Canada (1994-1995): "Statu quo" politique
Publié le 13/09/2020
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La tenue éventuelle d'un référendum sur la souveraineté du Q
uébec a encore gagné en actualité avec les
élections législatives organisées dans la province francophone,
le 12 septembre 1994.
En 1982, le Canada avait retiré au Parlement britannique le contrô
le de la formule d'amendement de sa
propre Constitution, tout en la bonifiant d'une Charte des droits et lib
ertés.
Cette réforme avait été
l'oeuvre du Premier ministre Pierre Elliott Trudeau (1968-1979, puis 19
80-1984), qui aura profondément
marqué la vie politique du pays.
Le Québec, seule province à ma
jorité francophone, n'avait cependant
pas signé la Loi constitutionnelle, considérant qu'elle portait at
teinte à ses pouvoirs dans les secteurs
essentiels de la langue et de l'éducation.
Fort de l'appui de neuf pr
ovinces sur dix, soutenu par la très
grande majorité des représentants québécois au Parlement fé
déral, P.
Trudeau avait obtenu la
confirmation de la légalité de la réforme par la Cour suprêm
e en décembre 1982, huit mois après l'entrée
en vigueur de la Loi constitutionnelle.
Les successeurs de P.
Trudeau et de René Lévesque (qui avait diri
gé la province de Québec de 1976 à
1985) ont consacré le meilleur de leur énergie à des négoci
ations visant notamment à conférer au
Québec une place satisfaisante dans la symbolique et les institutions
de la Fédération.
Le système
politique canadien s'est toutefois réorienté en 1993, avec l'arriv
ée au pouvoir du Parti libéral dirigé par
Jean Chrétien, lequel a nié l'existence même de tout problèm
e constitutionnel, et avec la montée du Bloc
québécois, avec à sa tête Lucien Bouchard, mouvement qui a o
btenu le statut d'opposition officielle pour
défendre la cause de la souveraineté du Québec.
La stratégie du nouveau gouvernement québécois
Le principal événement de l'année 1994, le scrutin législati
f du 12 septembre 1994 au Québec, a accentué
ce phénomène.
Le Parti québécois (44,7% des suffrages) s'y
est imposé de justesse devant le Parti libéral
(44,3% des voix).
Pour apprécier la portée de tels résultats,
il faut se rappeler que l'équipe libérale était
usée par une décennie au pouvoir, et qu'elle avait perdu plusieurs
de ses grands leaders (Lise Bacon,
Claude Ryan).
Le Parti québécois a fait élire 77 de ses candid
ats, tandis que les libéraux ont conservé 47
circonscriptions.
Un troisième parti est entrée à l'Assemblé
e nationale, l'Action démocratique, fondée par
Jean Allaire et les transfuges du Parti libéral et dirigée par Mar
io Dumont (vingt-quatre ans), élu dans
Rivière-du-Loup.
Les résultats obtenus par cette formation ont pu
paraître humbles - un élu, avec 6,5%
des voix -, mais dans le contexte d'un éventuel référendum sur
la souveraineté, un parti jouant la carte
du nationalisme modéré, et dirigé de surcroît par un très
jeune chef pourrait peser dans le jeu politique.
En dépit de sa très courte victoire, le nouveau Premier ministre d
u Québec, Jacques Parizeau (soixante-
quatre ans), a immédiatement lancé son gouvernement sur le terrai
n référendaire.
Toutefois,
contrairement à ce qui était prévu dans le programme de son par
ti, il a renoncé à l'idée de la mise en
place d'une commission constitutionnelle et d'une déclaration solenne
lle de souveraineté à l'Assemblée
nationale (le scénario slovaque de 1992).
Il a préféré dé
poser à l'Assemblée, le 6 décembre 1994, un
avant-projet de loi sur la souveraineté, dont les grands traits ét
aient les suivants: définition générale de la
souveraineté (compétence de voter des lois, de lever des impôt
s, de signer des traités), maintien comme
monnaie du dollar canadien et de l'union économique en place, protect
ion des droits historiques de la
minorité anglophone et des peuples autochtones, mise sur pied d'une s
érie de commissions régionales
visant à consulter la population, proclamation de la souveraineté
un an après la tenue d'un référendum.
Le référendum reporté à l'automne
Avec la création des commissions régionales, le gouvernement souha
itait provoquer une vaste
mobilisation populaire en faveur de son projet.
Ce plan a été cont
rarié par divers facteurs: l'équipe
ministérielle a fait plusieurs faux pas dans la gestion des affaires
courantes, minant ainsi le climat de
confiance dont elle avait tant besoin; le plus populaire des ténors s
ouverainistes, Lucien Bouchard, a dû
quitter la vie publique pendant quatre mois à cause d'une infection r
are et extrêmement grave (il a été.
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