Burkina Faso (1998-1999): Le pouvoir soupçonné de meurtre politique
Publié le 12/09/2020
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Burkina Faso 1998-1999
Le pouvoir soupçonné de meurtre politique
Malgré la création d'une Commission électorale nationale indépendante (CENI) le
7 mai 1998 (en remplacement du précédent appareil d'organisation électorale,
déconsidéré), les élections présidentielles du 15 novembre, remportées avec 87,5
% des voix par Blaise Compaoré, candidat du Congrès pour la démocratie et le
progrès (CDP, au pouvoir), ont été contestées par une opposition qui les a
boycottées.
Le président élu, qui s'est succédé à lui-même, a prêté serment le
21 décembre, sur fond de manifestations de milliers de personnes et du deuil
populaire du journaliste Norbert Zongo, directeur du journal L'Indépendant, mort
le 14 décembre dans des conditions mystérieuses, après une investigation mettant
en cause le frère du président.
Un large front s'est constitué pour réclamer une
enquête; il réunissait notamment le Parti pour la démocratie et le progrès (PDP)
de Joseph Ki Zerbo, membre de l'Internationale socialiste, l'Alliance pour la
démocratie et la fédération - Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) de
Hermann Yaméogo, les milieux étudiants et universitaires en grève, le Mouvement
burkinabé des droits de l'homme et du peuple (MBDHP).
Le 11 janvier 1999, le
Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo n'en a pas moins été reconduit dans ses
fonctions.
Le Burkina Faso a été, du 8 au 10 juin 1998, l'hôte des 29 chefs d'État
africains rassemblés pour le 34e sommet de l'Organisation de l'unité africaine
(OUA), dont il a pris la présidence.
B.
Compaoré, qui a multiplié les visites
internationales, a centré son action sur la prévention et la résolution des
conflits régionaux, organisant, avec des résultats limités, en novembre 1998 un
sommet sur le conflit Éthiopie-Érythrée et, en décembre, une rencontre
internationale sur la crise en République démocratique du Congo.
Le pays a pu en 1998 se prévaloir d'une amélioration des recouvrements, d'une
inflation limitée (2,5 %), quoique plus forte que prévu, et d'une croissance
économique de 6,3 % (contre 5,5 % en 1997), due avant tout au "boom" de la
production cotonnière qui a doublé en deux ans.
Plaçant le Burkina au deuxième
rang des pays producteurs africains, elle représentait 55 % des recettes en
devises et 35 % du PIB.
Mais les critiques portant sur le "tout coton" ont mis
en évidence le déficit céréalier et alimentaire (160 000 tonnes) et l'importante
proportion de Burkinabés vivant en dessous des seuils de pauvreté (45 % de la
population) ou d'extrême pauvreté (28 %), malgré un secteur informel dynamique
pesant à hauteur de 25 % environ dans le PIB réel..
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