Brésil
Publié le 02/12/2021
Extrait du document
Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Brésil. Ce document contient 603 mots soit pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Echange.
1 | PRÉSENTATION |
Brésil, en portugais Brasil, pays d’Amérique du Sud, couvrant près de la moitié de la superficie du sous-continent sud-américain. Sa capitale est Brasilia.
Bordé à l’est et au nord par l’océan Atlantique, le Brésil a pour voisins, au nord, le Venezuela, la Guyana, le Suriname et la Guyane française. À l’ouest, ce sont l’Argentine, le Paraguay, la Bolivie et le Pérou, au nord-ouest, la Colombie et au sud, l’Uruguay. Seuls le Chili et l’Équateur n’ont pas de frontière commune avec le Brésil en Amérique du Sud.
Le littoral atlantique est la partie la plus densément peuplée du pays, avec notamment les grandes métropoles de São Paulo et Rio de Janeiro. La capitale, Brasilia, dont la population était estimée en 2007 à 2 455 903 habitants, se trouve à plus de 1 000 km à l’intérieur des terres. Ancienne colonie portugaise, le Brésil est notamment le premier producteur mondial de café et possède d’importantes ressources minérales.
2 | LE PAYS ET SES RESSOURCES |
Le Brésil s’étire du nord au sud sur une longueur maximale d’environ 4 345 km et sur une largeur maximale d’est en ouest de 4 330 km. Avec une superficie de 8 547 404 km², il est le plus grand pays d’Amérique du Sud ; il se place au 5e rang mondial derrière la Russie, la Chine, le Canada et les États-Unis.
2.1 | Relief |
Le territoire du Brésil est dominé par deux types principaux de relief : au nord, le bassin amazonien ; au centre-est, le plateau brésilien, vaste zone de hauts plateaux. Celui-ci est délimité au sud et au sud-ouest par la grande plaine alluviale du Pantanal (zone de marécages s’étendant sur 230 000 km2), et à l’est par la plaine côtière atlantique. Le littoral brésilien, long de 9 655 km, présente des contours d’une remarquable régularité, surtout au nord du pays. Cependant, plusieurs échancrures profondes dans la côte constituent d’excellents ports naturels. C’est le cas de Rio de Janeiro, de Salvador et de Recife.
Le bassin de l’Amazone occupe plus du tiers du pays. Dans cette zone basse où les rares hauteurs dépassent à peine 150 m d’altitude, le fleuve irrigue une immense plaine marécageuse recouverte de forêts vierges, exemple type de la forêt tropicale. Les difficultés à pénétrer dans cette végétation ont empêché l’exploration de la vallée amazonienne jusqu’à une période récente. Dans le nord de cette région se trouve le massif des Guyanes, dont les contreforts sont constitués par la sierra Pacaraima, la sierra Parima et la sierra Curupira. C’est dans ce dernier massif que se trouve le Pico da Neblina, point culminant du Brésil avec 2 994 m.
De hauts plateaux érodés occupent la majeure partie de la moitié méridionale du Brésil. D’une altitude moyenne de 305 à 915 m, ils sont entrecoupés de chaînes montagneuses et de nombreuses vallées. Généralement parallèle à la côte, le rebord de ces hauts plateaux émerge de façon abrupte de l’océan Atlantique en isolant d’étroites plaines littorales discontinues où se rencontrent les fortes densités de population. Parmi les grandes chaînes du plateau brésilien figurent notamment la Serra da Mantiqueira, la Serra do Mar ou encore la Serra Geral. Leur altitude moyenne est inférieure à 1 200 m, mais plusieurs sommets culminent à des altitudes plus élevées. C’est le cas du mont Bandeira, dans la Serra da Mantiqueira qui atteint 2 890 m ou encore le Pedra Açu à 2 232 m dans la Serra do Mar. La végétation de ces hauts plateaux est essentiellement formée de savane appelée campos.
2.2 | Principaux fleuves |
Plus des deux tiers du Brésil sont drainés par les fleuves Amazone et Tocantins. Le Río de la Plata et ses affluents irriguent également un cinquième du pays et le reste est arrosé par le São Francisco et de plus modestes cours d’eau. L’ensemble formé par l’Amazone et ses immenses ramifications (le Negro, le Japurá, le Putumayo, au nord, le Javari, le Purus, le Juruá, le Madeira, le Tapajós, au sud) ainsi que par le Tocantins constitue un système de navigation fluviale comparable seulement à celui formé par le Mississippi aux États-Unis.
De sa source à Iquitos, au Pérou, à son embouchure sur la côte nord-est du Brésil, l’Amazone est long de 6 400 km. Il est navigable sur 3 700 km par des cargos de haute mer. Dans la zone des hauts plateaux, les principaux cours d’eau navigables sont le São Francisco et le Parnaíba. Le cours du São Francisco est interrompu à 305 km de son embouchure par les chutes de Paulo Afonso, mais, en amont, il est navigable sur plus de 1 368 km. Ses eaux servent également pour l’irrigation. Le Parnaíba, comme tous les cours d’eau traversant les hauts plateaux, a des chutes et des rapides, mais on peut y naviguer sur près de 640 km, soit un peu moins de la moitié de son cours. Les rapides entravent également la navigation sur l’Uruguay. Principal affluent du Rio de la Plata, il sépare le Brésil et l’Uruguay de l’Argentine. 965 km des 1 600 km de son cours appartiennent au Brésil. Les autres grands affluents du Rio de la Plata sont le Paraguay et le Haut Paraná.
2.3 | Climat |
En raison de l’immensité du pays, le climat présente des différences notables d’une région à l’autre. Au nord-ouest, le bassin amazonien connaît un climat équatorial humide, avec des pluies abondantes et régulièrement réparties dans l’année. Cette région est l’une des plus pluvieuses de la planète, avec un niveau annuel de précipitations se situant aux alentours de 2 000 mm. La température, stable tout au long de l’année, est de 26 °C en moyenne.
Le Nordeste subit quant à lui des conditions climatiques extrêmes : le climat y est de type tropical semi-aride, avec des températures pouvant atteindre 40 °C l’été, et des précipitations très faibles (moins de 500 mm annuels). Les mois de sécheresse sont entrecoupés par des périodes (de décembre jusqu’en avril uniquement) où tombent des averses sporadiques. De surcroît, les pluies sont irrégulières d’une année sur l’autre ; elles peuvent être inexistantes certaines années.
Les hauts plateaux, très étendus, offrent des climats variés. À l’est, le climat est subtropical, mais les températures varient en fonction de l’altitude, et il existe de fortes variations thermiques entre la chaleur diurne et la fraîcheur nocturne. Cette région connaît une saison sèche prononcée. À Brasilia, au cœur du plateau brésilien, les températures moyennes sont de 22,3 °C au mois de janvier et de 19,8 °C au mois de juillet. Les précipitations annuelles moyennes sont de 1 553 mm. Dans la région sud-est des hauts plateaux, le climat varie de subtropical à tempéré. À l’ouest, dans le haut plateau du Mato Grosso, les précipitations annuelles moyennes dépassent généralement 1 500 mm ; la saison des pluies s’étend de novembre jusqu’en avril.
Sur le littoral brésilien, le climat tropical domine dans la zone s’étendant du nord du pays au tropique du Capricorne, mais il est modéré par les vents de l’océan. Les précipitations annuelles de cette ceinture côtière varient de 1 041 à 2 286 mm. À Rio de Janeiro, les températures moyennes sont de 28,5 °C en janvier et de 19,6 °C en juillet ; les précipitations annuelles moyennes de 1 172 mm. Au sud du tropique du Capricorne en revanche, le climat est marqué par de fortes variations saisonnières. On enregistre parfois des températures hivernales de - 5,6 °C à l’extrémité sud du pays, où les précipitations moyennes sont inférieures à 1 016 mm par an avec des hivers froids et des précipitations inférieures à 1 000 mm par an.
2.4 | Végétation et faune |
La flore et la faune brésiliennes sont extrêmement riches, particulièrement dans la forêt amazonienne, et renferment par ailleurs de nombreuses espèces endémiques. Un grand nombre d’espèces animales et végétales sont cependant menacées, notamment par la déforestation et l’urbanisation. La forêt atlantique, notamment, a subi une réduction de plus de 90 p. 100 par rapport à son étendue d’origine, ne subsistant plus que sous la forme d’îlots isolés. L’Union mondiale pour la nature (UICN) recense, sur la Liste rouge des espèces menacées 2000, près de 1 000 espèces menacées à des degrés divers — dont la moitié environ de plantes.
2.4.1 | Végétation |
2.4.1.1 | La forêt amazonienne |
Dans le bassin de l’Amazone, où les précipitations sont abondantes et régulièrement réparties dans l’année (absence de saison sèche), la végétation, luxuriante, consiste en une forêt tropicale dense où la biodiversité est très élevée. Plus d’un million et demi d’espèces végétales y ont été identifiées.
2.4.1.2 | La caatinga du Nordeste |
Le Nordeste, aride, est dominé par une formation végétale broussailleuse appelée caatinga. La flore est composée de plantes xérophytes. Les épineux y sont majoritaires. On y trouve également des graminées, des arbustes et des cactus.
2.4.1.3 | Le cerrado des hauts plateaux et le Pantanal |
La région centrale du plateau brésilien est occupée par une végétation connue sous le nom de cerrado. Dominée par une végétation broussailleuse d’herbes (graminées majoritairement) et d’arbustes adaptés à la sécheresse, elle est ponctuée, de façon éparse, par des arbres de taille moyenne. Malgré l’apparente aridité du paysage pendant la saison sèche, la biodiversité y est importante ; on y recense environ 10 000 espèces végétales différentes, dont près de la moitié est endémique.
Au sud-ouest, la vaste plaine du Pantanal forme un écosystème à part entière, composé de plusieurs types de végétations : marécageuse, tropicale de type amazonien, ou broussailleuse équivalente au cerrado des plateaux.
2.4.1.4 | Végétation côtière |
Les côtes présentent des paysages et des écosystèmes très variés, des dunes aux mangroves. Les régions côtières où règne le climat tropical étaient, elles aussi, occupées autrefois par une vaste forêt dense pluvieuse, la forêt atlantique. Aujourd’hui, en raison d’une déforestation intensive, il ne subsiste que 10 p. 100 de la surface originelle de cette forêt.
2.4.2 | Faune |
La faune du Brésil est d’une très grande richesse. Deux régions principales présentent un nombre particulièrement élevé d’espèces animales, l’immense forêt amazonienne et le Pantanal. S’il ne peut rivaliser avec ces sanctuaires de la biodiversité, le cerrado abrite pourtant, lui aussi, une grande variété faunistique. Les rivières, lacs et eaux côtières du Brésil abritent une faune aquatique abondante.
