Canada (1986-1987): L'année des scandales
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/angui/3/450586.txt[13/09/2020 02:24:50]
Le Canada est le seul pays industrialisé où la reprise économiq
ue est allée de pair avec une baisse
considérable dans la popularité du parti politique au pouvoir! Au
printemps 1987, la cote de popularité du
Parti conservateur du Premier ministre Brian Mulroney n'était plus qu
e de 22%, alors qu'elle était encore
de 43% l'année précédente et de 66% en 1985.
Bonne performance économique
Pourtant, la performance de l'économie canadienne n'a cessé de s'a
méliorer.
Ainsi, après avoir sombré
sous le seuil psychologique de 0,70 cent américains, le dollar canadi
en a rebondi pour se stabiliser autour
des 0,76 cent.
Pour la deuxième année consécutive, le défici
t fédéral a été réduit, atteignant au début de
1987, 28 milliards de dollars canadiens pour un budget fédéral de
123 milliards.
Quant aux taux d'intérêt,
ils ont continué leur chute et les Canadiens peuvent bénéficier
de taux hypothécaires de moins de 8%, les
meilleurs taux enregistrés au pays depuis 1967.
Le rythme annuel d'in
flation n'est plus que de 3,9% alors
que l'économie, malgré un taux de chômage de 10,6%, a réussi
à créer quelque 30 000 emplois par
mois.
A cela s'ajoute une performance soutenue pour ce qui est des expor
tations (+9%), une croissance
de l'industrie de la construction (+14%) et la meilleure récolte de
céréales depuis 1970.
L'impopularité du Parti conservateur (au pouvoir depuis 1984) n'a d
'autre explication que l'acharnement
des membres du Conseil des ministres à s'impliquer dans des pratiques
politiques douteuses et à susciter
les accusations de corruption les plus diverses.
Au printemps 1986, le v
ice-Premier ministre, Eric Nielsen,
devait s'excuser publiquement d'avoir autorisé l'écoute électro
nique des réunions du Parti libéral.
En
juillet, Sinclair Stevens, ministre du Développement économique, -
le plus influent du gouvernement -
était forcé de démissionner à la suite d'accusations de conf
lits d'intérêts.
Au même moment, le secrétaire
de presse du Premier ministre devait présenter ses excuses pour des p
ratiques de harcèlement sexuel.
Au
début de 1987, le ministre d'État aux Transports, André Bissonn
ette, a dû démissionner lorsqu'il est
devenu évident qu'il était directement impliqué dans une opé
ration de trafic d'influence.
Enfin, en février
1987, Roch Lasalle, ministre des Travaux publics et pilier du Parti cons
ervateur au Québec, a dû s'effacer
à son tour.
Le Premier ministre lui-même n'a pas été épargné par ces
attaques.
En septembre 1986, les Canadiens
ont appris qu'il était intervenu personnellement pour faire déplac
er dans sa circonscription électorale, à
plus de 1 000 kilomètres de Montréal, la construction d'une nouvel
le prison.
Les membres de son
entourage ont été accusés d'intervenir directement dans l'appro
bation de contrats gouvernementaux,
dans certains règlements judiciaires et dans les nominations à des
postes honorifiques.
On aurait pu s'attendre à ce que ces maladresses profitent au Parti l
ibéral, mais celui-ci s'est permis une
guerre intestine autour du leadership de son chef, John Turner.
Même
si cette contestation s'est soldée
par une victoire éclatante de ce dernier lors du congrès libéra
l de novembre 1986 (avec plus de 75% des
mandats des délégués), le parti n'est pas arrivé à franc
hir la barre des 45% dans les sondages.
A la surprise générale, c'est surtout au Nouveau parti démocrat
ique qu'a profité la débandade
conservatrice.
Avec 35% d'appuis populaires, ce parti peut légitimeme
nt espérer constituer l'opposition
officielle aux élections prévues pour 1988 et même participer à
un éventuel gouvernement minoritaire, ce
qui n'est pas sans inquiéter les États-Unis qui le jugent trop "ra
dical".
Mais à leur congrès de mars 1987,
les néo-démocrates sont revenus sur un programme plus centriste.
F
inis les nationalisations, les taxes sur
la richesse et le retrait de l'OTAN.
Ce cortège apparemment sans fin d'accusations, de rumeurs et de dé
missions a fait passer au second
plan les négociations canado-américaines sur l'institution d'une z
one de libre-échange entre les deux
pays.
Conduites dans le plus grand secret, ces négociations ont donné
lieu à de nombreux coups de force
de part et d'autre alors que chacun se préparait au sprint final pré
vu à l'été 1987.
En juin 1986, les États-
Unis ont imposé une taxe compensatoire sur les importations canadienn
es de bois, ce à quoi Ottawa a
répliqué par une taxe spéciale sur les importations de maïs
et de livres.
A la suite de la décision du
Canada de s'imposer lui-même des tarifs compensatoires sur ses export
ations de bois, les États-Unis ont.
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