BTS Blanc - Correction – Est-on toujours à la fête avec ses voisins ?
Publié le 21/05/2022
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BTS Blanc - Correction – Est-on toujours à la fête avec ses voisins ?
BTS BLANC - CORRECTION
Est-on toujours à la fête avec ses voisins ?
1.
SYNTHÈSE
Document 1 – Cuisine et élégance
Chez M.
Ozu, c’est très grand et très beau.
Les récits de Manuela m’avaient préparée à un
intérieur japonais, mais s’il y a bien des portes coulissantes, des bonsaïs, un épais tapis noir bordé de gris
et des objets à la provenance asiatique – une table basse de laque sombre ou, tout le long d’une
impressionnante enfilade de fenêtres, des stores en bambou qui, diversement tirés, donnent à la pièce son
atmosphère levantine -, il y a aussi un canapé et des fauteuils, des consoles, des lampes et des
bibliothèques de facture européenne.
C’est très… élégant.
Ainsi que Manuel et Jacinthe Rosen l’avaient
noté, en revanche, rien n’est redondant.
Ce n’est pas non plus épuré et vide, comme je me l’étais
représenté en transposant les intérieurs des films d’Ozu 1 à un niveau plus luxueux mais sensiblement
identique dans le dépouillement caractéristique de cette étrange civilisation.
- Venez, me dit M.
Ozu, nous n’allons pas rester ici, c’est trop cérémonieux.
Nous allons dîner
à la cuisine.
D’ailleurs, c’est moi qui cuisine.
Je réalise qu’il porte un tablier vert pomme sur un pull à col rond couleur châtaigne et un
pantalon de toile beige.
Il a aux pieds des savates de cuir noir.
Je trottine derrière lui jusqu’à la cuisine.
Misère.
Dans tel écrin, je veux bien cuisiner chaque
jour, y compris pour Léon2.
Rien ne peut y être ordinaire et jusqu’à ouvrir une boîte de Ronron doit y
paraître délicieux.
- Je suis très fier de ma cuisine, dit M.
Ozu avec simplicité.
- Vous pouvez, dis-je, sans l’ombre d’un sarcasme.
Tout est blanc et bois clair, avec de long plans de travail et de grands vaisseliers emplis de plats
et de coupelles de porcelaine bleue, noire et blanche.
Au centre, le four, les plaques de cuisson, un éviter à
trois vasques et un espace bar sur un des accueillants tabourets duquel je me perche, en faisant face à M.
Ozu qui s’affaire aux fourneaux.
Il a placé devant moi une petite bouteille de saké chaud et deux
ravissants godets en porcelaine bleue craquelée.
- Je ne sais pas si vous connaissez la cuisine japonaise, me dit-il.
- Pas très bien, réponds-je.
Une vague d’espoir me soulève.
On aura en effet pris note de ce que, jusqu’à présent, nous
n’avons pas échangé vingt mots, tandis que je me tiens en vieille connaissance devant un M.
Ozu qui
cuisine en tablier vert pomme.
[…]
La soirée pourrait fort bien n’être qu’une initiation à la cuisine asiatique.
Foin de Tolstoï et de
tous les soupçons3 : M.
Ozu, nouveau résident peu au fait des hiérarchies, invite sa concierge à un dîner
exotique.
Muriel Barbery, L’Élégance du hérisson, Gallimard, 2006.
Idées : Mélange des cultures Chute des barrières sociale
1
Ozu : Kakuro Ozu (personne du livre) est parent du cinéaste japonais Yasujiro Ozu, que la narratrice affectionne.
Léon : chat de la narratrice.
3
Kakuro Ozu a offert, quelques jours auparavant, un cadeau à la narratrice : il présume, à juste titre, qu’elle appréciera le
roman Anna Karénine de Léon Tolstoï, et lui en offre donc un exemplaire.
La narratrice, quelque peu désappointée, craint que
sa vraie nature d’intellectuelle n’ait été démasquée.
1
2.
»
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