2.4.2.1 | Mammifères |
La faune brésilienne renferme plus de 500 espèces de mammifères. Une trentaine d’espèces de singes peut se rencontrer dans les forêts, parmi lesquelles les ouistitis, le curieux ouakari chauve ou encore les tamarins lions, endémiques du Brésil et menacés d’extinction. Les félins sont notamment représentés par le puma, le jaguar et l’ocelot, et les canidés par le loup à crinière.
On peut également citer, entre autres mammifères remarquables, le pécari, le tapir, l’opossum, le tatou ou le paresseux. Au Brésil vivent également le plus gros rongeur du monde, le cabiai ou capybara (1,30 m de long pour plus de 50 kg), ainsi que la plus grande loutre, la loutre géante (jusqu’à 1,80 m ou 2 m queue comprise). Les rivières du nord-est du pays abritent des lamantins.
2.4.2.2 | Oiseaux |
La faune aviaire est très riche, avec quelque 1 600 espèces différentes recensées : aras, tinamous, flamants roses ou encore nandou, fou brun, harpie féroce, faucon des moineaux, ou hoazin huppé…
2.4.2.3 | Reptiles, amphibiens et poissons |
Le Brésil abrite plus de 400 espèces reptiles, dont un nombre impressionnant de serpents, parmi lesquels l’anaconda, le fer-de-lance, le serpent corail et le cascavel, une sous-espèce extrêmement venimeuse du crotale durisse. Une quarantaine d’espèces de tortues (terrestres, d’eau douce et marines) font aussi partie de la faune reptilienne du Brésil, ainsi que les alligators.
Les amphibiens, avec près de 500 espèces représentées, sont également très diversifiés. Entre autres espèces remarquables, on y trouve la plus petite grenouille de la planète, qui n’excède pas 9 mm de long.
On connaît actuellement environ 1 500 poissons d’eau douce, dont les piranhas, mais leur nombre réel est estimé au double.
2.4.2.4 | Invertébrés |
Les invertébrés sont également légion au Brésil où ils se comptent par dizaines de milliers d’espèces différentes. Si l’on connaît à l’heure actuelle quelque 70 000 espèces d’insectes, il en existe de façon certaine beaucoup plus (un grand nombre de nouvelles espèces sont découvertes chaque année, notamment sous le couvert de la forêt amazonienne).
2.5 | Sols et ressources naturelles |
Le sol est principalement composé de terra rosa (terre rouge) tropicale et subtropicale. En Amazonie, les rivières ont constitué une vaste plaine alluviale où les inondations enlèvent et redéposent perpétuellement la couche superficielle du sol. Un certain nombre de plateaux alluviaux existent toutefois. Plusieurs régions intérieures du Nord-Est sont semi-arides. Dans les régions de basses terres, le sol supporte une forêt dense de type équatorial. L’État de São Paulo est marqué par la présence de la terre rouge, presque pourpre en raison de la décomposition accélérée sous l’effet de l’humidité et de la chaleur des roches basaltiques.
Bien que les terres cultivées ne représentent que 67 millions d'hectares, soit 7,9 p. 100 de la superficie totale du pays, le Brésil est une grande puissance agricole. Grâce à la forêt amazonienne qui couvre près de 5,7 millions de km2, il dispose d’immenses ressources en bois. Il possède également de nombreuses richesses minérales parmi lesquelles le quartz, le diamant, le chrome, le charbon, le manganèse, le pétrole, le titane, l’or, la bauxite, le zinc, le mercure, le minerai de fer, le mica, l’étain ou le phosphate.
3 | POPULATION ET SOCIÉTÉ |
3.1 | Démographie |
En 2008, on évaluait la population du Brésil à 191 908 600 habitants. Le taux de fécondité est inférieur à 2,5 enfants par femme depuis le milieu des années 1990. La densité moyenne approche des 23 habitants au km2. Près de 84 p. 100 de la population brésilienne est urbaine.
Les Blancs d’origine européenne représentent environ 55 p. 100 de la population. Les principaux autres groupes ethniques sont les mulâtres d’origine européenne et noire (22 p. 100), les métis d’origine européenne et amérindienne (12 p. 100) et les Noirs (11 p. 100). Les Amérindiens ne constituent plus que 0,1 p. 100 de la population.
Les conditions sanitaires au Brésil varient d’une région à l’autre et d’un groupe social à l’autre. L’espérance de vie moyenne est de 72,5 années, supérieure pour les femmes (76,6 années), inférieure pour les hommes (68,6 années). La plupart des grandes villes disposent d’un encadrement médical suffisant, mais les régions intérieures souffrent d’un manque de praticiens, d’infirmières, d’hôpitaux, de cliniques et de pharmaciens. Le Brésil possède 16 000 hôpitaux, cliniques et dispensaires et près de 200 000 praticiens. Promulguée dans les années 1930 et amendée à la fin des années 1970, la loi organique de Sécurité sociale organise la protection médicale et sociale des ouvriers, des paysans et des fonctionnaires. Les travailleurs urbains disposent de larges garanties, allant de l’assurance maladie à la couverture vieillesse. Cette protection est financée par les cotisations des salariés, des entreprises et du gouvernement. Les travailleurs ruraux et les fonctionnaires fédéraux sont moins bien protégés, et bénéficient surtout d’une protection contre la maladie. La Constitution de 1988 a instauré la semaine de 40 heures de travail, un congé maternité de 120 jours et un congé paternité de 5 jours.
3.2 | Découpage administratif et villes principales |
Le Brésil regroupe 26 États fédérés plus le district fédéral de Brasilia. Les États se répartissent en 5 régions administratives : le Nord (Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia, Roraima, Tocantins), le Nordeste (Alagoas, Bahia, Ceará, Maranhão, Paraíba, Pernambouc, Piauí, Rio Grande do Norte, Sergipe), le Sudeste (Espírito Santo, Minas Gerais, Rio de Janeiro, São Paulo), le Sud (Paraná, Rio Grande do Sul, Santa Catarina) et le Centre-Ouest auquel est rattaché le district fédéral de Brasilia (Goiás, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul). Autrefois située à Rio de Janeiro, la capitale du pays a été transférée en 1960 dans la ville nouvelle de Brasilia, construite pour rééquilibrer le pays au profit de l’intérieur.
La plus grande ville est São Paulo, centre de l’industrie brésilienne, qui comptait en 2007 environ 10 886 518 habitants. Les autres grandes agglomérations sont, pour la même année, Rio de Janeiro, grand centre commercial et industriel, avec 6 093 472 habitants, Porto Alegre, grand port du sud du pays, avec 1 420 667 habitants, Salvador, port situé au bord de la zone agricole fertile, avec 2 892 625 habitants. Il faut ajouter encore Belém, située sur le delta de l’Amazone et grand port du nord du pays, avec 1 408 847 habitants, Recife (1 533 580 habitants), Curitiba (1 797 408 habitants), Belo Horizonte, véritable cœur de la zone cotonnière (2 412 937 habitants) et Manaus, grande ville de l’intérieur du pays, port situé sur le Rio Negro, près de sa confluence avec l’Amazone (1,61 millions d'habitants).
3.3 | Langues et religions |
La langue officielle du Brésil est le portugais. De nombreux Brésiliens parlent cependant une autre langue, en raison de leurs origines, comme l’allemand ou l’italien, particulièrement dans les villes du Sud.
Près de 88 p. 100 des Brésiliens sont catholiques. Parmi eux, environ 20 millions pratiquent également des cultes syncrétiques afro-brésiliens, mêlant rites catholiques, animistes et indigènes : le candomblé et l’umbanda. Le Brésil compte également 5 millions de protestants, dont une majorité sont luthériens, méthodistes et quelques épiscopaliens. Le pays accueille enfin une petite communauté juive. La plupart des Indiens pratiquent des rites traditionnels. L’Église est officiellement séparée de l’État.
3.4 | Éducation |
Le Brésil dispense un enseignement primaire obligatoire et gratuit aux enfants âgés de 7 à 14 ans. Près de 100 p. 100 de la population de cette tranche d’âge est scolarisée au milieu des années 2000, mais un million d’enfants restent en dehors du système éducatif, le taux élevé de redoublement est un problème majeur et les Brésiliens ne passent en moyenne que quatre ans en classe. De fait, le taux d’alphabétisation n’est encore que 87,1 p. 100 en 2005.
Plus de 21,2 millions d’élèves fréquentaient une école primaire au début des années 2000 et environ 26,1 millions un établissement secondaire. Ces établissements sont majoritairement publics et laïcs, gérés par les États et les municipalités. Il existe également un grand nombre d’établissements catholiques.
L’enseignement universitaire et supérieur est placé sous la responsabilité conjointe de l’État fédéral, des États et d’associations privées. Au début des années 1990, le Brésil possédait plus de 850 établissements d’enseignement supérieur, dont 73 universités. Ces établissements regroupaient alors 2,8 millions d’étudiants. Parmi les grandes universités, on peut citer l’université de Brasilia fondée en 1961, l’université de São Paulo fondée en 1934, l’université catholique pontificale de Campinas créée en 1941, l’université fédérale de Rio de Janeiro établie en 1920 ou encore l’université catholique pontificale de Rio Grande do Sul qui date de 1948. D’autres institutions d’enseignement supérieur comprennent des écoles de médecine, de santé publique, de droit, de sciences sociales, les écoles d’ingénieurs et des mines.
3.5 | Culture |
Le Brésil moderne est un immense creuset des traditions de tous les peuples qui y vivent. Les premiers colons ont emprunté de nombreuses coutumes et du vocabulaire à la population indienne. Les millions d’esclaves noirs, débarqués au Brésil durant la traite négrière, ont enrichi la vie culturelle du pays. Leurs rites religieux se sont mêlés au catholicisme pour former les cultes afro-brésiliens. Le plus influent de ces cultes est le candomblé. Mais le Brésil est avant tout une société européanisée, largement marquée par les apports portugais, italiens, allemands et espagnols.
