Cambodge (1990-1991 )
Publié le 13/09/2020
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Depuis l'invasion vietnamienne de 1979 qui a chassé les Khmers rouges
du pouvoir, on n'aura jamais eu
autant d'espoir en une solution diplomatique du problème cambodgien q
u'en 1990.
Après l'échec de la
Conférence de Paris, à l'été 1989, et plusieurs mois de cons
ultations, les cinq membres permanents du
Conseil de sécurité ont enfin trouvé un terrain d'entente, visa
nt à une intervention forte des Nations
unies.
L'accord cadre du 28 août 1990, accepté bon gré mal gré
par toutes les factions cambodgiennes, a
esquissé les prémices de la paix future et permis d'aboutir, au pr
intemps 1991, pour la première fois
depuis treize ans, à un cessez-le-feu provisoire (1er mai 1991).
Les discussions inter-cambodgiennes auront, au moins, abouti à la con
stitution d'un "organe suprême
national" (10 septembre 1990), le Conseil national suprême (CNS),
composé pour moitié de représentants
du gouvernement de Phnom Penh, et pour moitié de responsables de la r
ésistance (deux partisans de
Norodom Sihanouk, deux représentants du Front national de libérati
on du peuple khmer - FLNPK -, et
deux Khmers rouges.
Même s'il a été incapable de se doter d'un
président (alors que les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité avaient pressenti N.
Sihanouk),
le CNS est devenu le seul organe
dépositaire de la souveraineté du Cambodge pour la période tran
sitoire devant conduire aux élections
générales supervisées par l'ONU.
Cette avancée politique a p
ermis de régler le délicat dossier de
l'attribution du siège des Nations unies (désormais "temporaireme
nt inoccupé").
A la mi-1991, l'édifice
paraissait bien fragile.
En effet, Phnom Penh avait changé unilaté
ralement la moitié de sa délégation au
CNS alors que les accords prévoyaient que de telles modifications dev
aient être décidées par consensus.
Alors que certains y voyaient la pierre d'achoppement des futures discus
sions inter-cambodgiennes,
quelle ne fut pas leur surprise de voir à Jakarta (2-4 juin 1991),
le prince N.
Sihanouk accepter de devenir
un membre "ordinaire" du CNS, ce qui permettait de relancer ainsi le pro
cessus de paix.
Des obstacles
n'en demeuraient pas moins.
Hun Sen a continué à critiquer l'ample
ur du mandat dévolu aux Nations
unies tandis que les Khmers rouges comptaient sur l'application intég
rale du plan onusien pour renverser
le gouvernement de Phnom Penh.
En dépit du retrait de l'essentiel de leurs troupes en 1989, les Viet
namiens ont continué d'envoyer
ponctuellement des soldats pour appuyer Phnom Penh et les forces gouvern
ementales peuvent compter
sur leurs 5 000 à 10 000 conseillers militaires.
Les Khmers rouges se
sont montrés plus actifs que jamais
dans le Nord et l'Ouest du pays, mais ils ont dû abandonner en avril
1991 la région minière de Pailin,
qu'ils contrôlaient depuis 1989 et qui leur rapportait de substantiel
s revenus.
La violence des combats
(bombardements aériens et pilonnages d'artillerie) a provoqué de
nouveaux mouvements de civils à
l'intérieur du Cambodge et vers la frontière, portant ainsi à 3
48 000 le nombre de personnes réfugiées en
Thaïlande.
En l'absence d'un véritable camp neutre, il est à cr
aindre que les populations civiles ne soient
contraintes progressivement à suivre les factions de la résistance
vers leurs "zones libérées".
En 1990,
entre 60 000 et 100 000 personnes ont ainsi été "réinstallée
s" à l'intérieur du Cambodge, dans des
conditions souvent sommaires et sans avoir leur mot à dire.
Dans le m
ême temps, Pékin a continué à
envoyer officiellement des armes aux Khmers rouges tandis que le Premier
ministre thaï - Anand
Panyarachun - se refusait à bloquer ces livraisons.
Pour éviter de favoriser le retour au pouvoir des Khmers rouges, la c
ommunauté internationale a multiplié
les gestes de bienveillance à l'égard de l'État du Cambodge.
Pa
ris a ainsi ouvert une succursale de
l'Alliance française à Phnom Penh (octobre 1990) et l'administra
tion américaine a décidé, quant à elle, en
juillet 1990, d'entamer un dialogue direct avec le Vietnam et le Congrè
s de suspendre, à partir de 1992,
l'aide américaine à la résistance.
Ces gestes sont apparus comm
e une consolidation du régime pro-
vietnamien, et de Hun Sen en particulier, mais qui ne doivent pas masque
r la fragilité du régime.
C'est
ainsi qu'en juin 1990, le ministre des Transports - Ung Phan - a été
arrêté pour avoir tenté de mettre sur
pied un parti politique.
Les dissensions politiques internes ont conduit
à annuler le congrès du Parti en
mars 1991..
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