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Bruges-la-Morte

Publié le 17/05/2020

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« GEORGES ODENBACH Bruges-la-Morte paraît en feuilleton dans Le Figaro du 4 au 14 février 1892.

Il connaît alors un vif succès, le rêve d'exotisme nordique étant à la mode à la fin du siècle dernier.

Ce qui apparaît comme l'un des éléments constitutifs du symbolisme de Bruges­ /a-Morte s'élabore par le jeu des analogies.

Le roman évoque notamment Baudelaire par la référence à la chevelure, et Villiers de l'Isle-Adam et son conte cruel Véra, Edgar Poe et Ligeia.

« ••• il la revoyait à jamais : fanée et blanche comme la cire l'éclairant, celle qu'il avait adorée si belle avec son teint de fleur ...

,.

Illustrations de H.

Delavelle Bru es-la-Morte Deuil et souvenir D ans cette Bruges austère, couverte d'incessants crêpes de brumes, ville cercueil dans laquelle il peut s'abandonner au désespoir que lui a causé la mort de sa femme, Hugues Viane trouve le refuge nécessaire à sa douleur.

Il vit ainsi retiré dans sa demeure, « musée aux reliques » de son épouse, jusqu'au jour où il rencontre fortuitement Jane, dont le visage ressemble à celui de la disparue, et rompt ainsi la monotonie de sa vie contemplative.

Dès lors, il n'a de cesse de rechercher dans la physionomie et le caractère de Jane l'image de la morte.

Mais l'illusion ne durera pas longtemps, Jane se révèle n'être qu'une reproduction vulgaire de la morte, n'ayant que faire de l'amour transi que lui voue le héros.

Excédé par le gouffre qui sépare Jane de son modèle, Viane l'étranglera avec une natte de cheveux ayant appartenu à sa femme.

Le roman d'une quête B ruges-la-Morte fut qualifié de roman symboliste dans la mesure où il se veut roman de la suggestion et que de nombreux thèmes le lient à cette école.

Le phénomène de la « ressemblance » est à considérer comme le pivot central de l'aventure, à partir duquel Hugues Viane se lance dans une quête spirituelle dont la finalité échouera.

S'organise en effet peu à peu la dégradation progres­ sive de cette ressemblance et la prise de conscience des dissonances qui existent entre le rêve et la réalité.

L'échec de la ressemblance porte l'histoire du côté du drame : Jane a osé profaner ce qui est sacré, provoquant ainsi la vengeance du gardien du tombeau.

Rodenbach suggère par les images une supraréalité, celle de l'imagination, du mystère et du rêve.

Le monde extérieur et celui de l'âme se con­ fondent dans une autre réalité, la poésie.

Toutefois, à le considérer avec plus d'attention, il semble que le roman réponde à plusieurs critères esthétiques, dont un certain réalisme si nous en jugeons par l'influence du milieu, l'évolution psychologique du personnage et le rapport de causalité qui existe entre la ville, son climat, ses habitants et le héros.

\T' Sil "< 'LE La ville de Bruges apparaît à la fois comme le miroir de l'âme de Hugues Viane et comme le cercueil de sa femme morte.

« Quand la liaison du veuf avec la danseuse se fut ébruitée, il devint, sans le savoir, la fable de la ville.

». »

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