Ces multiples influences ont permis le développement d’une culture baroque exceptionnelle et d’une littérature considérable qui s’inscrit dès le xvie siècle dans l’histoire du pays, avec l’arrivée des premiers colons portugais, notamment le père missionnaire José de Anchieta (1534-1597). Il faut attendre la fin du xviiie et surtout le début du xixe siècle pour que se développe une littérature spécifique dans laquelle s’exprime le sentiment d’appartenir au peuple brésilien. On peut retenir les noms de Cláudio Manuel da Costa (1729-1789), de José de Alvarenga Peixoto (1744-1792) et de Inácio da Silva Alvarenga (1749-1814). Le xixe siècle est marqué par les influences romantiques et réalistes. La période de 1875 à 1922 est particulièrement riche et sa diversité montre la maturité de la civilisation et de la culture brésilienne. Au début du xxe siècle, l’apport culturel d’un grand nombre d’émigrants attirés par la prospérité du pays modifie sensiblement la tradition littéraire brésilienne qui s’oriente dès lors vers le modernisme, dont le mot d’ordre était la « brasiliannité «, par la libération des modèles européens. Cette période est marquée, entre autres, par Mário de Andrade (1893-1945), Cecília Meireles (1901-1964) et Jorge de Lima (1893-1953). Les orientations actuelles de la littérature brésilienne vont essentiellement vers le genre romanesque mais aussi le conte et la chronique. Jorge Amado demeure l’un des écrivains du xxe siècle les plus connus.
La plupart des capitales d’État possèdent une grande bibliothèque et la plupart des villes ont un système de bibliothèque municipale. Les Archives nationales, installées en 1838 à Rio de Janeiro, contiennent une riche collection principalement consacrée à l’histoire brésilienne. La Bibliothèque nationale, fondée en 1810, est également installée à Rio de Janeiro. Elle recèle plus de 5 500 000 volumes, de 670 000 manuscrits et de 80 000 gravures et cartes ainsi qu’un grand nombre de périodiques. Cette bibliothèque accueille le dépôt légal brésilien.
Rio de Janeiro accueille notamment le musée d’Art moderne, fondé en 1948, le Musée national créé en 1818, qui expose près de 1,5 million de spécimens essentiellement en géologie, botanique et anthropologie, ou encore le musée des Indiens créé en 1953 pour valoriser la culture indienne.
Heitor Villa-Lobos (1887-1959) est sans doute le compositeur brésilien le plus doué de sa génération. Il reprend principalement les thèmes de la musique populaire brésilienne. Le plus illustre interprète de sa musique est la soprano brésilienne Bidu Sayao. Le Brésil a une riche tradition de musique populaire imprégnée des traits des musiques traditionnelles africaine et portugaise. La samba, danse populaire, a été introduite aux États-Unis en 1938 et s’est diffusée partout dans le monde. Son rythme, basé sur celui des danses d’origine africaine, a contribué à sa popularité. La bossa-nova, dérivée de la samba, est tout aussi populaire. Les rythmes envoûtants des musiques traditionnelles brésiliennes sont diffusés à travers le monde entier par de nombreux artistes comme le chanteur et guitariste João Gilberto. Parmi les compositeurs contemporains, on relève les noms de Luis Bonfa, d’Antonio Carlos Jobim, auteur de la musique du film Orfeu Negro ; dans la seconde moitié du xxe siècle, Chico Buarque, Gilberto Gil et Caetano Veloso, à la fois interprètes et compositeurs, renouvellent le genre de la bossa-nova par un mouvement appelé le Tropicalisme. D’origine africaine, la capoeira puise ses racines dans des exercices militaires et des arts martiaux. Cette danse se caractérise par l’esprit d’improvisation, les feintes et le sens du rythme. L’élégance guide les mouvements aussi aériens qu’acrobatiques.
Le pays compte plus de 532 quotidiens mais la plupart ont un faible tirage. Les grands quotidiens sont O Dia à Rio de Janeiro, Folha de São Paulo, Estado de Minas à Belo Horizonte et O Fluminense à Niterói.
3.6 | Institutions et vie politique |
3.6.1 | Organisation des pouvoirs |
Le Brésil est une République fédérale constitutionnelle. Elle regroupe 26 États fédérés et un district fédéral. L’actuelle Constitution fut promulguée en octobre 1988, en remplacement de celle de 1969. Chaque État fédéré possède son propre gouvernement aux pouvoirs cependant mal définis par rapport à ceux du gouvernement fédéral.
La Constitution de 1988 abolit la loi de Sécurité nationale, instaurée pour réprimer l’opposition politique. Elle met hors la loi la torture et prévoit l’organisation de diverses consultations électorales sous forme de référendum ou de plébiscites populaires. Elle interdit toute forme de censure, garantit le respect des droits privés des individus et étend le droit de grève à l’ensemble des travailleurs. Les militaires conservent cependant le droit d’intervenir dans la vie politique pour maintenir l’ordre et le droit. Les institutions mises en place par cette constitution ont fait l’objet d’une réforme institutionnelle en avril 1993.
La Constitution de 1969 conférait au président, élu au suffrage universel indirect par un collège électoral composé de députés fédéraux et des États, de larges pouvoirs pour gouverner par décrets. La nouvelle Constitution de 1988 revient sur cette pratique en donnant un pouvoir limité au président, élu au suffrage direct pour un mandat de quatre ans. Mais, le 21 avril 1993, les Brésiliens ont eu à choisir entre monarchie et république et entre système parlementaire et système présidentiel. À l’issue d’une campagne peu suivie par l’opinion publique, la république présidentielle a été plébiscitée par 57 p. 100 des suffrages exprimés.
Le Congrès national du Brésil est composé de deux Chambres. D’une part, le Sénat avec 81 sénateurs élus pour huit ans, d’autre part la Chambre des députés avec 503 députés élus pour quatre ans. Les députés sont élus par chaque État fédéré en proportion de leur population. Tout citoyen de plus de 16 ans sachant lire et écrire est obligé de se rendre aux urnes ; le scrutin se fait par vote secret.
La Cour suprême fédérale, composée de 11 magistrats, siège à Brasilia. Le district fédéral et les États fédérés disposent chacun d’un tribunal fédéral. On trouve également des tribunaux électoraux fédéraux chargés de juger de la régularité des scrutins et des tribunaux du travail. Les magistrats de ces cours fédérales sont nommés à vie. La justice civile est rendue dans les États fédérés par des cours de justice d’État.
3.6.2 | Partis politiques |
En novembre 1979, le Congrès a dissous les deux seuls partis politiques brésiliens créés en 1965. La libéralisation du climat politique dans les années 1980 a permis l’apparition de près de 40 partis politiques. Parmi eux, on peut citer le Parti des travailleurs (PT, socialiste) de Luis Inacio Lula da Silva, le Parti du front libéral (PFL, droite), le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit), le Parti progressiste brésilien (PPB, conservateur), le Parti libéral (PL, libéral), le Parti de reconstruction de l’ordre national (PRONA, extrême droite), le Parti social-démocrate brésilien (PSDB, social-démocrate), le Parti socialiste brésilien (PSB, socialiste), le Parti démocrate travailliste (PDT, gauche), le Parti populaire socialiste (PPS, socialiste) et le Parti communiste du Brésil (PcdoB, communiste).
3.6.3 | Défense nationale |
Le service militaire dure de douze à dix-huit mois. Il est obligatoire pour tous les hommes âgés de 18 à 45 ans. En 2004, les forces armées brésiliennes comptaient environ 189 000 hommes dans l’armée de terre, 48 600 dans la marine et 65 309 dans l’armée de l’air, soit un total d’environ 302 909 hommes.
4 | ÉCONOMIE |
4.1 | Généralités |
Le Brésil occupe au milieu des années 2000 le 9e rang économique mondial et le 1er en Amérique latine. En 2003, l’agriculture représentait 5,1 p. 100 du PIB, le secteur industriel 30,9 p. 100 et les services 64 p. 100. En 2004, le produit national brut (PNB) s’élevait à 552 milliards de dollars, soit un revenu annuel moyen par habitant de 4 710 dollars.
Pays autrefois à vocation essentiellement agricole, le Brésil connaît une forte croissance industrielle dans les décennies 1960 et 1970 lui permettant, à partir des années 1980, de présenter une économie moderne diversifiée. Cette croissance est accompagnée d’une très forte exploitation des ressources naturelles, en particulier du charbon et du minerai de fer. Durant cette période, la production d’acier, de produits chimiques et d’automobiles augmente. Mais cette croissance est doublée d’une inflation chronique et d’une envolée de la dette extérieure du pays. S’élevant à 120 milliards de dollars en 1990, elle atteint 227 milliards de dollars en 2001 et place le Brésil en tête des pays en voie de développement en matière d’endettement en valeur absolue.
Le début des années 1990 est marqué par une sévère restructuration économique. La dette publique est rééchelonnée et finalement réduite après un accord signé en avril 1994 entre le Brésil et ses principaux créanciers. En juillet 1994, pour lutter contre l’inflation, une nouvelle monnaie, le real, est mise en circulation. Contrairement au cruzado, la monnaie précédente, le real ne se dévalue pas à toute vitesse et l’inflation régresse fortement à partir de son introduction. En effet, alors qu’elle était supérieure à 1 200 p. 100 en 1994, et même à 2 500 p. 100 en 1993, la hausse des prix n’atteint que 20 p. 100 en 1995, 5,2 p. 100 en 1997, environ 0,5 p. 100 en 1998 et 6,9 p. 100 en 2005. Ce résultat n’est pas acquis sans mal puisque la politique de lutte contre l’inflation est particulièrement rigoureuse, notamment avec des taux d’intérêt élevés pour éviter la fuite des capitaux spéculatifs. La croissance atteint 4 p. 100 en 1995 mais, en 2001, elle retombe à 1,5 p. 100. La crise financière asiatique et russe de 1998 a en effet touché le Brésil de plein fouet : en janvier 1999, le real est fortement dévalué et la croissance compromise (augmentation du chômage, reprise de l’inflation), mais il reste en revanche relativement à l’abri de la crise qui frappe l’Argentine en 2002, partenaire du Brésil au sein du Mercosur. Troisième espace commercial mondial après l’Union européenne (UE) et l’Alena, le Mercosur, créé par le traité d’Asunción du 26 mars 1991 et entré en vigueur le 1er janvier 1995, connaît une remarquable montée en puissance. La rivalité traditionnelle entre le Brésil et l’Argentine fait place à une collaboration économique et politique croissante qui contribue à la place de plus en plus importante prise par le Brésil dans les échanges internationaux.
