Cambodge (1991-1992)
Publié le 13/09/2020
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Le retour, le 14 novembre 1991, du prince Norodom Sihanouk, après dou
ze ans d'exil, a catalysé les
espérances de tout un peuple mais la menace de débâcle écono
mique et une situation sanitaire
désastreuse auguraient mal de l'avenir.
En dépit des accords de pa
ix signés à Paris, le 23 octobre 1991,
le Cambodge est demeuré un pays en état de guerre.
A la suite des
manifestations des étudiants (21
décembre) qui protestaient contre la corruption du régime de Phno
m Penh et le bradage des biens
publics, la capitale a vécu jusqu'au 7 février 1992 sous les contr
aintes du couvre-feu.
En province, au
cours des premiers mois de l'année, 20000 personnes ont fui la rég
ion de Kompong Thom où
sporadiquement s'affrontent Khmers rouges et forces de Phnom Penh.
Pour
garantir le cessez-le-feu, les
Nations unies ont commencé à déployer, sous le commandement du
général australien John Sanderson,
15900 "casques bleus" en provenance de douze pays.
Mais les forces de l'
ONU ne sont là que pour
faciliter le respect des accords par les différentes parties, non pou
r les leur imposer.
Selon le Japonais
Yasushi Akashi qui dirige l'Autorité provisoire des Nations unies au
Cambodge (APRONUC), 2,8 milliards
de dollars seront nécessaires à retrouver une vie normale, 1,9 mil
liard pour le budget de fonctionnement
de l'APRONUC, 100 millions pour le rapatriement des réfugiés et 80
0 millions pour la reconstruction du
pays.
Incontestablement la réconciliation nationale sera longue, difficile
et peut-être meurtrière.
On attenta
successivement à Phnom Penh à la vie des leaders Khmers rouges Khi
eu Samphan et Son Sen (27
novembre 1991), tandis que d'autres opposants étaient intimidés o
u assassinés (Tea Bun Long le 22
janvier 1992, Yang Horn 19 mars...).
Toutes les forces politiques ont commencé à préparer les éle
ctions prévues pour mai 1993.
Après avoir
abandonné un projet de gouvernement de coalition, les sihanoukistes d
u Front uni national pour un
Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (FUNCINPEC)
ont signé, le 20 novembre, un
accord politique et militaire avec le régime de Phnom Penh.
Une progressive recomposition du champ politique s'est engagée: le Pa
rti populaire révolutionnaire du
Kampuchéa, au pouvoir depuis 1979, s'est transformé en Parti du pe
uple cambodgien (30 août 1991) et
le Front de libération nationale du peuple khmer (FLNPK) de Son San
n est devenu quant à lui le Parti
démocrate libéral bouddhiste (22 mai 1992), lors de son congrè
s au stade olympique de Phnom Penh,
premier rassemblement de masse organisé par un parti politique d'oppo
sition.
De son côté, le régime de Phnom Penh a modifié ses instances
dirigeantes.
Outre les nouvelles
responsabilités d'État accordées au président de l'Assemblé
e nationale, Chea Sim, d'importants
remaniements ministériels ont été opérés en janvier et en
février 1992, au cours desquels le prince
Norodom Chkrapong, fils du prince Sihanouk, a été nommé au rang
de vice-Premier ministre.
De plus, le
retour au Cambodge du premier dirigeant placé au pouvoir par les Viet
namiens après le renversement
des Khmers rouges en 1979, Pen Sovan, après une décennie d'exil au
Vietnam, est venu brouiller un peu
plus les cartes.
Dans le même temps s'opérait un véritable ball
et diplomatique au palais royal.
Après le
ministre des Affaires étrangères français (23 novembre 1991)
se sont succédé ses homologues chinois
(11 février 1992), malaisien (21 février), vietnamien (24 fé
vrier), américain (9 mars) ainsi que le
secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali (18
avril).
Entre-temps, le prince Sihanouk a
fait successivement deux voyages remarqués en Chine populaire.
Le pri
nce est apparu comme le
dépositaire de la légitimité du Cambodge depuis qu'il a été
nommé, en juillet 1991, président du Conseil
national suprême (CNS, formé en septembre 1990)..
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