Canada (1991-1992): La déliquescence tranquille
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/angui/3/450591.txt[13/09/2020 02:24:51]
Le Québec n'est, juridiquement, que l'une des dix provinces de la fé
dération canadienne, mais les
Québécois francophones se considèrent comme une nation distinct
e de la nation canadienne et réclament
un statut conforme à cette définition.
L'égalité des deux na
tions se heurte cependant à l'égalité des
provinces, incluse dans la Constitution de 1982.
D'où la grave crise
politique que connaît le Canada
depuis l'échec de l'accord du lac Meech, en juin 1990, qui visait jus
tement à reconnaître le caractère
distinct du Québec.
En avril 1991, le gouvernement du Québec, au terme d'une large consul
tation, faisait connaître sa
nouvelle stratégie: il donnait au Canada une dernière chance de pr
oposer un renouvellement du
fédéralisme canadien tenant compte des aspirations québécois
es.
Si ces offres formelles se révélaient
satisfaisantes, elles seraient soumises à référendum au Québ
ec avant la fin d'octobre 1992.
Sinon serait
organisé un référendum sur la souveraineté du Québec et,
en conséquence, il y aurait rupture de la
fédération canadienne.
Telle est l'essence de la loi 150, adopté
e par l'Assemblée nationale du Québec en
juin 1991.
Le gouvernement fédéral maugréa...
mais se mit au travail.
La p
remière mouture des propositions
fédérales fut dévoilée en septembre 1991 et confiée à
une commission parlementaire qui fit le tour du
pays pour recueillir les avis de groupes de citoyens, triés sur le vo
let, et qui remit le rapport Beaudoin-
Dobbie au début de mars 1992.
Restait alors à intégrer les prov
inces dans le processus, et ces
discussions se prolongèrent jusqu'au 7 juillet.
Le Québec en fut f
ormellement absent.
La quadrature du cercle
Ces discussions ont été singulièrement compliquées par la "n
écessité" d'en arriver à une nouvelle
Constitution satisfaisante pour tout le monde, et non seulement pour le
Québec.
Ainsi, les communautés
autochtones, réparties sur plus de 600 réserves et représentant
3% de la population canadienne, ont mis
à profit leur nouveau poids politique pour participer - pour la premi
ère fois de leur histoire - aux
négociations constitutionnelles, mais également pour faire reconna
ître leur droit "inhérent" à se
gouverner elles-mêmes, à l'intérieur même du Canada.
Ce nouv
eau niveau de gouvernement remplacerait
le système archaïque en vertu duquel le gouvernement fédéral
demeure le "gouverneur" des
autochtones.
Mais l'application concrète de ce nouveau principe a inq
uiété plusieurs provinces, dont le
Québec, qui était déjà indisposé par la campagne plutô
t efficace menée par les autochtones de la baie
James (les Cris) contre le projet hydroélectrique de Grande-Baleine
.
Par ailleurs, les provinces moins peuplées ont énergiquement ré
clamé un Sénat "triple E" (égal, élu,
efficace), ce qui signifierait une transformation radicale du Sénat
canadien, la chambre haute du
Parlement, dont les membres sont nommés par le gouvernement fédé
ral.
Le principe de l'élection des
sénateurs au suffrage universel a été accepté, mais celui de
l'égalité de chacune des dix provinces est
apparu hérétique aux deux provinces les plus importantes, l'Ontari
o et le Québec, du moins jusqu'au 7
juillet 1992.
Ce nouveau Sénat pourrait bloquer des lois adoptées
par la Chambre des communes.
De plus, le Québec, même s'il a fait des concessions, a continué
de réclamer, en plus de ce qu'il y avait
dans le défunt accord du Lac Meech, le rapatriement de plusieurs comp
étences exercées par le niveau
fédéral, bien au-delà de ce que le Canada anglais serait prê
t à envisager.
Celui-ci a rejeté à la fois tout
affaiblissement significatif du gouvernement central et toute idée de
"fédéralisme asymétrique".
C'était,
en somme, la quadrature du cercle.
Le Premier ministre canadien, Brian M
ulroney, crut s'en sortir en
préparant le pays à l'idée d'une proposition constitutionnelle
qui serait déposée unilatéralement par le
gouvernement fédéral et soumise à un référendum pancanadi
en.
Ce scénario misait sur la complicité du
gouvernement du Québec, qui aurait géré le volet québécoi
s du référendum, à supposer que l'offre
fédérale fût "acceptable" au Québec.
La loi fédérale p
ermettant la tenue de ce référendum n'a imposé
aucune limite de dépenses pour la campagne référendaire, et les
forces fédéralistes québécoises se sont
préparées à axer leur campagne sur les retombées économiq
ues négatives de la souveraineté
québécoise.
Du fait de son impopularité, B.
Mulroney se devait
d'obtenir l'appui du principal parti de
l'opposition, le Parti libéral de Jean Chrétien, qui dominait dans
les sondages à la mi-1992.
Il accorda.
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