L’arrivée au pouvoir de Luis Inacio Lula da Silva en 2002, le premier président de gauche du Brésil, inquiète les milieux financiers, bientôt rassurés par le « choc de crédibilité « mis en œuvre par les nouveaux responsables politiques. Le nouveau président fait ainsi de l’allègement de la dette une priorité de son premier mandat. En 2005, le Brésil décide notamment de rembourser dans l’année au FMI une dette de 13 milliards d’euros, qui venait à échéance en 2007. Après une première année difficile, l’embellie économique permet au Brésil de connaître sa plus forte croissance depuis dix ans en 2004, à hauteur de 5,2 p. 100 — elle s’élevait à 2,59 p. 100 en moyenne pour la période 1990-2003 — et même de se passer d’accord avec le FMI à partir de 2005. Inflation contenue, chômage en régression, baisse de la dette comme condition de la relance de l’investissement, Lula fait la preuve de sa rigueur gestionnaire et parvient à concilier cette orthodoxie économique avec l’amélioration de la condition des plus pauvres, alors qu’un tiers des Brésiliens vit en dessous du seuil de pauvreté. Les salaires sont en hausse, le salaire minimum est triplé en quatre ans et plusieurs programmes de lutte contre la pauvreté (Bourse famille, programme Faim zéro) ont des effets visibles. La réduction de la pauvreté demeure toutefois la priorité du second mandat de Lula, à l’issue de sa réélection en 2006.
4.2 | Agriculture |
En 2006, l’agriculture représentait 5,1 p. 100 du PIB du Brésil et employait 13,8 p. 100 de la population en 2005. Près du quart de la production mondiale de café provient des plantations brésiliennes des États de São Paulo, de Paraná, d’Espírito Santo et du Minas Gerais. En 2006, le Brésil produisait 2,59 millions de tonnes de café par an, essentiellement destinées à l’exportation. Le Brésil est aussi le premier producteur mondial de canne à sucre (411 millions de tonnes en 2004 — elle est utilisée non seulement pour la fabrication du sucre, mais aussi pour celle d’alcool destiné à faire fonctionner un parc automobile de 2,5 millions de véhicules) et d’oranges, au milieu des années 2000. Il est également dans les tout premiers rangs mondiaux pour la production de soja (49,2 millions de tonnes en 2004), de tabac, de coton, de cacao, de maïs, de manioc et de ricin. Il produit également de grandes quantités de riz, pommes de terre, blé et bananes. L’élevage porcin et bovin est également bien représenté dans presque tous les États, le Brésil étant le premier exportateur mondial de viande bovine et de viande de poulet au milieu des années 2000.
En 2005, le Brésil a été classé par l’ONU comme le pays le plus inégalitaire au monde, 57 p. 100 des terres appartenant à 2,7 p. 100 des propriétaires. La réforme agraire réclamée par le Mouvement des paysans sans terre (MST) est l’une des priorités du président Luis Inacio Lula da Silva — 260 000 paysans en ont bénéficié au cours de son premier mandat (2002-2006). Mais, alors que les petites exploitations familiales constituent 80 p. 100 des propriétés rurales, le Brésil apparaît de plus en plus comme une superpuissance agricole. Cela est notamment dû à l’importance prise par la culture du soja, dont le Brésil est devenu en 2002 le premier exportateur mondial devant les États-Unis (l’agriculture représente 42 p. 100 des exportations du pays au milieu des années 2000). Ce nouveau statut l’incite à prendre la tête d’un groupe de vingt pays émergents, dit le G20, dans le cadre des négociations commerciales menées au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), afin de lutter contre le protectionnisme agricole des pays développés et contre les subventions que ceux-ci accordent à leurs producteurs.
La forêt brésilienne recèle un grand nombre de richesses naturelles telles que l’huile de tung, le caoutchouc, l’huile de carnauba, la fibre de caroa, des plantes médicinales, des huiles végétales, des résines, des bois de construction ou d’ébénisterie. Parmi ces bois, certains ont une forte valeur commerciale comme le pin du Paraná. L’exploitation forestière s’est rapidement développée au cours des années 1970 et 1980 à mesure que l’occupation humaine gagnait du terrain sur la forêt. Cette exploitation, très extensive, ne respecte guère les équilibres naturels de la forêt amazonienne. Par bien des aspects, elle s’apparente plus à une déforestation anarchique qu’à une exploitation rationnelle soucieuse de préserver l’avenir du patrimoine écologique du pays.
Handicapée par un manque initial d’investissement, l’industrie de la pêche a tout de même pris son essor dans les années 1970. En 2005, la production annuelle s’élevait à 1 008 066 tonnes, composées surtout de crevettes, de homards et de sardines.
4.3 | Mines et industries |
En 2006, le secteur secondaire représentait 30,9 p. 100 du PIB et employait 21 p. 100de la population en 2004. En dépit de la richesse des ressources minérales du Brésil, l’activité minière ne s’est développée que récemment. En effet, ce n’est que dans les années 1970 que le Brésil a pu résoudre les problèmes de capitaux et d’infrastructures de transport permettant la mise en valeur de ses ressources minérales. Le Rio Grande do Sol et Santa Catarina, dans le Sud, sont les principaux producteurs de charbon du pays. L’Amazone fait l’objet d’une véritable ruée vers l’or depuis 1979, qui a fait du pays l’un des tout premiers producteurs aurifères du monde. Les mines de fer d’Itabira sont parmi les plus riches du monde. Depuis le début des années 1990, le Brésil produit chaque année environ 150 millions de tonnes de minerai de fer, soit 15 p. 100 de la production mondiale, ce qui le place traditionnellement au premier rang des pays producteurs de ce minerai. Grâce à la diversité de ses richesses minérales, le Brésil est l’un des tout premiers exportateurs de matières premières comme le quartz ou le béryllium. Il produit et commercialise également des quantités importantes d’étain, de manganèse, de chrome, de zirconium, de phosphates, d’argent, de bauxite ou de mica. Un certain nombre de richesses naturelles brésiliennes, comme le titane, le zinc, le mercure ou le platine, ne font cependant pas l’objet d’une exploitation à grande échelle. L’exploitation pétrolière offshore au large de Rio de Janeiro permet désormais de couvrir 60 p. 100 des besoins en hydrocarbures du pays.
Afin de renforcer son économie en tant que puissance industrielle mondiale, le Brésil a mis en place, à partir des années 1930, une politique de rééquilibrage de sa balance commerciale extérieure, en favorisant la production nationale. Ainsi, les industries brésiliennes offrent une large variété de produits. De plus, le Brésil dispose d’un fort secteur agroalimentaire qui transforme et exporte dans le monde entier les productions agricoles nationales. Ce secteur agroalimentaire constitue la principale branche industrielle du pays, qui est par exemple le premier exportateur mondial de jus d’orange concentré dans les années 2000. Le pays possède également un important secteur sidérurgique et une forte industrie cimentière. Le Brésil est également un grand producteur dans les domaines du textile, de la construction automobile (notamment avec la présence de filiales des grands groupes comme General Motors, Fiat et surtout Volkswagen et Ford qui se partagent 60 p. 100 du marché brésilien ainsi que Renault et Mercedes qui ont inauguré leur première usine au Brésil respectivement en 1998 et 1999), de l’aviation (Embraer est le quatrième avionneur mondial dans les années 2000), de la chimie, des équipements électriques ou encore de la construction navale. C’est aussi un des premiers fabricants de matériel militaire. L’État de São Paulo est le plus industrialisé du pays, réalisant près du tiers de la production industrielle nationale. Plus largement, le cœur utile du pays est formé par un triangle délimité par les villes de São Paulo, Belo Horizonte et Rio de Janeiro. Ces deux dernières villes, tout comme Porto Alegre ou Fortaleza, sont des centres industriels majeurs.
En 2003, 84,3 p. 100 de l’électricité brésilienne était d’origine hydraulique. Les principales centrales hydroélectriques sont situées sur le Paraná, le São Francisco et le Rio Grande. Le pays dispose, à Itaipú, sur le Paraná, d’une des plus importantes centrales hydroélectriques du monde. Au cours des années 1980, le pays s’est également doté de sa première centrale nucléaire.
4.4 | Échanges |
La monnaie brésilienne est le real, qui vaut 100 centavos. Le real a été introduit le 1er juillet 1994 pour remplacer le cruzeiro, fortement déprécié par l’inflation. Le cruzeiro avait lui-même remplacé, en mars 1990, le cruzado pour les mêmes raisons. La devise brésilienne est émise par la Banque centrale du Brésil, fondée en 1965 et installée à Brasilia. Le pays compte plusieurs grandes institutions bancaires comme la Banque du Brésil qui dispose de 3 300 établissements et succursales à travers le pays, la Banque nationale de développement économique, dont le siège est à Rio de Janeiro, ou encore la Banque brésilienne d’escompte qui possède 1 700 agences.
Au début des années 1990, le Brésil importait pour 20 milliards de dollars de marchandises alors que ses exportations représentaient 31,4 milliards de dollars. En 2004, les importations brésiliennes représentaient 65,3 milliards de dollars et ses exportations 95 milliards de dollars. Les États-Unis, principal partenaire commercial, absorbent plus du quart des exportations brésiliennes. Mais le Brésil compte aussi parmi ses clients les grandes nations industrialisées : l’Allemagne, le Japon, à qui il fournit notamment des matières premières, l’Argentine, la France, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Les principaux produits exportés sont bien sûr le café, qui a fait la richesse du pays, et dont il est le premier exportateur mondial. Il est aussi le premier exportateur mondial de viande bovine, de poulet, de soja, de sucre et de jus d’orange concentré. Il exporte également du minerai de fer, des matériels de transport (notamment automobiles à destination des autres pays d’Amérique du Sud), des constructions mécaniques (notamment le matériel militaire où il concurrence parfois durement les grands pays comme la France), des textiles et des produits agroalimentaires.
Les États-Unis ont remplacé l’Allemagne comme principal fournisseur du Brésil au début de la Seconde Guerre mondiale et ont réussi à maintenir leur position jusqu’à aujourd’hui. L’Irak, l’Allemagne, le Japon, l’Argentine, la France et le Canada sont les autres grands fournisseurs du pays. Les hydrocarbures, les machines-outils, les produits chimiques et le blé constituent les principales importations.
4.5 | Transports |
Le système ferroviaire brésilien compte environ 29 314 km de voies ferrées, principalement situées au sud de Bahia. La première compagnie est la Compagnie fédérale des chemins de fer. À capitaux majoritairement publics, elle dispose de sept réseaux régionaux.
