral d'utiliser son pouvoir en matière de dé
pense publique pour intervenir de façon
unilatérale dans des politiques sociales qui relèvent de leurs com
pétences (santé, éducation post-
secondaire, aide sociale, services sociaux).
En août 1998, à Sask
atoon, le Québec s'est joint au front
commun des provinces en faisant accepter par celles-ci l'idée qu'une
province pourrait se retirer, avec
pleine compensation financière, de tout nouveau programme fédér
al dans un secteur de compétence
provinciale.
Réticent à compromettre sa capacité autonome d'int
ervention, le gouvernement fédéral s'est
tout de même engagé dans les négociations.
Le 4 février 1999
, les provinces laissaient de côté la plupart
de leurs demandes pour signer, sans le Québec, une entente avec le go
uvernement fédéral intitulée "Un
cadre visant à améliorer l'union sociale pour les Canadiens".
En é
change de transferts accrus pour les
soins de santé, les provinces reconnaissaient la légitimité du
pouvoir fédéral de dépenser et acceptaient
de ne l'encadrer que de façon minimale.
Ainsi le pays se redéfinis
sait-il sans véritablement chercher à
obtenir l'accord du gouvernement du Québec ou même de l'opposition
officielle à l'Assemblée nationale.
Naissance du Nunavut
Avec les nations autochtones, des pourparlers difficiles mais ponctué
s de succès se sont poursuivis.
En
1999, le résultat le plus spectaculaire a été la création d'
un nouveau territoire occupant à peu près un
cinquième de la superficie du pays, le Nunavut.
Comptant 27 000 habit
ants, en large majorité inuits (85
%), celui-ci dispose dorénavant d'un gouvernement autonome, responsa
ble de l'éducation, de la santé,
des services sociaux, de la langue, de la culture, du logement et de la
justice.
En Colombie-Britannique,.
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