Canada (1996-1997): Un pays divisé
Publié le 13/09/2020
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Le 2 juin 1997, les Canadiens ont reconduit au pouvoir le Parti libér
al et le Premier ministre Jean
Chrétien.
Compte tenu de la fragmentation de l'opposition, la victoir
e a été serrée.
Avec 37,3 % des
suffrages et à peine plus de la moitié des sièges à la Chamb
re des communes (155 sur un total de 301),
le parti de J.
Chrétien a accusé un net recul par rapport à l'é
lection fédérale d'octobre 1993 (41,3 % des
voix et 177 députés sur 295).
Le phénomène était égal
ement sensible sur le plan régional.
Le Parti libéral
a perdu beaucoup de sièges dans les provinces atlantiques et quelques
-uns dans l'ouest du pays, où il
était déjà mal représenté, pour s'ancrer encore plus mass
ivement dans la grande province centrale de
l'Ontario (101 des 103 sièges), ainsi que dans le Québec non fra
ncophone.
Le mode de scrutin majoritaire accentue évidemment les différences
régionales, en avantageant dans
chaque région le parti qui obtient le plus de voix.
Il n'en reste pas
moins qu'au terme de ces élections
seul le Parti libéral conservait une audience à l'échelle de to
ut le pays - même s'il s'appuie très largement
sur les électeurs de l'Ontario - et pouvait, de ce fait, prendre le p
ouvoir.
Des élections sans réel vainqueur
L'opposition est restée multiple et régionalisée.
Dans les quat
re provinces de l'Ouest, le Reform Party
dominait toujours avec 60 sièges sur 88, représentation suffisante
pour lui conférer le statut d'opposition
officielle à la Chambre des communes.
Il s'agit d'un parti populiste,
régionaliste et, dans le contexte
canadien, très conservateur.
Idéologiquement assez proche des ré
publicains américains, les réformistes
de Preston Manning souhaitent un État aux prérogatives réduites
, des lois plus sévères contre les
criminels et un pays monochrome, qui mettrait à peu près fin à
la promotion du bilinguisme et du
multiculturalisme et qui ferait du Québec une province comme les autr
es.
Au Québec, le Bloc québécois
représente les souverainistes et se situe au centre gauche.
En 1997,
le parti dirigé par Gilles Duceppe a
obtenu 44 des 75 sièges de la province et 38 % des suffrages.
Le Bloc
a ainsi maintenu sa prédominance
dans la province, non sans reculer par rapport à 1993 (49,3 % au Qué
bec et 54 sièges).
Avec un
nouveau chef venant de Nouvelle-Écosse, Alexa McDonough, et un discou
rs résolument axé sur l'emploi
et les services sociaux, le Nouveau parti démocratique (NPD) a obte
nu en tout 21 sièges (contre 9 en
1993).
Pour la gauche social-démocrate canadienne, le gain a été
appréciable, même s'il n'y a aucun
"néo-démocrate" dans cinq provinces, dont l'Ontario et le Québe
c.
Au pouvoir de 1984 à 1993, le Parti
conservateur avait été pratiquement rayé de la carte lors de la
dernière élection, ne réussissant à
conserver que deux députés, dont Jean Charest qui allait devenir s
on chef.
Partant de loin, et misant sur
l'image positive de leur jeune leader, les conservateurs ont fait une bo
nne campagne mais n'ont obtenu
que 20 sièges, en dépit d'un score très proche (18,9 %) de ce
lui des réformistes (19,3 %).
Ce parti
pouvait donc également faire figure de parti régional, avec dés
ormais seulement 7 députés en dehors des
provinces de l'Atlantique, dont 5 au Québec.
D'une certaine façon, personne n'a gagné.
Les libéraux, bien sû
r, n'ont conservé qu'une faible majorité de
sièges.
Quant aux réformistes, ils allaient maintenant former l'op
position officielle, mais sans réussir à
s'imposer à l'extérieur de leur région d'origine, ne remportant
aucun siège à l'est du Manitoba.
Pour les
souverainistes québécois, il s'agissait du premier recul significa
tif, sous la barre des 40 %, depuis l'échec,
en juin 1990, de l'accord du lac Meech (dont l'objet était de réi
ntégrer politiquement le Québec dans la
Constitution fédérale).
Le vote ne reflète pas exactement les
positions quant à la question de la
souveraineté, mais son résultat n'en a pas moins souligné la fr
agilité de l'appui aux souverainistes, qui
s'était élevé jusqu'à 49,4 % lors du référendum d'octo
bre 1995.
Enfin, pour les néo-démocrates et les
conservateurs, les progrès sont apparus réels, mais encore très
limités.
La division et la relative volatilité du vote s'expliquent en bonne p
artie par la mauvaise humeur de
l'électorat face à la situation économique.
Un sondage mené
en début de campagne indiquait que trois
Canadiens sur quatre estimaient que le gouvernement de J.
Chrétien av
ait échoué dans sa lutte contre le
chômage et n'avait pas respecté les engagements pris durant la cam
pagne de 1993.
Une majorité
s'inquiétait également de l'érosion des programmes sociaux.
Ce
jugement n'empêchait pas une partie de
l'électorat d'appuyer néanmoins le Parti libéral, puisqu'il ne
faisait pas davantage confiance aux autres
partis sur ces questions..
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