En 2004, le réseau routier et autoroutier était estimé à plus de 1,8 millions de kilomètres, concentrés au sud et au nord-est du Brésil. Moins de 10 p. 100 des routes sont goudronnées ou pavées. Un réseau national de 63 000 km d’autoroutes, reliant toutes les régions du pays, est en cours de réalisation. C’est le cas de la Transamazonienne, véritable artère destinée à relier d’est en ouest les régions reculées du Brésil et du Pérou. Le développement de cet axe, au cœur de la forêt amazonienne, est l’objet de contestations de la part de mouvements écologistes qui dénoncent l’avancée de l’urbanisation au rythme de celle de la Transamazonienne. Les voies navigables intérieures totalisent 35 400 km de cours, essentiellement constitués par l’Amazone et ses affluents. Elles relient le Brésil aux autres pays d’Amérique du Sud et sont un moyen de transport essentiel pour se déplacer dans le pays.
En Amazonie, les cours d’eau sont le premier moyen de transport. Sur le littoral, près de 40 ports sont utilisés pour le commerce côtier et le trafic international. Les grands ports brésiliens sont Santos, Rio de Janeiro, Paranaguá, Recife et Vitória.
Le pays compte de nombreuses lignes aériennes intérieures et plusieurs compagnies de transport aérien international, dont la compagnie nationalisée Varig qui offre des liaisons avec les principaux aéroports dans le monde.
4.6 | Population active |
On estime, en 2006, la population active du Brésil à près de 93,1 millions de personnes, dont environ 42,9 p. 100 de femmes. En 2004 , le secteur primaire (agriculture, pêche, extraction minière, etc.) regroupe 21 p. 100 des travailleurs, tandis que le secteur secondaire (industrie et construction) en compte 21 p. 100 et le tertiaire (services publics et privés) 57,9 p. 100. Un grand nombre de travailleurs brésiliens sont affiliés à l’un des nombreux syndicats nationaux. Les plus importants sont la Confédération nationale de l’industrie, la Confédération nationale de l’agriculture et la Confédération nationale des communications et de la publicité. Les sièges nationaux de ces syndicats sont tous installés à Brasilia.
5 | HISTOIRE |
5.1 | La période coloniale (1500-1822) |
Les premiers habitants de l’actuel Brésil ont été les Indiens Arawak et Caribes, au nord, les Tupí-Guarani, sur la côte est et le bassin amazonien, les Ge, installés dans les régions orientales et méridionales du pays, et les Pano, à l’ouest. La plupart de ces tribus sont semi-nomades et vivent de chasse, de cueillette et d’une agriculture primaire. Les peuples des régions les plus reculées ont conservé leur mode de vie et leurs traditions jusqu’à nos jours, alors que leur existence est désormais menacée par l’avancée du front pionnier à travers la forêt amazonienne.
5.1.1 | Les explorateurs européens et les premiers colons |
Le premier explorateur européen est le navigateur espagnol Vicente Yáñez Pinzón. Après sa traversée transatlantique, il touche terre près du site de l’actuelle Recife, le 26 janvier 1500. Il navigue ensuite le long de la côte, vers le nord, jusqu’à l’embouchure du fleuve Orénoque. Cependant, en vertu des décisions du traité de Tordessillas (1494), qui modifie la ligne de partage instaurée en 1493 par le pape Alexandre VI pour délimiter les empires portugais et espagnol, le nouveau territoire est attribué au Portugal. L’Espagne ne revendique donc pas la découverte de Pinzón. En avril 1500, le navigateur portugais Pedro Álvares Cabral atteint lui aussi les côtes brésiliennes. Il proclame officiellement la région possession du Portugal. Le territoire est nommé Terra da Vera Cruz (en portugais, « Terre de la Vraie Croix «). En 1501, le navigateur italien Amerigo Vespucci mène une expédition sur ce nouveau territoire à l’instigation du gouvernement portugais. Au cours de ses explorations, Vespucci reconnaît et baptise nombre de caps et de baies, dont celle de Rio de Janeiro. Il revient au Portugal avec du brésillet (bois de Pernambouc qui fournit une teinture rouge). La Terra da Vera Cruz prend, à partir de cette date, le nom de Brésil.
En 1530, le roi du Portugal, Jean III le Pieux, entreprend un programme de colonisation systématique du Brésil. Sa première décision est de diviser le territoire en 15 districts, appelés capitaineries, confiés à perpétuité aux notables de la cour du Portugal, désignés sous le nom de donatarios, et investis d’immenses pouvoirs sur leurs domaines. Mais la France, intéressée par ce nouveau territoire, tente de s’en emparer. Les fréquentes incursions françaises et la menace qu’elles constituent pour cette possession de la Couronne portugaise incitent finalement le roi Jean à révoquer l’essentiel des pouvoirs des donatarios et à placer le Brésil sous l’autorité d’un gouverneur général. Le premier, Thomé de Souza, arrivé au Brésil en 1549, met sur pied un gouvernement central dont la capitale est fixée dans la nouvelle cité de Salvador de Bahia. Il réforme complètement l’administration et la justice. Pour protéger le pays de la menace française, il établit un système de défense côtière. L’importation de nombreux esclaves africains permet de pallier la pénurie de main-d’œuvre locale. C’est durant cette période, en 1554 exactement, qu’est fondée au sud du pays la ville de São Paulo.
L’année suivante, en 1555, les Français tentent de s’installer en établissant une colonie sur les rives de la baie de Rio de Janeiro. En 1560, les Portugais détruisent cette colonie et créent, en 1567, la cité de Rio de Janeiro.
5.1.2 | Le pouvoir espagnol et les incursions hollandaises |
En 1580, Philippe II, roi d’Espagne, hérite de la couronne du Portugal. Cette période d’union des deux royaumes, jusqu’en 1640, est marquée par de fréquentes agressions anglaises et hollandaises contre le Brésil. Ainsi, en 1624, une flotte hollandaise s’empare de Bahia. Mais l’année suivante, la ville est reprise par une armée composée d’Espagnols, de Portugais et d’Indiens. Les Hollandais reprennent leurs attaques en 1630. À cette occasion, une expédition subventionnée par la Compagnie hollandaise des Indes occidentales prend Pernambuco, l’actuelle Recife, et Olinda. Les territoires compris entre l’île de Maranhão et la zone en aval du São Francisco tombent ainsi aux mains des Hollandais. Sous la compétente autorité de Jean-Maurice de Nassau-Siegen, la partie du Brésil occupée par les Hollandais prospère durant plusieurs années. Mais en 1644, Nassau-Siegen démissionne pour protester contre l’exploitation menée par la Compagnie hollandaise des Indes occidentales. Peu après son départ, les colons portugais, soutenus par le Portugal, redevenu indépendant de l’Espagne en 1640, se rebellent contre le pouvoir hollandais. En 1654, au bout de dix années de luttes, les Pays-Bas capitulent et, en 1661, ils renoncent officiellement à leurs revendications territoriales sur le Brésil.
5.1.3 | Le rétablissement du pouvoir portugais |
En 1640, après la rupture de l’union entre les deux couronnes d’Espagne et de Portugal, le Brésil repasse donc sous la souveraineté portugaise et devient une vice-royauté. Espagnols et Portugais vivent alors pacifiquement en Amérique du Sud jusqu’en 1680, date d’une expédition portugaise au sud de la rive orientale du Rio de la Plata où ils fondent une colonie. C’est la cause d’une longue série de troubles qui ne s’achèvent véritablement qu’en 1828 avec la création de la république d’Uruguay.
L’expansion brésilienne vers le sud a été précédée par une forte pénétration des terres intérieures. Dès le début du xviie siècle, des missionnaires jésuites font des incursions en Amazonie. Dans la première moitié du siècle, des Paulistas (habitants de São Paulo) atteignent les terres en amont du Paraná. Mais ces expéditions n’ayant d’autre but que d’asservir les Indiens, elles rencontrent une vive opposition de la part des jésuites. Soutenus par la couronne du Portugal dans leur œuvre protectrice et religieuse, ils finissent par triompher. Par la suite, bon nombre de Paulistas deviennent prospecteurs et se lancent fiévreusement à la recherche de minerais précieux. En 1693, de riches gisements aurifères sont découverts dans l’actuelle région du Minas Gerais. La ruée vers l’or qui s’ensuit fait venir des dizaines de milliers de colons portugais au Brésil. La croissance économique est accélérée par la découverte de diamants en 1721 puis, peu après, par l’essor grandissant des cultures de canne à sucre et de café.
En 1750, le traité de Madrid entre l’Espagne et le Portugal entérine les revendications brésiliennes sur un vaste territoire à l’ouest des limites définies autrefois par le traité de Tordesillas. Le traité de Madrid est annulé par la suite, mais ses principes sont repris et appliqués dans le cadre du traité d’Ildefonso signé en 1777.
5.1.3.1 | Joseph Ier de Portugal |
Sous le règne du roi Joseph Ier de Portugal, le Brésil connaît de nombreuses réformes à l’instigation du marquis de Pombal, secrétaire aux Affaires étrangères et à la Guerre puis Premier ministre. Les esclaves indiens sont affranchis, l’immigration encouragée et les impôts réduits. Pombal atténue le poids du monopole royal sur le commerce international de la vice-royauté, centralise l’appareil gouvernemental brésilien dont le siège est transféré de Bahia à Rio de Janeiro en 1763. Trois ans auparavant, en 1760, à l’exemple de ce qu’il a déjà fait en 1759 au Portugal, Pombal expulse les jésuites du Brésil. La raison officielle est le mécontentement populaire suscité par l’influence jésuite chez les Indiens et leur poids grandissant dans l’économie.
Les guerres napoléoniennes infléchissent profondément le cours de l’histoire brésilienne. Dès novembre 1807, Napoléon traverse avec son armée la frontière hispano-portugaise. Sans attendre l’arrivée des Français, le prince Jean, régent du Portugal, et la Cour embarquent à Lisbonne à destination du Brésil. Le gouvernement royal du Portugal est donc installé à Rio de Janeiro. Sous l’autorité du régent, des réformes sont mises en œuvre, dont la suppression des restrictions commerciales, l’instauration de mesures en faveur de l’agriculture et de l’industrie, et la création d’établissements d’enseignement supérieur.
