Burkina Faso (1986-1987)
Publié le 16/09/2020
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Burkina Faso 1986-1987
A la tête du Conseil national de la révolution (CNR), le capitaine Thomas
Sankara préside aux destinées du Burkina Faso depuis le 4 août 1983 et consolide
peu à peu le pouvoir de la Révolution démocratique populaire (RDP), très
personnalisé depuis son début.
Les forces civiles représentées au gouvernement
et au CNR (Union des communistes burkinabé, Union des luttes communistes, Groupe
communiste burkinabé), qui avaient signé avec l'Organisation des militaires
révolutionnaires une déclaration commune en mai 1986, ne jouissent pas d'un
grand pouvoir politique.
Celui-ci est pour l'essentiel entre les mains de
l'armée.
La création attendue d'un parti unique a été ajournée sine die.
Après avoir réprimé en 1985 et en 1986 l'action des syndicats proches de la
LIPAD-PAI (Ligue patriotique pour le développement-Parti africain pour
l'indépendance, de tendance marxiste-léniniste) et du PCRV (Parti communiste
révolutionnaire, pro-albanais), le président du CNR, confronté à une situation
économique difficile et à une certaine hostilité dans la sous-région, a choisi
d'apaiser les tensions internes à gauche comme à droite.
En octobre 1986, il a
fait libérer Soumane Touré, leader de la Confédération syndicale burkinabé,
détenu sans jugement depuis janvier 1985.
L'ancien président Lamizana et le Moro
Naba, puissant chef traditionnel des Mossi, ont accueilli François Mitterrand en
novembre 1986 aux côtés des autorités du CNR.
En 1987, la suppression de l'"effort populaire d'investissement" (ponction de 5
à 12% sur les salaires) a atténué le mécontentement.
Toutefois, la réforme de la
fonction publique, qui améliore en principe la situation des fonctionnaires les
plus modestes, a entamé le pouvoir d'achat d'une petite bourgeoisie souvent
vilipendée par le chef de l'État.
Par ailleurs, elle a limité de fait l'action
syndicale.
La production agricole a connu un sensible redressement depuis 1985
avec le retour des pluies, et la campagne est restée la priorité du CNR.
En
liaison avec les organisations non gouvernementales, les Comités de défense de
la révolution (CDR) du capitaine Pierre Ouédraogo y entretiennent une flamme
révolutionnaire vacillante, après quatre ans d'action bénévole (campagnes
massives de vaccination, construction et entretien de retenues d'eau, de postes
de santé primaire...).
Atteints par la démobilisation, c'est dans
l'administration du pays que les CDR s'institutionnalisent.
Le règlement du litige frontalier avec le Mali par la Cour internationale de La
Haye (décembre 1986) a sans doute soulagé les autorités du Burkina Faso,
surprises par leur isolement diplomatique lors des affrontements de décembre
1985 avec l'armée malienne.
Du reste, dans la sous-région, le Burkina Faso, très
lié au Ghana de Jerry Rawlings, s'est attaché à améliorer ses relations avec la
Côte-d'Ivoire et le Niger (mission de Blaise Compaoré, "numéro deux" du régime,
en octobre 1986), après avoir rejeté les accusations de complicité portées par
le Togo dans la tentative de renversement du général Eyadéma en septembre 1986.
Le régime de Thomas Sankara doit résoudre de graves difficultés économiques:
fort endettement, déficit croissant de la balance commerciale...
Le plan
quinquennal (1986-1990), officiellement lancé le 4 août 1986, n'est pas viable.
Il devra être sérieusement révisé pour tenir compte de la capacité nationale
d'investissement réelle du pays - largement surestimée - et des réticences des
bailleurs de fonds occidentaux, dont la France, qui attendent que le Burkina.
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