Brésil 2002-2003 La victoire de «Lula»
Publié le 12/09/2020
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«
Brésil 2002-2003
La victoire de «Lula»
L'année 2002 a entièrement été dominée par les élections des 6 et 22 octobre.
De
fait, 115 millions d'inscrits étaient appelés à élire leur président de la
République.
Le même jour, ils devaient aussi renouveler la totalité des 513
sièges de la Chambre des députés et deux tiers des 81 sièges du Sénat fédéral.
Ils étaient aussi appelés à élire leurs gouverneurs (un pour chacune des 27
unités fédératives) et la totalité des membres de chacune des assemblées
législatives (une par unité fédérative).
Si la simultanéité de ces cinq scrutins
a provoqué un mélange des enjeux nationaux et locaux nuisible à la clarté des
débats, elle n'a pas occulté l'importance du scrutin présidentiel.
Celui-ci a
été remporté par Luis Inacio «Lula» da Silva, qui a obtenu 61,3 % des suffrages
exprimés au second tour, soit un score nettement supérieur à celui de tous ces
prédécesseurs.
Contrairement à ses devanciers et à l'immense majorité des dirigeants
brésiliens, Lula n'est pas un fils de bonne famille.
Né de paysans très pauvres
et analphabètes, il doit, après avoir fui avec sa famille la misère des
campagnes du Nordeste, quitter l'école à l'âge de douze ans pour exercer divers
petits métiers.
Six ans plus tard, il est ouvrier tourneur, profession qu'il
exercera pendant une douzaine d'années, à la fin comme contremaître.
En 1969, il
entre dans le syndicalisme et est élu en 1975 à la présidence du syndicat des
métallurgistes des banlieues industrielles de São Paulo.
Fervent orateur et
habile organisateur, il souhaite que les syndicats s'éloignent des pratiques
corporatistes d'alors.
Au printemps 1980, il est le leader des grandes grèves
qu'affronte le régime militaire.
Profitant alors du retour au multipartisme, il
cofonde le Parti des travailleurs (PT), formation mêlant à l'époque des courants
et des groupuscules d'inspirations diverses, principalement le socialisme (de
conception sociale-démocrate, marxiste-léniniste ou trotskiste), le catholicisme
(modéré ou proche de la théologie de la libération), le tiers-mondisme et le
pragmatisme syndical.
Lula en est, dès sa fondation, élu président.
Brillamment
élu député fédéral en 1986, il ne briguera par la suite qu'un seul poste : la
présidence de la République.
À trois reprises, il arrive deuxième du premier tour, améliorant à chaque fois
son score : 17,2 % en 1989 (puis 47 % au second tour contre le néolibéral
Fernando Collor), 27 % en 1994 (le sociologue Fernando Henrique Cardoso, centre
gauche, l'emportant dès le premier tour), 31,7 % en 1998 (F.
H.
Cardoso étant
réélu dès le premier tour).
Dans ce pays toujours gouverné par les élites et se
classant au premier rang du monde pour les inégalités sociales (les 10 % de
Brésiliens les plus riches jouissaient, fin 2001, de quatre fois et demie plus
de richesses que les 40 % les plus pauvres), la victoire de Lula a d'abord
résonné comme une revanche sociale et a tendu à offrir plus de dignité aux
petites gens dans l'espace public.
Un programme rassurant, plus rose que rouge
Pour l'emporter, Lula a dû devenir rassurant.
Il a multiplié les formules.
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