5.1.3.2 | Jean VI le Clément |
En mars 1816, le prince Jean devient roi du Portugal sous le nom de Jean VI le Clément. Sa popularité auprès des Brésiliens s’amenuise progressivement. La corruption et l’incompétence affectent le gouvernement royal. En outre, le sentiment républicain, largement répandu à travers le pays après la Révolution française, gagne une audience considérable lorsque les colonies espagnoles voisines deviennent indépendantes. Dès 1816, Jean VI doit intervenir pour occuper la région de la Banda Oriental sous le contrôle des révolutionnaires hispano-américains. L’année suivante, il écrase un début de révolution à Pernambouc. En 1821, la Banda-Oriental est annexée par le Brésil et reçoit le nom de province Cisplatine. La même année, avant de rentrer au Portugal, Jean VI nomme son deuxième fils, Dom Pedro, régent du Brésil. Mais au Portugal, une vive opposition s’est formée contre les réformes entreprises dans la vice-royauté. L’Assemblée portugaise, les Cortes, vote une série de lois destinées à redonner au Brésil son ancien statut de colonie. Dom Pedro est sommé de rentrer en Europe. En 1822, devant les demandes et l’indignation des Brésiliens, Dom Pedro annonce son refus de quitter le pays. En juin 1822, il fait convoquer une Assemblée constituante et en septembre 1822, alors que des envoyés du Portugal révèlent que les Cortes ne feront plus aucune concession aux nationalistes, Dom Pedro proclame l’indépendance du Brésil. La même année, un vote de la Haute Chambre de l’Assemblée constituante fait de lui l’empereur du Brésil sous le nom de Pierre Ier. À la fin de 1823, toutes les troupes portugaises stationnées au Brésil doivent se rendre au nouveau régime.
5.2 | L'Empire brésilien (1822-1889) |
5.2.1 | Pierre Ier |
Régnant en véritable dictateur, Pierre Ier perd beaucoup de popularité lors de sa première année au pouvoir. En 1823, à cause de dissensions avec l’Assemblée constituante, il décide de la dissoudre et promulgue une nouvelle Constitution en mars 1824. L’année suivante, en 1825, l’Argentine soutient une révolte dans la province Cisplatine. Ce soutien est considéré par le Brésil comme une provocation et la guerre est déclarée entre les deux pays. Défaits en 1827, les Brésiliens doivent accorder, à l’issue de négociations menées sous la médiation britannique, l’indépendance à la province Cisplatine et à l’Uruguay. La fin des années 1820 voit la montée de l’opposition populaire contre Pierre Ier. En 1831, celui-ci décide finalement d’abdiquer en faveur de Pierre II, son héritier présomptif âgé de 5 ans.
Pendant les dix années qui suivent, le Brésil est donc soumis à l’autorité d’une régence marquée par de fréquents soulèvements et révoltes en province. Vers la fin de cette décennie se développe un mouvement populaire en faveur du jeune Pierre II, destiné à le mettre effectivement à la tête du gouvernement.
5.2.2 | Pierre II |
En juillet 1840, le Parlement brésilien proclame la majorité de Pierre II qui peut donc prendre la tête de l’État. Il se révèle un des monarques les plus compétents de son époque. Sous son règne, qui dure près d’un demi-siècle, les croissances économique et démographique du pays sont exceptionnelles. La production nationale est multipliée par dix et le pays commence à se doter d’un réseau ferroviaire. La politique extérieure du gouvernement impérial est ouvertement hostile aux dictatures voisines. De 1851 à 1852, le Brésil soutient donc la lutte révolutionnaire qui abat le dictateur argentin Juan Manuel de Rosas. De 1865 à 1870, allié à l’Argentine et à l’Uruguay, il combat victorieusement le Paraguay.
En politique intérieure, le problème le plus délicat est celui de l’abolition de l’esclavage. En 1853, Pierre II interdit le débarquement d’esclaves noirs. Quelques années plus tard, une campagne en faveur de l’émancipation est lancée à travers tout le pays. À cette époque, le Brésil compte 2,5 millions d’esclaves. Les abolitionnistes remportent leur première victoire en 1871, lorsque le Parlement approuve une loi affranchissant les enfants nés d’une mère esclave. Les esclaves de plus de 60 ans sont libérés en 1885 et, en mai 1888, tous les autres esclaves sont affranchis. À la même époque, un sentiment républicain se développe dans le pays, notamment en raison des sacrifices endurés lors de la guerre contre le Paraguay. Ces différents facteurs conduisent à l’instauration de la première république.
Instituée sans compensation pour les maîtres, l’abolition de l’esclavage provoque la rupture entre les puissants propriétaires fonciers et le gouvernement. Pierre II doit également affronter l’hostilité d’une partie du clergé envers sa politique ainsi que l’infidélité cachée de nombreux officiers et la montée du sentiment républicain dans l’opinion publique.
5.3 | La République brésilienne |
5.3.1 | De Manuel Deodoro da Fonseca à Floriano Peixoto |
En novembre 1889, une révolte militaire dirigée par le général Manuel Deodoro da Fonseca oblige Pierre II à abdiquer. La République est alors proclamée sous l’autorité d’un gouvernement provisoire dirigé par Fonseca. Aussitôt, un certain nombre de réformes d’inspiration républicaine sont décrétées, dont la séparation de l’Église et de l’État. La rédaction d’une Constitution est achevée en juin 1890. Inspirée par la Constitution des États-Unis, elle est adoptée en février 1891, faisant du Brésil une République fédérale, sous le titre officiel d’États-Unis du Brésil. Fonseca est le premier président élu. Les débuts de la jeune République sont marqués par l’agitation politique en raison, notamment, de l’absence de traditions démocratiques du pays. Dès 1891, la politique et les méthodes arbitraires de Fonseca soulèvent une forte opposition du Congrès. Début novembre 1891, Fonseca choisit de dissoudre l’Assemblée et d’imposer un pouvoir dictatorial. Mais, poussé à démissionner par une révolte de la Marine, il cède le pouvoir à son vice-président, Floriano Peixoto. Celui-ci établit un gouvernement tout aussi dictatorial que celui de son prédécesseur. Il survit néanmoins à des révoltes de l’armée en 1893 et 1894, ainsi qu’à une série d’insurrections dans le sud du pays.
5.3.2 | Difficultés économiques et agitation politique |
L’ordre ne revient progressivement dans le pays que sous le gouvernement du premier président de la République civil, Prudente José de Moraes Barros. Puis, l’arrivée au pouvoir de Manuel Ferraz de Campos Salles, ancien gouverneur de São Paulo, marque un nouvel élan de l’économie brésilienne à partir de 1898. Sous l’autorité de ce nouveau président, d’énergiques mesures sont prises pour juguler la crise que traverse alors le Brésil. Campos Salles parvient notamment à renflouer les caisses de l’État grâce à un important emprunt à l’étranger. Cet emprunt, assorti d’importantes garanties de la part du gouvernement brésilien, permet d’assainir la situation financière du pays. Le pays voit son commerce et son industrie se développer. En effet, la production de café et de caoutchouc progresse régulièrement. Le pays semble destiné à connaître la prospérité, mais la chute du cours du café sur le marché international entre 1906 et 1910 crée de graves déséquilibres dans l’économie brésilienne. La situation se dégrade encore avec la baisse des prix du caoutchouc. Cette crise est la cause d’une intense agitation politique et sociale, en particulier sous la présidence du conservateur promilitaire Hermes da Fonseca.
5.3.3 | La Première Guerre mondiale |
Avec la déclaration de la Première Guerre mondiale, l’augmentation de la demande en café, en caoutchouc et en sucre sur les marchés internationaux sort l’économie brésilienne de ses difficultés. L’année 1914 voit également l’élection, sans opposition réelle, de l’industriel Wenceslau Braz Pereira Gomes. Le Brésil reste neutre au cours des premières années du conflit. Mais les attaques allemandes sur les navires brésiliens tendent les relations diplomatiques entre les deux pays à partir d’août 1917. En octobre 1917, le Brésil entre en guerre aux côtés des Alliés, contre l’Allemagne. Il expédie des navires sur les zones de combat et contribue à l’effort de guerre par l’envoi massif de nourritures et de matières premières.
Le retour à la paix ne signifie cependant pas le retour à la tranquillité. En 1922, l’amorce d’une crise économique oblige le gouvernement à faire des coupes drastiques dans le budget de l’État. Le mécontentement général débouche en juillet 1924 sur une large révolte, dont l’épicentre est à São Paulo. La révolte est matée après six mois d’affrontements par l’armée restée loyale envers le président Artur da Silva Bernardes, élu en 1922. Pour éviter de nouveaux troubles, Bernardes décrète la loi martiale qui reste en vigueur jusqu’à la fin de son mandat. Sous l’administration de son successeur, Washington Lius Pereira de Souza, la crise économique s’aggrave, provoquant de nombreuses grèves qui favorisent la propagation d’idées révolutionnaires en matière sociale. En août 1927, le gouvernement décide l’interdiction des grèves.
5.4 | Du pouvoir de Getúlio Vargas au pouvoir militaire |
5.4.1 | La première présidence de Getúlio Vargas (1930-1945) |
À l’issue de l’élection présidentielle de mars 1930, Julio Prestes, le candidat pro-gouvernemental, est déclaré vainqueur devant Getúlio Vargas. Ce dernier est un homme politique de premier plan, fervent nationaliste, originaire de l’État de Rio Grande do Sul. Il dispose du soutien d’une grande majorité de l’armée et de la classe politique. En octobre 1930, il déclenche un coup d’État. Après trois semaines de combats, Vargas est désigné président provisoire, avec de très larges pouvoirs.
Dans le but de réduire la crise économique, Vargas entreprend de diminuer la production de café et d’acheter, afin de les faire détruire, les excédents stockés. Ces dépenses renforcent les problèmes financiers du gouvernement et le Brésil est dans l’incapacité de faire face à sa dette extérieure. L’année suivante, en 1932, le régime de Vargas réprime une large rébellion à São Paulo après près de trois mois de combats intenses.
5.4.1.1 | Le mandat constitutionnel (1934-1937) |
En 1933, Vargas entreprend de doter le pays d’une nouvelle Constitution en convoquant une Assemblée constituante. Le nouveau texte, adopté en 1934, prévoit notamment le droit de vote des femmes, la sécurité sociale pour les travailleurs et l’élection du président par le Congrès. Le 17 juillet 1934, Vargas est élu officiellement président de la République.
Au cours de la première année de son mandat constitutionnel, Vargas rencontre une forte opposition de la part de l’aile gauche du Mouvement des travailleurs brésiliens. En novembre 1935, des tentatives de révoltes communistes sont déjouées à Pernambouc et à Rio de Janeiro. La loi martiale est instaurée et Vargas gouverne par décrets présidentiels. Pour réduire la force de l’opposition, de grandes vagues d’arrestations d’opposants au gouvernement ont lieu. Le mécontentement populaire devient particulièrement fort lorsque le jeune parti pro-nazi Integralista gagne la faveur d’une large partie de la classe moyenne du pays. Bientôt toute l’activité antigouvernementale est centralisée autour de ce parti.
