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Canada (1992-1993): Le temps de toutes les incertitudes

Publié le 13/09/2020

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« file:///F/Lycée/angui/3/450592.txt[13/09/2020 02:24:51] La tempête annoncée pour l'automne 1992, à savoir le grand trou ble lié à l'impossibilité pour le Canada anglais de trouver un accommodement avec le Québec, a été repor tée d'une année, pour cause de manoeuvres politiciennes.

Le Québec était dans l'attente d'une pro position constitutionnelle bien différente de celle acceptée par le gouvernement fédéral, le s neuf autres gouvernements provinciaux et les chefs autochtones le 7 juillet 1992.

Mais il était devenu évid ent que Robert Bourassa, le Premier ministre du Québec n'avait pas envie que soit organisé un réfé rendum sur la souveraineté du Québec.

Il se présenta donc, après un boycottage de deux ans, à la table d es négociations, obtint quelques accommodements, se vit opposer un refus catégorique à ses demandes essentielles et accepta finalement, à Charlottetown, le 28 août 1992, un projet qui se sit uait en deçà du défunt accord du Lac Meech (signé le 3 juin 1987 mais devenu caduc le 22 juin 1990, deux provinces ne l'ayant pas ratifié; son objet était de réintégrer politiquement le Québec dans la Co nstitution fédérale), notamment à propos de la reconnaissance du caractère distinct du Québec.

Le projet de Ch arlottetown garantissait bien à celui-ci un minimum de 25% des sièges à la Chambre des communes, mais en ré duisait sa part à moins de 10% dans le nouveau Sénat, allouait de manière très conditionnelle de nouveaux pouvoirs aux provinces - tout en consacrant nommément au pouvoir fédéral celui de dépenser dans les champs provinciaux - et attribuait aux tribunaux des pouvoirs inédits relatifs à l'autonom ie gouvernementale des peuples autochtones, enfin reconnue.

R.

Bourassa réussit dès le lendemain à faire entériner sa dé cision par le Parti libéral du Québec, qui déchirait ainsi son programme constitutionnel nettement plus autonomi ste de mars 1991.

L'enthousiasme n'y était pas, et les défections des membres les plus nationaliste s commencèrent dès ce jour.

Le rejet de l'accord de Charlottetown L'accord de Charlottetown fut soumis à un référendum dans l'ens emble du Canada, le 26 octobre 1992.

Ses partisans savaient la lutte difficile au Québec, mais le tenaient pour acquis au Canada anglais: les premiers sondages y indiquaient 70% de réponses favorables et presque tout l'establishment politique et économique appuyait l'accord.

Au Québec, une large coalition des f orces nationalistes mena la campagne du "non".

Mais le sol allait rapidement se dérober sous les pieds des défenseurs du "oui", tant au Canada anglais qu'au Québec, malgré les importants moyens dont béné ficiait leur campagne.

En effet, le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, était très impopulaire au Canad a anglais et il suffisait d'être mécontent d'un des points essentiel de l'accord pour voter "non".

Peu à peu, le s opposants se manifestèrent: le Reform Party (parti fédéral très conservateur), des mouvement s féministes, des partis provinciaux...

Au Canada anglais, la tactique de l'amalgame ("les opposants à l'acc ord font le jeu des indépendantistes québécois") se retourna contre ses auteurs lorsque l'ancien Premi er ministre canadien Pierre Trudeau descendit de nouveau dans l'arène pour condamner sans appel l'accord de Charlottetown, coupable à ses yeux de créer une hiérarchie des droits, et donc des catégories inégales de citoyens, et d'affaiblir significativement le gouvernement central.

Un seul article, une seule al locution, une seule conférence de presse, et le Canada anglais basculait définitivement dans le camp du rejet.

Au Québec, la position de R.

Bourassa fut affaiblie par une longue conversation téléphonique en tre ses deux principaux conseillers constitutionnels, captée par des oreilles attentives, qui concluaient que "R.

Bourassa s'était écrasé à Charlottetown".

Le 26 octobre 1992, les Canadiens votèrent "non" à 55% (les Qué bécois à 56,6%).

Les autochtones, eux- mêmes, participèrent au rejet de l'accord.

Retour à la case dé part? Le Canada anglais en a conclu que la question était enterrée, le Québec, qu'elle était simplement reportée...

Quant au "problème" autochtone, il a disparu des manchettes.

Une commission royale d'enquête étudi ait déjà avant le référendum l'ensemble du dossier, mais la remise de son rapport a été fixé e à l'automne 1994 seulement.

La crise économique ne pouvait, quant à elle, être mise entre p arenthèses, la sortie de la récession s'esquissant à peine.

Après avoir perdu 462000 emplois (3,7% du t otal) d'avril 1990 à avril 1992, l'économie canadienne n'en a créé que 157000 au cours de l'anné e subséquente, alors qu'il en faudrait 200000 uniquement pour absorber le flot des nouveaux arrivants.

Les mise s à pied, médiatisées, des. »

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