Camillo Benso de Cavour1810-1861 Cavour n'est pas riche d'italianité.
Publié le 23/05/2020
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Camillo Benso de Cavour
1810-1861
“ Cavour n'est pas riche d'italianité.
Tout au contraire, par les sentiments, les instincts, les
connaissances, il est quasiment étranger à l'Italie : anglais par les idées, français par le
langage.
” Ce jugement de Gioberti souligne le paradoxe de la personnalité du père de
l'Italie moderne qui, de sa vie, ne connut Rome, Venise, Naples et la Sicile et parla toujours
l'italien avec force gallicismes.
La singularité du destin de Cavour réside dans l'application
qu'il fit à la question nationale italienne, d'une éducation et d'une culture essentiellement
européennes.
Camillo Benso de Cavour naît, à Turin, le 10 août 1810.
Son père, le marquis Michel,
homme d'affaires avisé, a adhéré au régime napoléonien et spéculé sur les biens nationaux.
Chambellan du prince Camille Borghèse, beau-frère de l'Empereur, il le choisit pour
parrain de son second fils, ce qui ne l'empêche pas, à la Restauration, de se mettre au
service de la monarchie absolutiste rétablie, comme vicaire de police de la capitale
piémontaise.
Par sa mère, Adèle de Sellon, Cavour a des attaches genevoises : son
grand-oncle Jean-Jacques, disciple de Turgot et de Diderot, rêvant de la paix universelle ;
ses cousins de la Rive, savants et magistrats de la République.
“ Une pincée de l'hérétique,
un peu du banquier, une dose d'illuminisme et de libéralisme bourgeois, tel est, pour
Cavour, le bilan genevois ” (F.
Valsecchi), composante fondamentale de sa formation
politique.
“ L'atmosphère de raison ” de Genève se combine avec l'influence française,
exercée par deux oncles, le comte d'Auzers et le duc de Clermont-Tonnerre,
gentilshommes légitimistes qui ont épousé les s œ urs de Mme de Cavour et vivent dans la
maison familiale.
Par sa grand-mère paternelle, enfin, Philippine de Sales, il appartient à la
lignée du grand saint savoyard, mais cette ascendance pèsera beaucoup moins que le
cousinage avec la haute aristocratie parisienne.
Sa première éducation est toute française, par les lectures et la langue.
Entré à dix ans à
l'Académie militaire, il manifeste une vive aversion pour l'ambiance étouffante du Piémont
autocratique.
Page de Charles-Albert, il est chassé, pour sa précoce indépendance de
jugement.
Officier du génie, mal noté, il quitte l'armée, au bout de quatre années, à vingt et
un ans.
Cadet de famille, sans fortune personnelle, on lui confie l'administration des
domaines familiaux et il se passionne pour l'agriculture.
La période de la “ seconde
jeunesse ”, de 1831 à 1847, est celle de l'élaboration des idées politiques et économiques.
C'est une phase d'activité intense et de romantisme, traversée d'orages sentimentaux et
obsédée par le désir fiévreux de parvenir à l'indépendance matérielle.
Il la trouve, non sans
aléas, dans les profits de son exploitation rizicole de Leri et dans des spéculations
boursières et industrielles.
Conscient de ses aptitudes, il lit les théoriciens politiques de la Restauration et, surtout, les
économistes libéralistes, de Smith à Say, et les philosophes utilitaristes, de l'école de
Bentham.
Des séjours à Genève, en France, en Belgique, en Angleterre lui permettent de se
familiariser avec les mécanismes parlementaires et les innovations technologiques de la
révolution industrielle, qui commence à transformer le visage de l'Europe bourgeoise.
Son
bagage conceptuel, qui ne variera pratiquement plus, étonne ses contemporains
piémontais par sa hardiesse et sa nouveauté, bien qu'il n'ait rien de profondément original..
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