5.4.1.2 | Le coup d’État et l’Estado Novo (1937-1945) |
En novembre 1937, à la veille de l’élection présidentielle, Vargas fait dissoudre le Congrès et proclame une nouvelle Constitution lui conférant un pouvoir absolu. Il réorganise le gouvernement et l’administration du pays à l’exemple des régimes totalitaires italien et allemand. Les partis politiques sont interdits, la presse et la correspondance sont soumises à une étroite censure.
Le gouvernement de Vargas, officiellement désigné par le titre d’Estado Novo (« l’État nouveau «), doit rester au pouvoir jusqu’à ce que soit décidée la date d’un référendum sur de nouvelles lois organiques. Cette date n’est en réalité jamais fixée. Vargas obtient l’assentiment d’une large partie de la population grâce à une série de décrets assurant plus de prestations sociales aux ouvriers des plantations. La seule menace sérieuse contre son autorité vient de l’Integralista dont les partisans organisent un soulèvement en 1938. Quelques heures suffisent à écraser la rébellion.
En dépit du caractère totalitaire de son régime, Vargas entretient d’amicales relations avec les démocraties. Son gouvernement est ouvertement hostile au IIIe Reich, notamment en raison de l’activité d’espionnage nazie au Brésil. Lorsque la preuve de la complicité nazie dans la révolte de l’Integralista est apportée, Vargas impose de sévères restrictions aux ressortissants allemands installés au Brésil. Cette mésentente conduit à une rupture temporaire des relations diplomatiques entre les deux pays en octobre 1938.
La tentative de normalisation des relations est entravée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Soutenu par les États-Unis, le régime de Vargas s’engage aux côtés des Alliés. La contribution brésilienne au conflit est avant tout économique : un vaste programme d’expansion industrielle permet d’augmenter la production de caoutchouc et des autres matériels de guerre vitaux. Des bases navales et aériennes sont construites sur les points stratégiques de la côte brésilienne. Elles deviennent d’importants centres de la guerre anti-sous-marine pour les Alliés. Progressivement, la flotte brésilienne se voit confier la conduite des missions de patrouille dans l’Atlantique Sud. En 1944 et 1945, un corps expéditionnaire brésilien prend part à la campagne alliée en Italie.
Mais pendant ce temps, les manifestations de mécontentement à l’égard de Vargas se multiplient. À la suite d’un défi lancé en février 1945 par un groupe d’éditeurs, le gouvernement accepte d’assouplir la censure sur la presse. Le 28 février 1945 est annoncée la tenue d’élections présidentielle et législatives. Peu à peu, les principales entraves à l’activité politique sont levées. En avril 1945, tous les prisonniers politiques, y compris les communistes, sont amnistiés.
5.4.2 | La présidence de Enrico Gaspar Dutra (1946-1951) |
Pendant la campagne électorale, une série de décrets-lois impopulaires font craindre que Vargas ne veuille rétablir la dictature. En octobre 1945, un coup d’État militaire l’oblige finalement à démissionner. José Linhares, premier magistrat de la Cour suprême, est nommé président provisoire dans l’attente des élections. Celles-ci ont lieu en décembre 1945. Elles donnent une large victoire à l’ancien ministre de la guerre, Enrico Gaspar Dutra. Il entre en fonction en janvier 1946. Les députés nouvellement élus sont chargés de rédiger la nouvelle Constitution, adoptée en septembre 1946.
Dans le climat de guerre froide qui s’instaure dans les relations internationales au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Brésil se range aux côtés des États-Unis. Au cours de l’été 1947 se tient la conférence internationale panaméricaine pour le maintien de la paix et de la sécurité, qui débouche sur le traité de Rio. Ratifié par le Brésil dès septembre 1947, il prévoit notamment l’union des pays signataires face à toute agression armée dirigée contre une nation occidentale. En octobre 1947, agacé par un article d’un magazine soviétique présentant le président Dutra comme le jouet des États-Unis, le gouvernement brésilien rompt ses relations diplomatiques avec l’URSS. Quelques mois plus tard, le Congrès décide de chasser de leur poste tous les communistes ayant un mandat électoral. La mesure touche un sénateur et 14 députés.
5.4.3 | La seconde présidence de Getúlio Vargas (1951-1954) |
Getúlio Vargas retrouve la présidence du Brésil en janvier 1951 à la suite des élections tenues en octobre précédent. Il forme un gouvernement de coalition avec les grands partis. Aussitôt en fonction, ce gouvernement prend des mesures pour équilibrer le budget de l’État et mettre en place un programme de réduction de l’inflation, d’augmentation des salaires et d’extension des réformes sociales. Ces décisions contradictoires n’empêchent pas la croissance de l’inflation. Ces années d’après-guerre sont également marquées par la recrudescence des activités clandestines des communistes et la renaissance du nationalisme qui mène à la nationalisation des gisements pétroliers en septembre 1952. En outre, l’incohérence des mesures économiques, faussement présentées comme une politique d’austérité, déclenchent un tollé grandissant dans les milieux conservateurs.
En août 1954, en pleine campagne électorale législative, un officier de l’armée de l’air trouve la mort dans un attentat dirigé contre un directeur de presse anti-Vargas. Cette mort amène l’armée à exiger la démission de Vargas. Le 24 août, Vargas accepte de laisser provisoirement le pouvoir au vice-président João Café Filho, avant de se suicider quelques heures plus tard.
5.4.4 | Les présidences Kubitschek, Quadros et Goulart (1956-1964) |
L’ancien gouverneur du Minas Gerais, Juscelino Kubitschek, réunit le soutien des partisans de Vargas et des communistes, ce qui lui permet de remporter l’élection présidentielle d’octobre 1955. Sitôt sa prise de fonction, en janvier 1956, il annonce un ambitieux plan quinquennal de développement économique, suivi d’un emprunt auprès de banques américaines, d’un montant supérieur à 150 millions de dollars. C’est également à cette époque que sont approuvés les plans de la future capitale fédérale : Brasilia. La décision de transférer la capitale de la côte vers l’intérieur du pays symbolise la volonté de rééquilibrer les régions entre elles et de valoriser les régions enclavées. Le pays connaît une intense croissance industrielle. En effet, sous l’impulsion des autorités, le Brésil commence à renforcer son tissu industriel afin d’être moins dépendant des cours des matières premières. L’idée est de substituer progressivement aux importations de biens manufacturés des productions locales. Cependant, ce début de croissance est tempéré par la chute des prix mondiaux du café dans la seconde moitié des années 1950, montrant combien le Brésil reste alors encore soumis aux variations des prix des matières premières. L’inflation ne ralentissant pas, le mécontentement social donne lieu à de fréquentes émeutes et grèves des ouvriers ou des étudiants.
Jânio da Silva Quadros, ancien gouverneur de São Paulo, devient président du Brésil en janvier 1961. Il entreprend aussitôt une politique d’austérité économique. Tous les ministres reçoivent l’ordre de réduire les dépenses de leurs ministères de 30 p. 100 et des fonctionnaires peu qualifiés sont licenciés. Quadros tente également d’éliminer la corruption que l’on disait importante du temps de Kubitschek. Puis, sans autre explication que l’évocation imprécise de « forces de la réaction « entravant ses efforts, Quadros démissionne en août 1961. Son vice-président João Goulart lui succède. Mais cette succession ne se fait pas sans difficulté. Les militaires commencent par s’y opposer, accusant Goulart d’avoir de la sympathie pour le régime castriste cubain. Un compromis est toutefois trouvé. La Constitution est amendée de façon à confisquer la plupart des pouvoirs exécutifs du Président en faveur du Premier ministre et du gouvernement, responsables devant le Congrès. Goulart peut entrer en fonction en septembre 1961. Une année plus tard, il provoque une grave crise gouvernementale en demandant l’organisation d’un référendum destiné à évaluer les possibilités de retour à un régime de type présidentiel. La proposition est acceptée, et, en janvier 1963, le Congrès officialise le résultat par une loi. Au cours de cette même année, Goulart fait pression sur le Congrès pour faire approuver un programme de réformes. Dès le début de 1964, il signe des décrets instaurant le contrôle des loyers bon marché, la nationalisation des raffineries de pétrole, l’expropriation des terres non cultivées et la restriction des transferts de bénéfices à destination de l’étranger.
5.4.5 | Le régime militaire (1964-1985) |
Au mois de mars 1964, quelques jours après s’être montré dans un meeting ouvrier, Goulart est renversé par un coup d’État militaire et doit fuir en Uruguay. Le chef d’état-major de l’armée, le général Humberto Castelo Branco, devient président de la République.
Les militaires prennent soin, dès le mois d’avril, de rédiger une nouvelle Loi institutionnelle. Cette loi donne d’immenses pouvoirs au nouveau régime et supprime l’opposition, en particulier des partis de gauche. Le nouveau pouvoir adopte des versions modérées des réformes économiques proposées par Goulart et entreprend de combattre l’inflation notamment par le contrôle des salaires et le renforcement de la fiscalité. En 1965, une loi réduit les libertés civiles, augmente le pouvoir du gouvernement et confie au Congrès le soin de désigner le président et le vice-président.
En 1966, l’ancien ministre de la Guerre, le maréchal Artur da Costa E Silva, candidat du parti gouvernemental l’Arena (parti de la renaissance nationale), est désigné président. Le Mouvement démocratique brésilien, seul parti d’opposition toléré, a refusé de présenter un candidat en réaction à la privation des droits électoraux des adversaires les plus farouches du gouvernement militaire. L’Arena remporte également les élections législatives fédérales de 1966. À la tête d’un gouvernement promilitaire, Costa se préoccupe surtout de la croissance économique du pays. En décembre 1968, tirant les conséquences de l’agitation sociale et politique, Costa se donne des pouvoirs illimités et peut ainsi effectuer des purges politiques, des coupes sombres dans l’économie et imposer la censure. En août 1969, il est frappé par une attaque cérébrale. Les militaires choisissent le général Emilio Garrastazú Médici pour lui succéder, choix approuvé par le Congrès. Médici choisit d’intensifier la répression contre l’opposition, ce qui ne manque pas de la réactiver. Alors que le gouvernement encourage la croissance économique et la mise en valeur des régions intérieures, l’économie est rongée par l’inflation galopante et le déséquilibre de la balance des paiements. De plus, devant l’échec du programme pour améliorer la situation des plus démunis, l’Église catholique multiplie les critiques à l’égard du gouvernement. La contestation se fait donc de plus en plus vive dans le pays.
C’est dans ce contexte que le général Ernest Geisel, président de Petrobras, société pétrolière nationalisée, accède au pouvoir en 1974. Il commence par établir une politique plutôt libérale en desserrant la censure sur la presse et en permettant aux partis d’opposition de reprendre une activité politique légale. Mais ces mesures sont en partie annulées en 1976 et en 1977. En 1979, un autre militaire, João Baptista de Oliveira Figueiredo, succède à Geisel.
5.5 | Le Brésil contemporain |
5.5.1 | Le retour à la démocratie (1985) |
C’est finalement en 1985 qu’est élu le premier président civil brésilien depuis vingt et un ans, Tancredo Neves. Mais il meurt avant d’entrer en fonction. Le vice-président José Sarney le remplace. Confronté à un retour de l’inflation et à une dette extérieure considérable, Sarney impose un programme d’austérité comprenant l’émission d’une nouvelle monnaie, le cruzado. Pour affermir la démocratie, une nouvelle Constitution entre en vigueur en octobre 1988. Mais la fin de l’année est marquée par l’assassinat au mois de décembre de Chico Mendès, un cueilleur de latex (seringueiros) qui luttait pacifiquement pour la préservation de la forêt amazonienne face aux grands propriétaires et qui devient un symbole du combat écologique.
5.5.2 | La présidence de Fernando Collor de Mello (1989-1992) |
C’est dans le cadre de cette nouvelle Constitution prévoyant l’élection du président au suffrage direct qu’est élu, en décembre 1989, Fernando Collor de Mello, candidat du Parti conservateur de reconstruction nationale. Les mesures drastiques de lutte contre l’inflation qu’il prend provoquent une des plus graves récessions que le Brésil ait jamais connues en une décennie. Par ailleurs, des accusations de plus en plus précises de corruption commencent à être lancées à l’encontre du président Collor. Elles ont raison du peu de popularité qui lui reste. En juin 1992, le Brésil accueille plus d’une centaine de chefs d’État dans le cadre de la conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, plus connue sous le nom de « Sommet de la Terre «. Ce succès diplomatique n’empêche pas la Chambre des députés d’entamer une procédure de destitution à l’encontre de Collor. Le vice-président Itamar Franco est chargé d’assurer l’intérim. Tous recours épuisés, Collor finit par démissionner le 29 décembre 1992. Franco est alors officiellement investi comme président du Brésil. Il continue à lutter contre l’inflation, en particulier avec, en avril 1994, un plan de restructuration et de réduction de la dette extérieure du pays. C’est également dans ce cadre qu’est introduite, en juillet 1994, une nouvelle monnaie, le réal, en remplacement du cruzado mis à mal par l’inflation.
5.5.3 | Les présidences de Fernando Henrique Cardoso (1994-2002) |
À la fin de 1994, l’élection présidentielle voit la victoire de Fernando Henrique Cardoso, un sociologue reconnu mondialement, qui prend ses fonctions le 1er janvier 1995. Dès son arrivée au pouvoir, son gouvernement annonce son intention de réformer les systèmes de sécurité sociale et fiscal du pays et de poursuivre la politique de lutte contre l’inflation. Celle-ci semble, en 1995, partiellement jugulée, mais le coût social de cette réussite est très élevé. Malgré son réel décollage économique, le Brésil connaît encore des poches de pauvreté considérables. Le choléra est entré dans la vie quotidienne des plus pauvres. Et, sous-équipé, le Nordeste souffre de la plus importante sécheresse qui ait frappé la région en quarante ans, signe des multiples déséquilibres dont souffre le pays.
En 1997, le Brésil réalise un nombre croissant d’échanges avec les pays adhérents au Mercosur. S’il connaît une stabilisation de son économie (croissance à 3,6 p. 100, arrêt de l’inflation, développement du marché intérieur, augmentation des investissements étrangers, etc.), plusieurs indices en révèlent la fragilité (augmentation de la dette interne et déficit commercial, deux fois plus d’importation en trois ans, surévaluation du real par rapport au dollar). Les réformes engagées par le gouvernement afin d’assainir la situation (réforme budgétaire, réduction des dépenses publiques, etc.) ne donnent pas les résultats escomptés. L’accélération des privatisations rendue nécessaire, afin d’éviter une crise du système bancaire, rencontre l’opposition des syndicats, de la gauche radicale, de José Sarney et de généraux nostalgiques.
Le coût social élevé de cette situation qui provoque nombre de licenciements, aggrave les disparités entre les États de la fédération et est génératrice de la recrudescence de la violence urbaine. Sur le plan politique, le parti du président F. H. Cardoso, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), subit un revers aux élections municipales (automne 1996). Toutefois, grâce à l’amendement qu’il fait adopter, lui permettant de briguer un second mandat de quatre ans, Cardoso apparaît en bonne position pour poursuivre son action à la tête de l’État brésilien. Par ailleurs plus de 30 000 km2 de la forêt amazonienne dans l’État du Roraima sont dévastés, en février et mars 1998, par des incendies dus à de fortes sécheresses causées par El Niño et à l’imprudence des propriétaires terriens et des paysans recourant au système du brûlis. Ces incendies ont des conséquences dramatiques pour les Indiens Yanomamis et les petits paysans menacés par la famine.
En octobre 1998, le président Fernando Henrique Cardoso est réélu dès le premier tour de scrutin avec près de 54 p. 100 des suffrages, contre moins de 32 p. 100 pour son adversaire Luis Inacio Lula da Silva, leader du Parti des travailleurs (PT). Il annonce son intention de poursuivre son programme d’austérité et adopte, en accord avec le Fonds monétaire international (FMI), un plan de rigueur pour assainir les finances publiques. Cependant la crise financière asiatique et russe touche le Brésil, malgré l’intervention du FMI. Elle provoque l’effondrement de la Bourse (chutes en cascades entre août 1998 et le premier trimestre 1999) et la récession. Une dévaluation du real la mi-janvier est suivie par la décision par le gouvernement de laisser flotter librement la monnaie pour la première fois depuis l’instauration du real en 1994. Il en résulte une augmentation du chômage. Cette crise financière ébranle l’économie brésilienne et déstabilise celle de ses voisins, notamment l’Argentine. Pour l’aider à faire face à cette situation, le FMI et les pays riches accordent 41 milliards de dollars au Brésil qui redresse rapidement son économie, même s’il demeure le pays le plus endetté des pays émergents et celui où les inégalités sociales sont les plus fortes. La stratégie monétaire du Brésil — qui consiste à laisser glisser sa monnaie par rapport au dollar — lui permet également de bien résister à l’effondrement économique de l’Argentine à partir de la fin 2001.
5.5.4 | Les présidences de Lula (2002- ) |
Les élections municipales de 2000 sont marquées par les bons résultats du Parti des travailleurs (PT), qui remporte notamment la mairie de São Paulo. Le recentrage du PT va permettre à son candidat « naturel « — il s’est présenté en 1989, 1994 et 1998 —, Luis Inacio Lula da Silva, dit Lula, de remporter enfin l’élection présidentielle de 2002. Lors des élections législatives, qui se déroulent le même jour que le premier tour de l’élection présidentielle, le PT s’impose comme le premier groupe parlementaire à la Chambre des députés avec 91 sièges sur 513, devant le Parti du Front libéral (PFL), qui en totalise 84. Lula est élu au second tour de scrutin, le 27 octobre 2002, avec 61,3 p. 100 des suffrages contre 38,7 p. 100 pour le sénateur José Serra, candidat du PSDB, dauphin du président sortant Fernando Henrique Cardoso.
Pour la première fois, un président de la République de gauche est élu au Brésil. Il entre en fonctions le 1er janvier 2003, lors d’une cérémonie d’investiture empreinte de joie et d’émotion. Sa victoire suscite en effet de grands espoirs de changement au sein de la population. Contraint de mener une politique de stabilité économique afin de satisfaire les milieux financiers, tout en s’efforçant de répondre aux attentes sociales de la population, Lula propose un « pacte social « visant à réunir tous les acteurs de la société et à aboutir à un consensus sur les réformes à mener, notamment la réforme fiscale et la réforme agraire. Le combat contre la faim (programme « Faim zéro «) constitue en outre la priorité de sa première année de mandat.
Le scepticisme l’emporte dès l’automne 2003, alors que le Brésil connaît une récession économique et une aggravation de son chômage. Contraint de poursuivre la politique économique de son prédécesseur sous le contrôle du FMI, Lula souhaite créer un « choc de crédibilité « afin d’élargir sa marge de manœuvre. Dix-huit mois plus tard, l’embellie économique est à l’ordre du jour ; le PIB connaît sa plus forte croissance depuis dix ans (5,2 p. 100 en 2004) et le Brésil annonce en mars 2005 qu’il se passera désormais d’accord avec le FMI. En politique extérieure, Lula mène une véritable offensive diplomatique. Il relance le Mercosur, apparaît comme le leader des pays du Sud réunis au sein du G20 lors des négociations de l’OMC (septembre 2003), envoie des troupes en Haïti (mars 2004), présente les excuses officielles du Brésil à l’Afrique pour l’esclavage : il réussit en somme à faire du Brésil l’un des grands acteurs de la scène internationale et à donner corps à sa demande d’un siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Malgré le scandale du « menselao « – certains parlementaires recevaient une enveloppe pour soutenir la politique du Congrès au gouvernement – qui provoque la démission des principaux responsables du Parti des travailleurs en 2005 et du ministre de l’Économie en mars 2006, la popularité de Lula reste élevée. Son bilan intérieur se fonde notamment sur l’augmentation de 25 p. 100 du salaire minimum, la distribution de la « bourse famille « à 11 millions de foyers modestes pour aider les parents à scolariser leurs enfants, et sur une amélioration de l’accès des populations défavorisés à la santé et à l’enseignement supérieur.
Le 29 octobre 2006, lors du second tour de scrutin, Lula est réélu à la présidence de la République avec 60,83 p. 100 de suffrages, face à Geraldo Alckmin. Il s’engage à donner « la préférence aux pauvres «, tout en maintenant la rigueur fiscale, et souhaite réformer le système politique afin d’éviter de nouveaux scandales de corruption.
Liens utiles
- Développement et inégalités au Brésil
- Le Brésil de Bolsonaro: une démocrature
- Acre (Brésil)
- Artisan d'origine modeste et de religion protestante, Jean de Léry participa à une expédition française au Brésil. À cette occasion, il partagea pendant quelque temps la vie des indiens Tupinambas. Vingt ans après son retour en France, il fit paraître un récit de son voyage.
- Brésil 2000-2001 Redressement économique, incertitude politique